VIDÉO. Pesticides détectés dans l'eau : les communes concernées en Haute-Vienne, Creuse et Corrèze

France Info et la cellule investigation de Radio France ont publié une enquête sur la présence de polluants dans l'eau du robinet. En Limousin, plusieurs communes sont concernées par ces résultats. Aucun de ces résultats ne dépasse toutefois la quantité sanitaire limite fixée, à l'heure actuelle, par les autorités. Les détails et les réactions dans l'une des communes concernées.

C'est une mauvaise nouvelle pour plusieurs centaines de communes en France. Une enquête publiée par France Info et la cellule investigation de Radio France pointe du doigt la présence de résidus de pesticides dans l'eau de nos robinets.

Le Limousin ne fait pas exception. Quelques communes de Creuse, de Haute-Vienne et de Corrèze font partie de la liste.

Au cœur de cette enquête, plusieurs substances ont été découvertes, parmi elles du solvant (le Limousin n'est pas concerné), des résidus d'explosifs utilisés notamment lors de la Première guerre mondiale ou encore des pesticides. Sur les 300 échantillons prélevés dans les eaux du robinet en France entre 2020 et 2022, aucun ne dépasse les limites sanitaires fixées par les autorités.

Pour certaines molécules mères, plusieurs métabolites existent (résultats de la dégradation d'une molécule de pesticides). Le plus répandu est le Chlorothalonil, utilisé pendant des années pour protéger les champs de maïs et de pommes de terre. Sa présence trop importante a récemment conduit à la fermeture de plusieurs capteurs, notamment dans la Vienne.

Corrèze

Deux communes corréziennes sont concernées par la présence de pesticides dans l'eau qui coule de ses robinets :

  • Saint-Pardoux-l'Ortigier, avec une petite quantité d'Atrazine déséthyl (21 nanogrammes/L) et du Métolachlore ESA (34 ng/L)
  • Ussac où a été enregistrée une faible quantité de Métolachlore ESA (13 ng/L).

L'Atrazine déséthyl comme le Métolachlore ESA sont des substances actives de pesticides utilisés notamment dans le traitement des mauvaises herbes, comme dans la culture du maïs, par exemple.

Si l'Atrazine a été largement utilisé à partir des années 60, il a officiellement été interdit en 2003.

Le Métolachlore ESA est un métabolite du Métolachlore qui, quant à lui, devrait être interdit à compter d'octobre 2023.

À noter également dans ce département que des pesticides ont été découverts dans les captages. C'est le cas en quantités inférieures à 100 ng/L sur les communes d'Ussac et Hautefage et à un degré plus important à Perpezac-le-Noir où quatre pesticides différents ont été détectés et notamment du phtalimide. (450 mg/L).

Creuse

Résidus d'explosifs

 Sur l'ensemble du territoire, les résidus d'explosifs (datant de la Première guerre mondiale et/ou utilisés sur des chantiers) ne représentent que 10 % des échantillons analysés.En Limousin, seul le département de la Creuse est concerné avec les communes de Magnat l'Étrange (850 ng/L) et en moindres proportions, celle de Chamberaud avec 29 ng/L.

Pesticides : Boussac-Bourg et Trois-fonds.

Boussac-Bourg : C'est dans les robinets d'eau de la commune qu'ils sont le plus présents (trois pesticides détectés). Principalement du chlorothalonil métabolite R471811 à hauteur de 130 ng/L. Enfin, du métazachlore ESA (22ng/L) et du metolachlore ESA (17 ng/L) ont également été retrouvés dans les échantillons.

À Boussac-Bourg, les chiffres sont mauvais, car ces mêmes pesticides ont également été retrouvés en grandes quantités dans les captages. Sept pesticides, au total, sont donnés dans l'enquête, dont trois dans une concentration de plus de 100 ng/L : 

Trois-fonds : avec une quantité inférieure à 100 ng/L, cinq pesticides ont été détectés sur la commune de Creuse (Alachlore ESA et Acétochlore ESA, Atrazine, Chlorothalonil métabolite R471811, Dimethachlore métabolite CGA 369873 et Métolachlore ESA).

