En mai dernier, un sondage national soulignait que 11% des couples intérrogés voulaient prendre leurs distances, 4% se séparer définitivement. Quel est le ressenti en Limousin ? Tour d'horizon auprès des professionnels au fait des situations conjugales.
24h sur 24 sous le même toit pendant deux mois : certains couples n’ont pas supporté. Les tensions qui préexistaient se sont amplifiées. Mais les couples qui s'entendaient ont-ils eu une dégradation de leur relation ? Tâches ménagères, suivi des enfants, télétravail dans un lieu restreint. Les tensions individuelles ont eu des conséquences sur la vie à deux.
Pour autant, un tour d'horizon auprès des professionnels ne permet pas d'affirmer qu'il y a plus de demandes aujourd'hui qu'il y a un an, à la même époque, sur notre territoire. Beaucoup de couples se sont renseignés pour le cas où, mais il n'y a pas plus de dossiers engagés que les années passées. Cela reste un ressenti, car aucune statistique n’est encore sortie.
Le confinement vécu comme l’accélérateur d’une décision antérieure
Les Avocats disent avoir en consultation les couples qui se seraient séparés de toute façon et qui ont en effet souvent mal vécu cette période.De mars à mai, nous avons été consultés essentiellement pour les urgences. Les situations tendues, voire violentes, mais aussi les situation de couples séparés mais pas encore divorcés, avec les difficultés relatives aux enfants : les refus de garde alternée, les droits de visite géographiquement trop éloignés. Il y a plus de médiation de notre part.
Mais à contrario, il y a eu aussi des couples qui ont abandonné une procédure engagée. Soit parce qu’ils en ont profité pour se parler, enfin, soit parce que c’était le travail qui mangeait un peu trop la vie personnelle, du coup ils ont pu se retrouver pendant cette période.
Les conseillers conjugaux parlent de consultations constructives : "Comment faire pour ne pas divorcer ?"
Il y a les couples qui consultent pour vraiment trouver des solutions parce qu'ils tiennent encore l'un à l'autre et d'autres pour se donner bonne conscience, du genre "on aura tout tenter pour éviter la rupture mais c'est inévitable".
Mais là non plus, pas plus de demandes de consultations qu’il y a un an. En revanche, ces conseillers ont vu un peu plus de pré-retraités et de familles recomposées. Les tensions se sont d'autant plus amplifiées que le lieu de vie était restreint. Les consultations portent sur l'avenir, sur le vivre ensemble au quotidien. Les retraités n'appréhendent pas forcément cette période de vie de la même façon. Certains se découvrent après une vie professionnelle où la vie commune se limitait au soir ou aux vacances. Les envies divergent, les activités aussi. Le couple fonctionne à deux vitesses lorsque l'heure de la retraite sonne.
Les enjeux patrimoniaux : plus de questions
Du côté de la Chambre régionale notariale, on confirme également qu'aucune vague significative n'est constatée. Maître Frédéric Alexis nuance ce ressenti. Il a clairement vu de son côté une augmentation des questions autour de l'hypothèse d'une séparation. "Et si je divorce, comment ça va se passer pour la maison ? Et si mon conjoint garde l'appartement, que va t-il me rester ?" Des consultations pour le cas où, qui n'ont pas forcément débouché sur des procédures engagées.Les notaires interviennent dans le cadre des divorces par consentement mutuel, pour prévoir la liquidation des actifs de la communauté. Même si cette procédure est rapide puisque non contentieuse, il faudra attendre les statistiques d'activité annuelle pour comparer le nombre de divorces prononcés aux années passées.J'ai en effet eu à répondre à plus d'inquiétudes quant à l'avenir, et ce de la part de primo-accédents, 25-35 ans, que de personnes ayant 40 ans de mariage et s'apprêtant à être en retraite
Et côté des Juges aux affaires familiales ?
Les magistrats manquent de recul. Une procédure engagée par un Avocat en mai-juin ne se présentera devant le juge qu’en 2021. En revanche, ce sont les demandes d'urgences qui ont augmenté.
Nous avons eu en effet plus d'ordonnances d'éloignement dans les situations de violence, mais aussi à statuer sur des différends ponctuels, liés par exemple à la garde alternée des enfants lorsque les parents étaient déjà en instance de divorce, de droit de visite quand les époux étaient géographiquement très éloignés ou d'autorité parentale comme un désaccord sur le retour de l'enfant à l'école
Reste que le sondage IFOP réalisé en mai dernier soulignait l'intention de 88% des personnes interrogées et confinées sous le même toit disaient être prêtes à revivre un autre confinement avec le même partenaire en cas de renouvellement de cette période si particulière.