Choisir son restaurant sur les réseaux sociaux : les "foodguides", cette tendance qui donne un coup de pouce aux professionnels

Des comptes sur les réseaux sociaux qui proposent des idées d’adresses où aller manger : à Bordeaux, Lyon, Toulouse, Paris, il en existe plusieurs. Mais, cette mode du "foodguide" qui se développe ces dernières années, touche aussi des villes de taille moyenne comme Limoges. Une opportunité pour les restaurateurs de faire connaître leur enseigne. Certains se prennent même au jeu.

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Où manger ? La question que beaucoup se posent souvent. Face à cette demande permanente, des amateurs et des professionnels se sont emparés du sujet pour créer un contenu sur les réseaux sociaux comme Instagram, SnapChat ou Tik-Tok. Ces comptes proposent, avec l'aide d'une musique d’ambiance, d'une voix off et de plans de plats alléchants, de découvrir un restaurant, le tout en moins de deux minutes. L’efficacité est au rendez-vous.

Au lendemain des annonces traditionnelles des étoiles du Guide Michelin, marquées cette année par un changement en Limousin, coup de projecteur sur cette nouvelle tendance qui fait son chemin dans notre région. 

"Influencers food"

Marine Rouillard, vingt-six ans, est free-lance en communication à Limoges. Elle a lancé son compte "Limoges Foodguide" en août 2023 lors de son déménagement dans la ville. "Je trouvais qu’il y avait énormément de restaurants. Il y avait évidemment les avis sur Google, mais pas de quoi me fier. J’aimais bien l’idée de faire un journal d’adresses", raconte-t-elle.

Son compte comptabilise plus de 3 800 followers et 170 000 impressions sur Instagram (NDLR : le nombre de fois où le contenu a été diffusé auprès des utilisateurs du réseau social). Marine Rouillard commence à se faire connaître parmi les restaurateurs de la ville. "Je teste les restos une fois. Si c’est bien, je reviens. Je préviens parfois les restaurants que je vais faire une vidéo, d’autres fois, non. Parfois, ils offrent le repas s'ils le souhaitent, mais les restaurateurs n’ont rien à payer pour mes publications. Mais, je ne dis pas qu’à terme, ça ne va pas le devenir. Je n’ai pas réellement de but en termes d’abonnés. Je crée ce que j’aurais voulu trouver."

Elle n’est pas la seule dans la ville de la porcelaine. David Nougaret, vingt-cinq ans, est consultant en communication. Il s'est spécialisé dans la création de contenus qu’il vend à ses clients. Il tire profit de son compte "Où manger à Limoges". Il s’est inspiré de ce qu’il se faisait déjà dans les autres villes. "On a nos petites habitudes et c’est un moyen de découvrir plein de nouveautés. C’est marrant parce qu’à McDo', on va manger pour quinze euros, par exemple, alors qu’on peut manger pour le même prix dans un bistro avec un bon plat et un dessert." Pour le Limougeaud, c’est aussi une manière de "soutenir les petits restaurateurs de Limoges, et la nourriture locale."

Le prix de la visibilité

Pour ses vidéos, il peut prendre contact directement avec le restaurateur ou ces derniers demandent à passer dans une publication. "Je leur demande juste de mettre à disposition le repas afin que je puisse filmer." Pour passer dans une de ses vidéos, il faut compter environ 350 euros. "La majorité sont des Limougeauds. Les storys sont regardées par 3 000 personnes par exemple. L’effet n’est pas le même, mais j’ai beaucoup de retours positifs de la part des restaurants avec qui j’ai travaillé", affirme David Nougaret.

Bennia Kamel est gérante de "La Gaufre Gourmande" à Limoges. Elle a été approchée par David Nougaret pour une vidéo en octobre dernier. "Honnêtement, ça a été une super idée. Ça nous a ramené du monde, même si on n'a pas eu de chance puisqu'on a eu un dégât des eaux après."

La restauratrice assure ne pas avoir payé comme il s'agissait "des premières publications de ce compte."

Pourquoi ça fonctionne ?

Ces contenus cartonnent sur les réseaux sociaux dans une société où les gens sont toujours incités à consommer. "Les habitudes alimentaires se sont complexifiées et les gens font face à des injonctions contradictoires : ce qui est bon à manger n'est pas forcément bon pour la planète ou pour la santé et il y a le goût, l'esthétique, l'éthique... Ça fait beaucoup d'informations", analyse Lydiane Nabec, professeure spécialisée en marketing social à l'Université Paris-Saclay. Ce genre de publications permet donc de faire un choix. Le conseil des pairs (même s'ils ne sont pas professionnels de la gastronomie, NDLR) et leurs expériences ont toujours été importants. Et puis, il y a toujours la recherche de l'hédonisme."

Un phénomène qui peut avoir une conséquence négative si on se focalise sur la "malbouffe", mais qui peut aussi être positif si la recherche vise une alimentation locale, végétalisée ou saine. Selon cette spécialiste, tout dépend du comportement du consommateur et de la manière qu'il a de se servir de ce nouvel outil.

Les chefs aussi s’y mettent 

Les restaurateurs eux-mêmes suivent le phénomène et lancent leurs propres comptes. Pour les chefs gastronomiques et semi-gastronomiques, c'est une opportunité pour atteindre un autre type de clientèle. "Je m'occupe de la communication pour mon restaurant et j'essaye de casser l'image trop "gastronomique" inaccessible et d'attirer les jeunes. C'est un levier très utile et ça ne coûte presque rien. Grâce à ça, il y a des gens qui viennent vivre leur première expérience dans un restaurant haut de gamme", remarque Romain Palard, gérant du Cheverny à Limoges et membre de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie de la Haute-Vienne (UMIH).

Limites générationnelles


Toutefois, les canaux traditionnels, comme les médias ou les agences de communication, restent privilégiés par les gastronomes, même si Romain Palard a déjà fait appel à cette nouvelle pratique : "Les influenceurs ont un rayon d'action précis. Les personnes concernées ne sont pas foncièrement consommatrices et il s'agit d'une clientèle plutôt volatile. Ce qu'il nous faut pour ce que ça fonctionne, c'est que les personnes restent et viennent régulièrement", souligne-t-il. 

L'utilisation des réseaux sociaux est une force pour la nouvelle génération de restaurateurs, mais les plus âgés rencontrent souvent des difficultés pour s'approprier ces outils. "Ils ont besoin d'accompagnement. Ça représente une complexité et une charge en plus, reconnaît le membre de l'UMIH. Il en faut du temps pour gérer des réseaux sociaux. Il faut créer des contenus soi-même. Certains n'ont pas l'argent pour engager quelqu'un pour ça."

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