Alors que l'opinion climatosceptique trouve un large écho dans le débat public, une proposition de loi visant à encadrer le traitement médiatique sur les enjeux écologiques a été déposée à l'initiative d'un député de Haute-Vienne. L'objectif est de lutter contre le climatoscepticisme dans les médias. L'examen du texte commence ce mercredi 11 octobre à l'Assemblée nationale.
Voter une loi visant à encadrer le traitement médiatique sur les enjeux écologiques et climatiques : c’est l’une des priorités d'un groupe de députés, emmené par Stéphane Delautrette, élu en Haute-Vienne.
Cette proposition de loi reprend le travail de l'association Quotaclimat, qui milite pour que les médias accordent davantage de place aux sujets climatiques, et de l'Institut Rousseau, un laboratoire d'idées attaché à la reconstruction écologique et démocratique.
11% des Français seulement se disent suffisamment informés
« Ces deux associations avaient déjà travaillé à l'élaboration d'une telle proposition de loi, sur le traitement médiatique des enjeux écologiques et climatiques. J'étais très intéressé par leur travail car ils partent du constat que 11% des Français se disent suffisamment informés sur la question du réchauffement climatique et 33% des Français ne comprennent, ni n’adhèrent aux conclusions du GIEC.
À partir de là, on se dit qu'il y a peut-être quelque chose à faire en matière d'information du grand public pour qu'il y ait une prise de conscience », explique Stéphane Delautrette, député socialiste (PS-NUPES) de la deuxième circonscription de la Haute-Vienne. D'autant plus qu'en parallèle, 80% des Français se disent inquiets vis-à-vis du changement climatique, toujours selon Quotaclimat.
« L'une des premières choses à savoir, c'est comment faire en sorte que les enjeux climatiques et écologiques occupent plus de place dans le traitement médiatique ? Ensuite il y a la nature de l’information qui est donnée. Donc la question qui va se poser, c’est comment peut-on encadrer l’objectivation de l’information, qui sera basée sur des faits plutôt que des opinions ? », développe-t-il.
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Un texte de loi pour lutter contre le climatoscepticisme
Ce texte, une fois rédigé, permettrait ainsi de lutter contre le climatoscepticisme, c'est-à-dire le fait de ne pas reconnaître l'impact des activités humaines sur le réchauffement climatique. Le travail des parlementaires se veut transpartisan ; seule l’extrême droite en est exclue. Pour l’instant, c’est surtout dans le camp des Républicains que l’initiative divise, comme en Corrèze.
« Ce qui est nécessaire est de donner toutes les informations. Or là, on se dirige vers l’idée où on va sélectionner l’information qui sera donnée en fonction des écologistes. Si vous n’êtes pas d’accord avec leur discussion ou leur approche, ça devient un délit », estime Frédérique Meunier, députée LR de la deuxième circonscription de la Corrèze. Le député corrézien Francis Dubois, du même parti, assure qu’il assistera à la première réunion du groupe, mais sans adhérer au texte sur lequel il se fonde.
« Un encouragement plutôt qu'un obstacle pour les médias »
Côté médias, le Conseil de déontologie journalistique et de médiation (CDJM) est favorable au projet. « Je le vois plus comme un encouragement à faire mieux dans la recherche de partenaires ou d’interlocuteurs en vue de reportages plutôt qu’un obstacle », souligne Richard Hecht, secrétaire de l’Union des clubs de la presse de France et francophones (UCP2F) et membre du CDJM.
Avoir un texte qui nous permettrait de s’appuyer là-dessus pour donner plus de poids à la parole des chercheurs, ce serait sans doute une bonne chose.
Michel Galliot, météorologue et président de l'association Limousin Nature Environnement
Alors que le rôle de l’activité humaine dans le réchauffement climatique fait aujourd'hui consensus au sein du monde scientifique, l’opinion climatosceptique trouve toujours un large écho, comme le déplore Michel Galliot, météorologue et président de l'association Limousin Nature Environnement : « C’est une chose à laquelle j’ai été confronté. Des gens qui arrivent et qui, parce qu’ils ont entendu telle chose, remettent en cause ce que disent la science et les expertises scientifiques comme celles du GIEC, qui constituent la base sur laquelle on s’appuie pour prendre les décisions publiques. »
Le travail des députés commence à l'Assemblée Nationale ce mercredi 11 octobre.
Avec Sébastien Laporte