C’est une première en France, proposée par le théâtre et l’Académie de l’Union à Limoges : l’ouverture d’une classe préparatoire aux Écoles Nationales d’Art Dramatique, spécialement dédiée aux jeunes d’Outre-Mer, jusqu’alors sous-représentés.
Ils sont dix, Chara, Mahalani, Laurence, Ornella, El-Badawi, Haïtouni, Olenka, Anthony, Thomas et Shékina.
Ils viennent respectivement de Guyane, de Polynésie, de Nouvelle-Calédonie, de Mayotte, de la Réunion, de Guadeloupe et de Martinique.
Leur point commun, outre le fait d’être ultramarins ? Ce sont tous de jeunes comédiens.
Et depuis ce mois de septembre, ils sont à Limoges, dans une toute nouvelle classe préparatoire aux Écoles Nationales d’Art Dramatique.
Cette classe prépa est une grande première en France, une première « historique » selon celui qui en est à l’origine, Jean Lambert-Wild, le directeur du Centre National Dramatique (CDN) de l’Union à Limoges.
Cette idée a germé dans son esprit lors d’une réunion parisienne, où il était question de diversité et d’actions pour la promouvoir.
Lassé de cette nouvelle discussion sans fin, vaine et creuse, Jean Lambert-wild décide d’agir par lui-même.
Fort de sa propre expérience, il est créole originaire de la Réunion, et partant du constat que les jeunes ultramarins sont sous-représentés, voire carrément absents des Écoles Nationales d’Art Dramatique, il décide de leur ouvrir une porte, en créant cette classe prépa spécialement dédiée.
En un an, en s’appuyant sur de nombreuses bonnes volontés, dont celle du CDN de l’Océan Indien et celle, tout de même, du ministère, il parvient à monter son projet, à trouver des financements et à lancer les concours d’admission.
Car pour intégrer cette classe prépa, nul passe-droit, nulle discrimination positive ou autre avantage. Il fallait passer par un concours et devant des jurys, tous aussi sévères et exigeants que ceux de Métropole.
Les dix jeunes reçus, déjà comédiens dans leurs territoires d’origine, soit via l’école, soit via des structures locales, ont donc passé ces concours. Tous espéraient, rêvaient d’être admis. Aucun n’y croyait !
Mais c’est donc leur talent et leur persuasion qui leur valent aujourd’hui d’être à Limoges.
Logés à la cité U Albert Thomas de Limoges, ils vont donc suivre des cours durant un an, principalement à l’Académie de l’Union, à Saint-Priest-Thaurion, avec les élèves de laquelle ils seront parfois associés. Puis, place aux concours.
Mais en ce jour de rentrée, lundi 10 septembre, où ils ont été accueillis à l’Union, qu’ils ont pu visiter de fond en comble, c’est surtout l’émerveillement, l’excitation et énormément d’émotions qui les habitaient.
Comme cette classe prépa se veut d’une vision beaucoup plus large que le seul domaine artistique, ils ne seront pas ensuite « lâchés » dans la nature. C’est ainsi que la deuxième année, l’Union continuera de les suivre et de les aider dans leurs projets, leurs formations. Et c’est pourquoi cette classe prépa, appelée à se pérenniser, n’aura de promotion que tous les deux ans.