Haute-Vienne : le cas de Saint-Martin-Terressus

Pesticides dans l'eau 

Trois : c'est le nombre de pesticides retrouvés dans l'eau du robinet de la commune de Saint-Martin-Terressus, en Haute-Vienne. Il s'agit principalement d'Alachlore ESA (substance active de produits phytosanitaires) et d'Acétochlore ESA (480 ng/L).

Pesticides dans les captages

Sur cette même commune haut-viennoise, quatre pesticides différents ont été retrouvés dans les captages d'eaux dont les deux cités précédemment avec une concentration supérieure à 100 ng/L. (1100 ng/L).

Des chiffres à relativiser 

Ces chiffres sont à relativiser, car aucun en France ne dépasse la quantité sanitaire limite fixée à l'heure actuelle par les autorités.

Jean-Pierre Estrade, maire de Saint-Martin-Terressus au micro de France 3 Limousin. "Nous avons 0,020 de pesticides dans l'eau et les valeurs limites sont de 0,1. En se fiant aux conclusions de l'ARS, notre eau est conforme aux normes et peut être bue par les habitants de la commune.".

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Dans l'enquête de France Info, une grande partie du territoire est concerné, notamment une commune de Haute-Vienne. ©C. Huet et O. Ayed - France 3 Limousin - France Télévisions

Par mesure de précaution, la municipalité de Saint-Martin-Terressus tient à s'adapter pour éviter toute propagation d'un autre pesticide dans l'eau distribuée à ses administrés. "La législation évolue et en fonction de cela, nous pourrions avoir des problèmes. Nous avons donc mis en place ce raccordement au Syndicat Vienne-Combade pour sécuriser, en prévision d'une éventuelle problématique soit quantitative, soit qualitative.", ajoute le Maire de la commune.

Pourquoi cette enquête ?

"L'alerte a été donnée en avril 2023. L'agence (Anses : Agence nationale de sécurité sanitaire) annonce avoir trouvé des résidus de pesticides à des taux importants dans plus d'un tiers des échantillons d'eau potable lors de sa dernière campagne d'analyses", précise l'article de nos confrères de Franceinfo.

Tous les trois ans, l'Anses fait des recherches sur de potentielles nouvelles molécules dans nos eaux potables. Ce sont des équipes suisses, qui, avec leurs études publiées en 2019 dans une revue scientifique, ont mis les autorités françaises sur la piste.

Au printemps dernier, c'était la première fois que de telles substances étaient identifiées dans l'eau potable, et ce, sur 300 sites de captage sur le territoire français.

Cette enquête menée par France Info et la cellule investigation de Radio France révèle, point par point, les arrivées d'eau (robinet et sites de captages) concernés par la présence de substance et/ou pesticides.

Des risques pour la santé ?

Si les chiffres n'inquiètent pas aujourd'hui, ils pourraient alerter demain, car certains de ces pesticides n'ont pas encore été identifiés : "Les molécules de dégradations des pesticides, nous en recherchons de plus en plus et nous en trouvons, le problème, c'est que les seuils n'existent pas forcément, quand ils existent, il se peut qu'ils soient temporaires. Dans tous les cas, ce sont des seuils qui sont basés sur les études fournies par les fournisseurs de pesticides, par les industriels", confie Marion Fourtune, directrice de Limousin Nature Environnement.

L'effet "cocktail" de ces polluants pose de véritables questions sur la santé. Interrogé dans l'émission Secrets d'Info sur France Inter le 1ᵉʳ juillet 2023, Franck Saint-Marcou, toxicologue au CHU de Limoges. "On ne sait pas répondre à la question "sommes-nous en train de nous empoisonner ? Par contre, ce que l'on voit bien, c'est que l'environnement se détériore et qu'un environnement qui se détériore, de façon indirecte, à court ou moyen terme, aura un impact sur ma santé."

Un risque sur la qualité de cette ressource dont les seuils, d'après l'enquête de nos confrères de France Info, devraient bientôt être modifiés.

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