Le nombre d’hospitalisations pour cause de Covid-19 enregistre une forte hausse ces derniers jours dans les trois départements du Limousin. Alors que le personnel hospitalier est déjà sous tension, les différents établissements doivent s’organiser pour faire face à cette nouvelle vague.
Elle menaçait depuis quelques semaines, cette fois-ci c’est certain, la 5e vague de Covid-19 est en train d’arriver en Limousin.
Les taux d’incidence sont clairement à la hausse (133 cas pour 100 000 habitants en Haute-Vienne, 154 en Corrèze et 186 en Creuse).
Et surtout, contrairement à ce que l’on espérait, cette 5e vague commence déjà à se faire ressentir dans les hôpitaux.
En Corrèze et en Creuse, le nombre de patients hospitalisés pour Covid a doublé en une semaine (passant de 19 à 38 en Corrèze, et de 12 à 25 en Creuse).
En Haute-Vienne, la hausse est plus modérée mais on enregistre déjà 40 patients.
Certes, ces chiffres sont encore très éloignés des pics d’hospitalisations enregistrés lors des précédentes vagues – 243 patients en Haute-Vienne, 101 en Creuse et 86 en Corrèze lors de la 2e vague en novembre-décembre 2020 – mais la tendance est clairement à la hausse.
Les hôpitaux sur le pied de guerre
Après avoir déjà affronté quatre vagues de Covid-19, les différents établissements hospitaliers du Limousin sont rodés.
Chaque hôpital a une unité dédiée Covid, et peut prévoir d’ouvrir de nouveaux lits si besoin en réorganisant les services et l’affectation du personnel.
Depuis les précédentes vagues, les hôpitaux ont appris à s’organiser entre eux, au sein d’un même département.
Par exemple en Creuse, une réunion hebdomadaire est organisée entre les hôpitaux de Guéret, Aubusson, les centres de Sainte-Feyre, de Noth et la clinique de Guéret pour, au besoin, dispatcher certains patients non Covid et soulager l’hôpital de Guéret.
L’organisation est identique en Corrèze où l’hôpital de Tulle a accueilli le week-end dernier plusieurs patients Covid transférés de Brive.
Le personnel hospitalier sous tension
Mais cette 5e vague arrive dans un contexte de tension extrême au niveau du personnel hospitalier.
A l’hôpital de Brive, le niveau 2 du plan blanc a dû être déclenché ce week-end, pour permettre de mobiliser les ressources en personnel face à l’afflux de patients.
A l’hôpital de Guéret, le service de réanimation est au bord de l’implosion.
Six patients y sont déjà hospitalisés, sur une capacité d’accueil de 12 lits. Des patients non vaccinés ou immunodéprimés, qui sont tous des cas graves.
Or le service est en sous-effectif important au niveau du personnel médical. Il manque deux médecins, que l’hôpital ne parvient pas à remplacer.
On est en train de craquer.
Dr Dhaoui Soltani, chef du service Réanimation du CH de Guéret
« Nous tournons avec deux médecins à temps plein et deux à mi-temps, à la place de sept temps plein normalement. On est en train de craquer. Je n’ai jamais été pessimiste à ce point », lâche le Dr Dhaoui Soltani, chef de la réanimation à Guéret, qui avoue n’avoir aucune visibilité sur son planning de janvier prochain.
« Lors des précédentes vagues, nous avons pu élargir notre capacité d’accueil à 16 lits en réa. Là, ce ne sera pas possible, et je ne suis même pas sûr de pouvoir en maintenir 12. »
Au CHU de Limoges, les syndicats s’inquiètent également.
« Il y a 25 postes d’infirmiers vacants au CHU et 10 postes d’aides soignants non pourvus. Si une grosse vague arrive, cela risque d’être très compliqué. Il faudra à nouveau fermer des lits et diminuer l’activité. », avance Florence Metge, la secrétaire de la CGT-Santé, qui rappelle que les infirmiers anesthésistes – sollicités en premier lieu pour la réanimation – sont en grève depuis 20 jours.
Une nouvelle vague inédite
Par ailleurs, cette 5e vague comporte elle aussi des inconnues, car elle s’annonce différente des précédentes sur plusieurs points.
« Ce sera une vague inédite car cette fois-ci les soignants sont vaccinés, et le profil des patients est différent. Il y aura beaucoup moins de patients d’Ehpad polypathologiques, mais plus de patients jeunes non vaccinés », analyse Jean-Baptiste Fargeas, le président de la Commission médicale d’établissement (CME) de l’hôpital de St Yrieix-la-Perche.
Cette nouvelle vague, inédite, représente donc un nouveau défi pour le système hospitalier, qui va devoir, une fois de plus, adapter son offre de soins.