Une journée organisée par le théâtre du Cloître et la ferme de Villefavard a permis d'aborder des sujets de société sur la ruralité au travers de spectacles et de discussions "pour faire réfléchir démocratiquement sur notre société".
C'est un nouveau modèle culturel. Sensibiliser le public à l'écologie et à la ruralité à travers la culture résume donc l'ambition de "Temps fort paysan".
Cette troisième édition intituliée "Agriculture et écologie, quels liens durables ?" organisée ce samedi 27 avril à la ferme de Villefavard avec le théâtre du Cloître est un événement particulier qui permet à ces lieux culturels de réunir, d'échanger et de redonner de la voix aux citoyens.
Et qu'y a-t-il de mieux pour cela que de proposer un spectacle intitulé "Clim", qui dénonce avec humour le cercle vicieux du monde capitaliste ? "J’ai trop chaud dans mon appartement, je mets la clim. La clim augmente la température de la ville, du coup je monte la clim parce qu'il fait trop chaud. Cette boucle infernale et terrifiante, souvent en action dans notre monde contemporain, est amusante à démonter et à interroger", raconte Théo Bluteau, co-auteur du spectacle.
Si les artistes sont de plus en plus nombreux à s’emparer des questions environnementales dans leurs spectacles, le théâtre n’est plus la seule manière de le faire ; des forums de discussions s’organisent aussi, notamment dédiés à l’agriculture : "Ça permet de recréer des liens entre des couches sociales différentes, entre des producteurs et des consommateurs... Je pense qu'aujourd'hui la culture est trop éloignée de l'agriculture, je trouvais ça très bien qu’on m’invite", explique Marc Bourry, agriculteur. Baptiste Tirard, spectacteur, renchérit : "C’est très important que les lieux culturels proposent ça et que nous, en temps que citoyen, on s’intéresse à ces questions-là."
Recréer une agora
Cette journée, organisée par le théâtre du Cloître, est l'occasion de recréer une agora. "Notre métier est en crise au niveau des théâtres publics comme de la culture en général. On a de gros soucis autour de notre modèle de pensée et on est en train de comprendre que le sens de notre métier n'est pas juste de proposer des spectacles mais de faire réfléchir démocratiquement sur la société", déclare Thomas Desmaison, directeur du théâtre du Cloître.
Nous sommes un théâtre en ruralité et le théâtre, fondamentalement, c'est la démocratie. Cette culture, c'est le lien entre nous.
Thomas DesmaisonDirecteur du théâtre du Cloître.
Les artistes se veulent être des caisses de raisonnance face à cette grande angoisse : "Ensemble, on peut contrer ce qui nous écrase de plus en plus, c'est un récit ultralibéral qui mène à croire qu'en allant à la course à la spéculation et à l’inventivité technologique, nous allons résoudre tous les problèmes, ce n'est pas le cas. On pense que la question des récits se construit ensemble, un récit ne s'impose pas, il se partage."
Depuis quelques années, plusieurs salles culturelles en Limousin organisent des événements participatifs, où les spectateurs sont actifs, comme la mégisserie en Haute-Vienne, la scène nationale d'Aubusson en Creuse, ou encore l'empreinte en Corrèze.
Un nouveau modèle culturel pour réfléchir à plusieurs au monde de demain. Et faire en sorte que Villefard ne fasse plus partie de la diagonale du vide, mais de celle de la création.