Coronavirus : auxiliaires de vie, au service des plus vulnérables, mais oubliées du gouvernement

Auxiliaires de vie, aides à domicile, elles sont là au quotidien pour ceux qui ont besoin d'elles. Les plus vulnérables, les plus seuls. Et pourtant elles, qui les protège ?

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Qu'est ce qu'une auxiliaire de vie ? Et bien ce sont toutes ces petites mains (de femmes à plus de 80%) qui permettent aux personnes dépendantes de rester chez elles plutôt que dans un EHPAD ou un établissement spécialisé. Ce sont ces travailleuses de l'ombre qui, chaque jour, aident ceux qui ne peuvent pas le faire seul à se lever, se coucher, se laver, s'habiller, faire leur repas ou un minimum de ménage, faire des courses.

Un métier éminemment humain, absolument indispensable

Dans une autre vie, Marion Igier, 36 ans, a été agricultrice et monitrice d'équitation, il y a moins d'un an elle a rejoint ADN 87, son nouveau métier d'auxiliaire de vie la comble :

En choisissant cette reconversion je ne pensais pas prendre une aussi grosse claque. J'ai enfin trouvé ma vraie place dans la société. J'apprends tous les jours de mes bénéficaires, leur expérience, leur passé, tout est enrichissant. Quand je vois leur sourire à mon arrivée, ou quand ils me disent que je leur ai manquée, je suis incapable de trouver les mots pour vous expliquer ce que je ressens. Je pense à eux même quand je suis en congés.

Sandrine, 51 ans a 14 ans d'expérience, travaille auprès d'une autre société l'ADHAP, mais avec le même plaisir :

Mon métier c'est une vraie passion. J'aime aider les gens. Si je pouvais faire encore plus je le ferais.

Un engagement salué par leurs supérieurs, Sandrine Desbordes directrice de l'AGEMAD (basée à Panazol -87-), est en admiration devant ses salariées :

Je savais que j'avais une équipe formidable, mais dans cette crise, elles parviennent à me surprendre encore. Elles sont incroyablement dévouées, elles se sont arrangées pour ne pas avoir de problème de garde d'enfant et être présentes pour leurs bénéficiaires. Je suis très fière de mon équipe.



Se concentrer sur l'essentiel

Pour éviter au maximum les rencontres lors d'une journée, pour éviter de rentrer chez trop de personnes, ces sociétés ont choisi de suspendre, pendant la crise, leurs prestations non essentielles : le ménage auprès des actifs ou des personnes non dépendantes par exemple, afin de se concentrer uniquement sur l'essentiel, comme l'explique Eric Postulka directeur de l'ADHAP Limoges :

Nous avons annulé les prestations qui ne sont pas vitales, même si cela engendre pour nous un manque à gagner, mais nous ne voulons faire prendre de risque à personne. En revanche nous pouvons prendre de nouveaux bénéficiaires qui auraient besoin de nos services pour les missions essentielles, nous seront là pour eux, même si ce ne sont pas des bénéficaires habituels, nous pouvons les aider.

Nous allons également mettre en place un service de portage de repas à domicile, c'était en projet depuis quelques temps, mais nous avons accéléré la mise en place pour qu'elle soit effective dès la semaine prochaine. Pour que les gens n'aient pas besoin de sortir de chez eux pour faire des courses.

Et pour les missions essentielles il a fallu adapter les gestes.

Plus de bise, une désinfection à l'extrême, des mains, des clés des bénéficiaires également, ou des véhicules s'ils sont partagés. A ce propos Sandrine Desbordes, driectrice de l'AGEMAD explique :

Nous avons reçu 12 véhicules que nous souhaitions mettre à la dispostion de nos salariés, mais ce sera pour plus tard, aujourd'hui, je préfère que les véhicules ne soient pas partagés pour limiter au maximum les risques de transmission.

Et puis il y a les masques... Gros gros problème les masques...



