Coronavirus : comment le Limoges CSP vit-il son confinement ?

Suite à l'épidémie de Covid-19, à l'arrêt de toutes les compétitions en France et au confinement, le Limoges CSP vit son basket au jour le jour, comme il le peut. Témoignages du coach, Mehdy Mary, et de deux joueurs de l'équipe, Ludovic Beyhurst et Benoît Mbala.

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On le sait, depuis le 16 mars dernier, le championnat de Jeep©Élite, ainsi que la Coupe de France, sont à l'arrêt. Idem pour le Limoges CSP, encore engagé sur ces deux fronts.
À ce sujet et pour rappel, après son dernier match, une victoire à Beaublanc en championnat, le 7 mars face à Cholet, 79-74, Limoges occupait la 8ème place au classement, dernière qualificative pour les play-offs.
En Coupe de France, le CSP devait affronter Strasbourg, le 21 mars.

Mais l'épidémie de Coronavirus, et le confinement ont donc tout stoppé. Un confinement que le club limougeaud avait d'ailleurs anticipé, demandant d'une part à tous ses joueurs, professionnels ou jeunes, ainsi qu'à tous les coachs et leurs staffs de rester chez eux dès le vendredi 13 mars, et d'autre part en mettant en place un système de télétravail pour l'ensemble de ses salariés administratifs dès le jeudi 12.

Dans l'équipe professionnelle, beaucoup sont restés à Limoges.
Certains toutefois, comme Ludovic Beyhurst, ont fait le choix de rejoindre leur famille en France avant le début du confinement officiel, le 17 mars à midi ; à Strasbourg par exemple pour le meneur limougeaud, un choix qu'il reconnaît aujourd'hui pouvoir sembler paradoxale, étant donné la situation en Alsace.
Chez les américains, seuls DeMarcus Nelson et Brian Conklin ont opté pour un retour au pays, à Las Vegas pour le premier, en Oregon pour le second.

Face à l'incertitude pesant sur la suite des compétitions (on parle d'une décision de la LNB aux alentours du 10 avril concernant le championnat), il a été demandé aux joueurs de continuer, dans la mesure de leurs moyens, et d'entretenir leur condition physique, et l'entraînement spécifique à leur sport.
Feycel Kort, le préparateur physique du CSP, a donc envoyé à chacun un programme personnalisé, sur cinq ou six jours par semaines. avec notamment des exercices de cardio, de gainage ou encore de musculation.
Ceux qui ont la chance d'avoir un jardin avec un mini playground, comme Ludovic Beyhurst chez ses parents, peuvent également parfaire dribbles et shoots.
D'autres, comme Benoit Mbala, ou ceux en appartement, se débrouillent avec les moyens du bord, mais développent parait-il de trésors d'ingéniosité pour compenser.

Toutefois, et pour une fois à l'instar de chacun, il ne s'agit pas d'une vie normale pour ces basketteurs professionnels, pas plus que pour leur coach.
Joints par téléphone ce lundi 30 mars, Mehdy Mary, l’entraîneur du CSP, Ludovic Beyhurst, meneur du Limoges CSP et Benoît Mbala, pivot du Limoges CSP ont bien voulu nous faire partager « leur » confinement :
 

Leur vision du Coronavirus

 

Bien sûr, mon choix de rejoindre mes parents en Alsace, il y a deux semaines, peut paraître bizarre aujourd'hui, vue la situation actuelle ici.
Mais à l'époque, cela semblait moins grave. À la maison, je suis avec mon père, ma mère elle travaille tous les jours dans une boulangerie. Elle fait très attention, elle prend beaucoup de précautions.
Mais oui, la situation est très inquiétante. Ludovic Beyhurst

C'est dur mentalement, on s'inquiète. Pour nous, mais surtout pour tous nos amis, pour nos familes.
Avec les moyens de communications modernes, j'ai beaucoup de contacts, notamment au pays (il est originaire du Cameroun). Paradoxalement, j'en ai même plus qu'avant !
Et puis je veux rester positif. Je me dis que cette situation, ce confinement, c'est comme un apprentissage.
J'apprends beaucoup sur moi, et je veux que cela me serve à devenir meilleur, à la fois en tant qu'humain, c'est le plus important, mais aussi en tant qu'athlète. Benoît Mbala

C'est sidérant l'ampleur de ce virus. Et quand on voit que l'Inde, l'Afrique, sont à peine touchées, on n'ose même pas imaginer ce que ça va être.
Le reste paraît dérisoire, on n'a pas envie d'en parler. Il faut même avoir la décence de ne pas le faire, il y a des gens qui perdent la vie ! Medhy Mary
 

Leur « entraînement » en cette période

 

Moi, j'ai la chance d'avoir un playground dans le jardin de mes parents, c'est aussi pour cela que je suis rentré chez eux, parce qu'à Limoges, je vis en appartement.
Donc je suis le programme de Feycel (le préparateur physique) et je passe du temps sur le terrain, mon père m'aide.
Et je dois dire que physiquement, je me sens très bien, en forme presque comme jamais !
Après, sur le plan basket, c'est peut-être moins bien... Ludovic Beyhurst

