Les cinémas indépendants de Nouvelle-Aquitaine enregistrent une baisse de 30% de leur fréquentation pour l'année 2022. Fragilisées par la crise énergétique, les petites salles doivent trouver des idées pour attirer un nouveau public. C'est le thème du "18h30 en Nouvelle-Aquitaine".
Le cinéma municipal du Dorat, c’est 260 places pour 1700 habitants. Chaque année, cette salle classée "Art & Essai" attirait entre 10 et 12 000 spectateurs. Mais ça, c’était avant la pandémie.
Sa fréquentation a baissé de 30% sur l'année en cours. “Les habitants ont perdu l’habitude de se déplacer. Ils préfèrent regarder les films en famille sur Netflix ou à la télé”. se désole Jean-Paul Lucas, adjoint au maire et bénévole pour l'association "Le Dorat Cinéma". “Heureusement nous avons une quinzaine de bénévoles qui font tourner la machine, sinon on ne pourrait pas survivre.”
Des spectateurs qui rechignent à se déplacer, et des coûts de fonctionnement qui explosent avec la crise énergétique. Résultat : 10.000 euros de plus à trouver pour la commune. Il va falloir faire des économies, en baissant le chauffage de deux degrés cet hiver par exemple.
“On a dit aux gens d’apporter une doudoune supplémentaire. Venir en bras de chemises au cinéma, c’est fini. ”
Jean-Pierre Lucas, adjoint au maire du Dorat et bénévole de l'association "Le Dorat Cinéma"
Un public de fidèles
La situation est la même dans tous les petits cinémas indépendants de la région, à quelques nuances près. Les vacances de la Toussaint sont habituellement l’occasion de faire le plein pour les exploitants. “La moisson n’a pas eu lieu cette année” déplore Elisabeth Deseuvre, à membre du réseau des Cinémas Indépendants de Nouvelle-Aquitaine (CINA), et elle-même gérante d’un cinéma à Barbezieux en Charente.
Toutefois, selon elle, les petites salles s’en sortiraient mieux que la grande exploitation, où les pertes avoisineraient les 40%. “Les multiplex dépendent des blockbusters, or il y en a eu moins que d’habitude cette rentrée.”
La conjoncture économique jouerait également en faveur des cinémas indépendants, où le prix de la place est nettement inférieur (en moyenne 5,30€ pour les membres des CINA), même en comptant le coût du déplacement.
Il y a un réel attachement à la salle de proximité. Dans nos cinémas, on parle avec notre public, il y a des échanges à la fin des projections…
Elisabeth Deseuvre, membre du conseil d'administration des Cinémas Indépendants de Nouvelle-Aquitaine
Contrairement aux idées reçues, ce ne sont pas les plus jeunes qui ont déserté les salles, mais leurs parents. “Les ados, quand on a le film qu’ils veulent, ils viennent. En revanche, on a un vrai souci avec les 40-55 ans, qui ne sont pas revenus depuis le Covid.” fait remarquer l'exploitante.
Développer les événements
Ce constat fait, comment attirer à nouveau vers les salles obscures ? “Les événements marchent très bien” note Elisabeth Deseuvre. “On travaille avec les associations du territoire, il y a de l’envie. On veut développer ce créneau.”
Au Dorat, cela fait une dizaine d’années qu’un festival du film existe, au cours duquel une “Palme d’Orat” est décernée (cette année le lauréat est le film Sixième enfant du réalisateur Léopold Legrand). Un festival du manga a également vu le jour, et la commune propose également depuis peu des films "surprises".
Jean-Pierre Lucas et Elisabeth Deseuvre sont les invités de Caroline Huet dans "18h30 en Nouvelle-Aquitaine" ce mercredi 9 novembre.