Les oubliées du gouvernement

Leur travail est essentiel pour le maintien des personnes à domicile, leurs gestes nécessitent une grande proximité et pourtant pour elles, pas de distribution de masques comme l'explique Laurence, 48 ans, 6 ans d'expérience :

Dans l'intitulé de notre métier il n'y a pas le mot "soignant" pourtant on fait la même chose qu'une aide soignante, mais nous notre métier est dans l'ombre. Nous sommes totalement oubliées. Les pouvoirs publics ne pensent absoluement pas à nous.

Sandrine d'ajouter :

Nos bénéficiaires ont peur quand ils nous voient arriver sans masque. C'est extrêmement choquant que le gouvernement ne nous en fournisse pas. On est là pour aider et s'il arrive quelque chose, nous n'aurons que nos yeux pour pleurer.

Même sentiment pour Aurélia, 22 ans :

L'Etat ne prend pas du tout en considération notre métier. Alors que nous avons des missions de grande proximité. Notre directrice est obligée de se battre pour nous offrir cette protection.


Débrouille, solidarité et explosion des prix

Et en effet, ce sont les directeurs de ces structures qui agissent pour fournir le matériel de protection necessaire pour la sécurité de leurs salariés mais également pour celle de leurs bénéficiaires.

Sandrine Desbordes, directrice de l'AGEMAD et Eric Postulka le directeur de l'ADHAP ont fait la même démarche. Ils ont commandé des masques a des prix cinq fois supérieurs aux prix habituels. Sandrine Desbordes précise :

Par le biais d'une entreprise de Limoges, j'ai pu passer une commande de 2000 masques pour un montant de 3200 euros, je devrais les recevoir dans 10 jours. 

Eric Postulka a pris plus de risques :

Nous avons passé une commande à un prix exhorbitant auprès d'un prestataire chinois. Pour cela nous avons risqué plusieurs milliers d'euros sans savoir s'ils nous serons livrés un jour. C'est peut être même une arnaque, mais nous n'avons pas le choix nous devons protéger salariés et bénéficiaires.

Cathy Meunier la directrice d'ADN 87 a choisi une autre option :

Je suis allée voir le magasin de tissus "Touchatou" à Limoges, la directrice nous a fourni du tissus et nous a trouvé de nombreuses couturières bénévoles. On a trouvé un tutoriel pour réaliser des masques et c'est parti. Certaines de nos salariées s'y sont mises, leur maman aussi. On fabrique nos propres masques. C'est mieux que rien.



Solidarité aussi pour Sandrine Desbordes

Le garagiste avec lequel nous travaillons nous a donné tous les masques qu'il avait en stock, une quarantaine, ceux qui lui servent habituellement à faire de la peinture.


Et pour la suite ?

Cathy Meunier d'ADN 87 explique, 

Nous ne sommes pas encore au pic de l'épidémie, pour le moment c'est encore gérable, le pire est à venir. Nous avons anticipé en embauchant une réserve de personnel, des étudiants, nous les formons actuellement pour qu'ils puissent prendre le relais des salariés habituels, mes effectifs sont amoindris, j'ai demandé à tous mes employés "à risque" de rester chez eux, il faut donc du renfort.


Sandrine Desbordes explique qu'elle reçoit chaque jour de nouvelles directives :

Nous avons reçu un mail expliquant que nous aurons le droit de nous fournir en masques dans les pharmacies mais seulement à partir du moment ou notre zone géographique sera déclarée zone prioritaire. Et nous n'aurons droit qu'à 9 masques par personne.

L'avenir proche inquiète Laurence, 48 ans, auxiliaire de vie auprès de l'AGEMAD :

Nous devons être très vigilants en ce qui concerne les personnes isolées, il ne faut pas qu'elles tombent dans la dépression, regarder les chaînes info en boucle c'est terriblement anxyogène et dangereux pour eux. Nous devons également penser aux aidants familiaux, il faut les soutenir pour qu'ils ne s'épuisent pas.


Et pour encore plus tard ? Laurence conclue sur un message d'espoir :

Cette épidémie va peut être nous apprendre à vivre autrement, à reconsidérer les priorités,  à être moins individualistes, à développer des réseaux d'entraide, nous apprendre à être solidaires... Demain nous continuerons peut être à aller faire les courses pour nos voisins... Nous penserons peut-être plus aux autres...


Ainsi soit-il...





 
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