Casse sauvage du Vigenal à Limoges : un casse-tête politique

C'est une casse à ciel ouvert au coeur du quartier du Vigenal à Limoges qui cause bien du souci. Aux habitants d'abord, las du bruit, des incivilités et des parkings indisponibles. Mais aussi à la mairie de Limoges, à Limoges Habitat et désormais à la Préfecture en charge de règler le problème. 

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La casse sauvage est installée au coeur du quartier tranquille du Vigenal, entre deux allées discrètement retirées de la fréquentation du boulevard.

Depuis les fenêtres de leurs appartements, les résidents ont une vue sur les parkings de leurs immeubles résidentiels. Mais au lieu d'y voir leurs propres véhicules, ce sont des épaves et des voitures-ventouses, en attente de démembrement ou d'enlèvement, qu'ils voient arriver, rester puis partir un jour. Tout simplement une casse sauvage qui pourrit la vie des habitants du quartier du Vigenal, pourtant tranquille et qu'ils pourraient pleinement apprécier si cette activité illégale et bruyante ne polluait pas leur quotidien. Deux ou trois fois par semaine, ce sont des camions qui vont et viennent, déposant ou embarquant ici et là des véhicules hors d'usage.

Ironie du sort, les services de la mairie de Limoges sollicitent d'ailleurs ponctuellement une entreprise d’enlèvement d’épaves domiciliée au Vigenal pour retirer les voitures-ventouses qui lui sont signalées dans les rues de Limoges. Sauf que si la société d'enlèvement est régulièrement déclarée, son siège social n'est autre qu'un simple appartement dans l'une des résidences de Limoges-Habitat du quartier du Vigenal. Elle n'est en rien une entreprise de recyclage agréée, avec une activité légale de stockage et de dépollution d'épaves. Résultat, le stockage se fait sur des parkings publics, tout comme le démontage et le prélèvement des pièces détachées, sans aucun respect des règles et des normes liées à une telle activité.

La situation est pourtant connue de la ville de Limoges. Elle a même pris un arrêté municipal le 15 avril 2019 pour interdire toute activité mécanique dans ce quartier. La police municipale passe régulièrement. Les habitants des immeubles allée Jérôme et Jean Tharaud ont multiplié les signalements et même les dépôts de plaintes, mais aucune suite n'a été donnée.

Les professionnels automobiles se disent outrés par cette situation et ne comprennent pas que cette casse à ciel ouvert ait pu s'installer aux yeux de tous depuis plus de trois ans.

Le Conseil National des Professions de l'Automobile - CNPA - rappelle que l'activité d'enlèvement, de stockage et de dépollution avant recyclage est une activité règlementée, pratiquée par des centres VHU (véhicules hors d'usage) et soumise à un agrément préfectoral.

Nathalie Connant-Mandon, animatrice territoriale du CNPA en Limousin, souligne que "nos adhérents ont dû parfois attendre deux ou trois ans pour obtenir leur agrément, ils ont également dû faire des investissements importants pour pratiquer cette activité dans les règles de l'art. Tout véhicule enlevé doit en effet être dépollué avant d'être recyclé et cette dépollution se fait obligatoirement sur une chape étanche, avec séparateur d'hydrocarbures pour récupérer les fluides. Les pièces démontées doivent également être enlevées par des sociétés spécialisées. Toutes ces normes permettent le respect de l'environnement et l'emploi de techniciens formés, on ne peut donc admettre une activité d'une telle ampleur qui de fait nous cause une concurrence déloyale".  

Laurent Prédignac, Président du CNPA Limousin, également consterné d'avoir appris l'existence de cette casse sauvage par Le Populaire au début du mois d'avril, dit être déterminé à voir bouger les choses. "La situation est inadmissible, je ne comprends pas que les plaintes des habitants n'aient pas eu de suite. Le dossier est entre les mains de la Préfecture de la Haute-Vienne. Nous attendons des résultats sous un mois, si rien ne bouge nous passerons outre".

Les résidents eux sont dépités. Cette dame de 84 ans craint de sortir "ils sont jeunes et costauds, je ne veux pas d'ennui avec eux". Cet autre habitant ne veut pas prendre le risque de représailles. Mais cet autre résident parle lui des nombreuses palettes qui encombrent là encore des places de parking, rendues de fait indisponibles pour les résidents. "Le vivre ensemble ici, c'est barbecue, musique avec hauts-parleurs, tout le quartier en profite même jusqu'à 2-3h du matin avant le couvre-feu. Ils sont de toute façon toute la journée sous les arbres, ils se sont appropriés les parkings. Il y a aussi des coqs pour des combats. J'étais là avant eux mais c'est bon, je jette l'éponge, je pars" confie cet habitant du quartier du Vigenal depuis vingt ans.  Les voici tous las de confier leur désarroi sans que rien ne bouge.

Les habitants ont une nouvelle réunion le 5 mai au Cabinet du maire de Limoges, mais le dossier est aujourd'hui entre les mains de la Préfecture de la Haute-Vienne selon un communiqué de la ville " afin que puisse être menée toute investigation permettant de caractériser et de faire cesser le cas échéant ces nuisances ».

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