Dans le département de la Vienne, des résidus de pesticides ont été détectés dans l'eau du robinet. Des associations environnementales alertent sur la possible distribution de cette eau dite "non optimale". Les seuils de potabilité de la Haute-Vienne sont-ils touchés ? Explications.
En Limousin, les résultats sont conformes à la réglementation. C'est ce qu'assure, ce 26 septembre 2023, l'Agence Régionale de Santé. Par "conforme", entendez, des taux de métabolites du chlorothalonil, en dessous de trois microgrammes par litre, la limite légale du seuil sanitaire. Chez nos voisins du département de la Vienne, les taux analysés atteignent jusqu'à 2,5 microgrammes par litre. Des chiffres qui frôlent les limites réglementaires et qui inquiètent consommateurs et pouvoirs publics.
181 molécules de pesticides analysées quotidiennement
À Aixe-sur-Vienne, dans la station d'alerte du Syndicat des Eaux Vienne Briance Gorre, ce sont, chaque jour, 181 molécules de pesticides qui sont passées à la loupe, dont le chlorothalonil R471811, un fongicide, utilisé en France pendant cinquante ans, classé "cancérogène probable" et interdit depuis 2020 dans l'hexagone.
Ces métabolites, des résidus persistants durant plusieurs années, toujours présents dans l'eau que nous buvons, sont placés sous haute surveillance. "Maintenant, il y a un métabolite de chlorothalonil, c'est le R471811, qui est recherché depuis le 1ᵉʳ juillet 2023, dans les eaux, destinées à la consommation humaine, en France. Aujourd'hui, ici, on est en absence complète de ce métabolite" certifie Pascal Dubreuil, le directeur de la station de Vienne Briance Gorre.
L'Agence nationale de Sécurité sanitaire estime qu'au moins 34 % de l'eau distribuée serait non conforme à la réglementation. Un chiffre qui pourrait être sous-estimé, surtout dans les régions agricoles. La Nouvelle-Aquitaine, première région agricole française et d'Europe est donc largement concernée.
Le risque zéro n'existe pas
Si l'Agence Régionale de Santé déclare, qu'à ce jour, en Limousin, les seuils de qualité de l'eau restent conforment aux réglementations, le risque zéro n'existe pas. "Aujourd'hui, on a 97 % d'eau disponible, en qualité parfaite. Donc, nous avons 3 % d'autres eaux qui viennent de micro-stations de pompage. La station de pompage de Couzeix se rapproche du seuil qui est limite, mais il reste une marge. Quand nous utilisons cette eau limite, nous la diluons avec l'eau potable de parfaite qualité, ce qui fait que les seuils sont bien en dessous" détaille Philippe Janicot, vice-président de Limoges Métropole en charge de l'eau et président du Syndicat de Transport d’Eau Potable de l’Ouest de Limoges.
"Jusqu'en 2021, les métabolites n'ont jamais été recherchés"
Mais, l'un de ces pesticides, le chlorothalonil, commercialisé en France dans les années 1970, a été utilisé pendant un demi-siècle, principalement par les céréaliers pour traiter les maladies de l'orge et du blé. Problème, ce pesticide n'a été intégré au contrôle sanitaire de l'Agence régionale de santé, que depuis le 1ᵉʳ juillet 2023. Alors comment trouver ce que l'on ne recherche pas ? C'est ce que dénonce Pierre Michel Périnaud, président de l'association Alerte des Médecins sur les Pesticides.
Quand les États votent la mise sur le marché du chlorothalonil, du glyphosathe et d'autres produits, ils ont ces données, sauf que jusqu'en 2021, les métabolites n'ont jamais été recherchés.
Pierre Michel PérinaudPrésident de l'association " Alerte des médecins sur les pesticides"