Sur les dérogations à remplir pour sortir, ne figure pas l’autorisation pour aller chez son coiffeur. Et pour cause, les salons sont fermés, et se faire couper les cheveux n’est pas considéré comme une course de première nécessité… quoique cela pourrait bientôt le devenir !
Cette formule de Christian Navarre, coiffeur boulevard Gambetta à Limoges depuis 40 ans résume un peu la situation inédite vécue par les coiffeurs depuis le 16 mars.Le confinement ne fait plus de nous des confidents
Comme les cafés, les restaurants, les cinémas, toute la profession a dû baisser le rideau. Soit près de 1 000 salons en Limousin.
Peignes, brosses, ciseaux, shampoings sont dans les tiroirs et quand ils ressortiront, il y aura du travail ! « Je m’attends à en réparer des catastrophes capillaires ! » ajoute Christian.Je m’attends à en réparer des catastrophes capillaires !
Même constat pour David Charles propriétaire de deux salons Dessange, à Limoges et Arcachon : « Surtout, mesdames, ne touchez pas à vos couleurs, à vos balayages, ne tentez rien, ne vous transformez pas en apprentie coiffeur, car pour nous, cela sera très compliqué à rattraper. Messieurs ne donnez pas un coup de ciseau tout droit ! » explique-t-il. « Profitez plutôt de cette longue période pour entretenir vos cheveux avec des huiles essentielles, soignez-les, laissez-les respirer ! ».Surtout, mesdames, ne touchez pas à vos couleurs !
David Charles s'attend à une très forte activité pour la reprise : « Une chose est sûre, on sera submergé lors de la reprise. Je réfléchis déjà à des ouvertures en nocturne. » et d'ajouter « De toute façon, nous n’avons pas le choix. Cela fait déjà trois semaines que le confinement est en place. »Je réfléchis déjà à des ouvertures en nocturne
En moyenne, les cheveux poussent d’1,5 centimètre par mois selon les professionnels. Certes ce n’est pas très long, mais si cela dure encore plusieurs semaines, nos têtes vont être transformées. « Couettes, nattes, queues de cheval vont refaire leur apparition chez les femmes, quant aux hommes cela va parfois être déstabilisant pour eux ou alors cela va créer de nouveaux looks, de nouvelles tendances » déclare l’un de nos interlocuteurs.De nouveaux looks, de nouvelles tendances
Dans les campagnes, l’absence de coiffeurs se fait durement ressentir. Dans les petites communes où il n’y a plus de salons, le passage de la coiffeuse à domicile représente un vrai lien social pour les plus âgés et un moment important pour les actifs qui ne veulent pas aller se faire couper les cheveux trop loin du domicile . Marie Jassin conduit chaque semaine en Haute-Vienne « l’ère Gaia », un salon itinérant spécialisé dans les produits naturels, la coloration végétale. Chaque jour, avant le confinement, elle avait jusqu’à 10 rendez-vous quand elle posait son véhicule à Saint-Prié-Ligoure ou Meilhac. « C’est dur. Zéro rendez-vous, donc zéro euro donc pas de salaire » explique-t-elle.Zéro rendez-vous... zéro euro !
Mais elle pense à ses clientes. Pour certaines, Marine leur avait laissé en prévision des kits (de survie) pour les colorations. Et sur sa page facebook, elle donne quelques conseils : « Ta frange tu ne couperas point ! Tes racines tu laisseras ! Les couleurs du supermarché tu n’utiliseras pas ! Et la coupe au bol des enfants tu oublieras ! »Ta frange tu ne couperas point ! Tes racines tu laisseras !
De précieuses recommandations, car il va falloir prendre son mal en patience. Les Italiens, qui réfléchissent à leur déconfinement ont déjà appris de leur gouvernement que les salons de coiffure ne seraient pas dans les premiers commerces à rouvrir. Pas de quoi nous recoiffer le moral ! Et vous à quoi commencez-vous à ressembler avec vos cheveux plus longs ?!
Et vous à quoi commencez-vous à ressembler ?