Je suis un athlète, je me dois de rester en forme. Alors je suis ma préparation spécifique et je me suis aussi téléchargé des applications d’exercices.
Je n'ai pas de terrain. Avant le durcissement du confinement, j'allais faire mon jogging du côté du lac d'Uzurat, où il y a des panneaux. Mais comme c'est à plus d'un kilomètre de chez moi, je ne peux plus.
Alors je fais des exercices de dribbles dans mon garage, des trucs basiques avec les élastiques.
Mais j'ai découvert que je pouvais aussi bosser plein de choses spécifiques, comme les positions, les gestes, avec finalement très peu de moyens ! J'essaye d'être inventif. Benoît Mbala

Non, moi je n'ai pas demandé une préparation spécifique, j'en serai bien incapable (rires mutuels de l'entraîneur et du journaliste, encore plus inccapable que lui !) ! Mais je cours autour de chez moi, en restant très proche, trois fois par semaine.
Après bien sûr, je suis en contact avec le staff, pour voir ce qu'il propose aux garçons, et je prends des nouvelles.
Mais on ne fait pas de « flicage », ce sont des professionnels quand même. Mehdy Mary


Leur « temps libre »

Je l'ai dit, c'est dur mentalement, on n'a pas l'habitude. Normalement, ma vie, c'est entraînements, repos, entraînements, déplacements, matchs... Là, je n'ai plus de rythme.
Alors je lis beaucoup, je regarde énormément de vidéos. Sur le basket bien sûr, mais pas seulement. Sur l'économie aussi, sur l'immobilier, de choses qui m’intéressent, notamment pour après (pour son après-carrière).
J'essaye d'optimiser d'autres compétences que le basket.
Et puis j'ai pas mal de contact, avec le CSP, avec la SIG (le club de Strasbourg qui l'a prêté cette saison au CSP). Ludovic Beyhurst

Ben j'ai la chance d'avoir un petit jardin, alors j'y joue avec mon chien, avec qui je suis confiné.
Et puis comme je l'ai dit, j'appelle beaucoup ma famille, mes amis, finalement, ce qu'on ne peut pas faire dans une vie « normale » de basketteur pro, vu le rythme.
D'habitude, je suis très actif, alors j'essaye de le rester, je ne me vois pas vautré devant la télé.
Je lis aussi beaucoup pour m'évader, des ouvrages sur la concentration, l'orientation, l'optimisation, la connaissance de soi.
Je veux vraiment sortir différent de cette expérience, comme je le disais, m'en servir comme d'un apprentissage pour devenir meilleur et en tant qu'humain, et en tant que basketteur. Benoît Mbala

Moi, je suis à la maison, avec ma femme et nos deux enfants, ce qui rend vraiment la vie plus facile.
Et je RESTE à la maison. À part mes trois petits joggings par semaine, et une ou deux grosses courses, je ne suis pas sorti depuis le début du confinement.
Le matin, je me consacre à l'école, pour les enfants.
Et puis l'après-midi, c'est basket, basket, basket !
Je fais un gros travail sur l'effectif, sur la saison prochaine, qu'elle ait lieu normalement ou pas. Je regarde énormément de vidéos, de matchs, de joueurs, tout cela axé sur le recrutement.
C'est ce que je ferais actuellement si la situation était normale, à côté des entraînements.
Le soir, on essaye de se détendre, on regarde des films ou des séries.
Je lis aussi, notamment des ouvrages de ou sur de grands entraîneurs, comme Phil Jackson (le légendaire « Zen Master », entraîneur multi titré en NBA, avec les Bulls de Michael Jordan et les Lakers de Shaquille O'Neal et Kobe Bryant), ou d'autres sports, comme sur Fergusson ou Wenger (anciens entraîneurs, eux aussi légendaires en football, avec notamment Manchester United pour le premier, Arsenal pour le second). Mehdy Mary

Leur «après-virus »

 

La reprise ? Quand on voit le report des Jeux Olympiques, de l'Euro de football, la situation en NBA... Non, je ne vois pas vraiment comment on pourrait reprendre.
Après, cela va bien sûr dépendre de l'évolution du virus. Peut-être que des pays pourront reprendre, d'autres non.
Quant à mon plan de carrière, je l'ai plutôt mis de côté pour l'instant. Mon agent gère, mais on verra plus tard. Ludovic Beyhurst

La reprise ? Elle ne dépend pas de la LNB, elle dépend d'abord du virus, et ensuite des décisions du gouvernement. Mais franchement, la reprise...
C'est sûr, quand on voit notre saison, par où on est passé, les efforts et les sacrifices que l'on a dû faire, apprendre que tout s'arrête et ne compte plus, oui ça peut « donner les boules ».
Mais cela n'a aucune importance, aujourd'hui, ce qui compte, c'est l'humain, c'est la santé ! Benoît Mbala

La décision attendue de la LNB pour le 10 avril, franchement, ce n'est pas le plus important. Bien sûr, le syndicat de entraîneurs m'a demandé mon avis, mais...
Alors c'est vrai, on était dans une super phase, on venait de battre Cholet, on avait un calendrier intéressant, la Coupe de France, les play-offs, Beaublanc...
Mais je me refuse de parler de ça, même d'y penser.
Je l'ai dit, il faut avoir de la décence, il y a des gens qui perdent la vie, il y a des gens qui se battent pour la sauver, et c'est cela, le plus important ! Mehdy Mary

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