Coronavirus : le maire de Limoges souhaite le port du masque systématique des Limougeauds pour chaque sortie

Émile-Roger Lombertie, le maire de limoges, a appelé chacun de ses concitoyens, à porter systématiquement un masque, « fut-il […] artisanal  », lors de chaque sortie. Des commandes ont été passées, et « les couseurs et les cousettes »  sont incités à en fabriquer !
 

On se souvient tous des atermoiements, gouvernementaux ou autres, datant de moins d'un mois, sur l'utilité, la pertinence voire même la dangerosité du port du masque durant cette épidémie de Covid-19...

Mais désormais, le changement est unanime, officiel ou non, et l'on se dirige vers cette systématisation du port du masque.
De plus en plus de municipalités par exemple prennent des décisions en ce sens, via des arrêtés ou de « simples demandes » incitatives.

Ainsi la ville de Limoges, et son maire, Émile-Roger Lombertie, via un communiqué, en date du mercredi 8 avril : il y est demandé, à chaque Limougeaud, de se munir d'une protection à chacune de ses sorties, notamment celles liées à l'approvisionnement.

Cela dit, conscient de la pénurie d'un tel équipement (quels que soient ses types, chirurgicaux, FFP2, FFP3), des difficultés d'achats et d'importations via principalement la Chine, des besoins considérables des premières lignes de front (personnels soignants) et du chiffre astronomique que représenterait la dotation à l'ensemble de la population, limougeaude et encore plus française, sur une durée encore aujourd'hui inconnue, le maire appelle à des solutions alternatives, notamment celles des masques en tissu.

Cette demande, si elle a recueilli l'approbation de beaucoup, n'a cependant pas manqué de faire naître certaines critiques et interrogations. Joint par téléphone, ce jeudi 9 avril, en début d'après-midi, Émile-Roger Lombertie a bien voulu répondre à l'ensemble de nos questions.
 

 

Pourquoi une telle demande ?

Il faut inciter nos concitoyens à TOUT ce qui est préventif, dans TOUS les domaines. Le lavage des mains, les gestes barrières, la distanciation, etc... Donc au port du masque.

"Quand on regarde certaines choses qui ont été faites en Asie, comme en Corée ou à Singapour, ou comme désormais à New York, c'est une évidence.
Et puis même regardez, sur nos marchés : j'ai constaté que certaines personnes portaient un masque, d'autres non... ce n'est pas normal. Il faut que tout le monde ait le même niveau de protection.
Parce que si je porte un masque anti-projection, je vous protège, et si vous en portez un, vous me protégez !
"

Un port du masque voulu d'ailleurs sur une double période : la présente, celle du confinement, et la future, celle du déconfinement.

"Il n'y a pas suffisamment de tests, on ne va pas pouvoir isoler les personnes atteintes, les asymptomatiques. Il faut donc les masques à minima.".

Pourquoi un souhait et pas un arrêté municipal ?

On le voit, certaines municipalités prennent de telles mesures. Mais Émile-Roger Lombertie a donc fait un choix différent, pour plusieurs raisons.

D'une part, ce n'est pas à une ville de prendre ce type d'arrêté, mais à l'État !

"D'autre part, certains maires l'ont fait, mais je pense que cela pose un problème de légalité (Un arrêté municipal repose en effet sur des principes légaux.). Dans ce cas précis, il faut à minima une géolocalisation stricte (ensemble du territoire de la ville, partie seulement, marchés uniquement, etc...).
Il faut également normalement une durée, et là, on ne peut rien prédire.
Enfin, pardon d'être trivial, mais pour citer Georges Pompidou, il faut arrêter d'emmerder les Français ! Il faut au contraire les avertir et les inciter.
".

Une querelle politique ?

Sur des réseaux sociaux, ou via des communiqués, certains opposants politiques du maire de Limoges ont pris position, ou marqué leur désaccord. Gilbert Bernard, toujours dans les faits conseiller municipal d'opposition, dans un écho paru en date du 8 avril, dans la version papier, de nos confrères du Populaire du Centre, donc avant l'annonce de la mairie, et relayé sur Internet par certains de ses camarades ou pour une fois alliés, émettait plusieurs critiques, tout en se disant favorable à une telle mesure.

Comme quoi, on a beau être opposé, on peut donc parfois être d'accord.

"Quant à ses reproches de ne pas suffisamment associer l’opposition, je peux les entendre, mais vous savez, cette période n'est pas à la polémique, il faut avant tout agir vite.".

Contacté, Gilbert Bernard ne nous a, pour l'heure pas, répondu.

La ville va-t-elle fournir des masques ?

Le maire de Limoges, on l'a dit au début de cet article, est bien conscient et des problèmes de pénurie, et des problèmes d'approvisionnement.

Vous savez, beaucoup de nos personnels y sont confrontés, je pense notamment, mais pas que, au service funéraire, ou à la police municipale.

Alors la ville tente une sorte de « plan d'action » local, sur plusieurs niveaux :
  • Un plan d'achat de masques, comme les FFP2, pour ses EHPAD et ses agents en contact avec le public. Pour le personnel administratif, elle essaie des canaux différents.
  • Pour la population, comme les masques les plus efficaces sont pour l'heure « priorisés » , sans attendre leur hypothétique généralisation, la ville se tourne vers des solutions alternatives, comme celles des masques en tissu.
"Tout d'abord, à la ville de Limoges, et nous avons été rejoints depuis par l'agglomération, Limoges Métropole, nous avons passé de grosses commandes.
À des entreprises locales, comme l'ancienne France Confection, devenue France Manufacture, qu'il fallait sauver malgré la liquidation judiciaire. Depuis lundi 6 avril, la quinzaine de salariés réembauchée travaille à la confection de près de 2000 masques par jour. Et nous allons essayer de favoriser et plus d'embauches, et donc plus de fabrication."
 

Commandes de masques par Limoges Métropole


"Et ce n'est pas notre seule source. Il y a Limoges, et il y a au-delà. Guillaume Guérin (son toujours premier-adjoint), nous a énormément aidé au niveau de ses connaissances à la Région.
Mais il faut que ces commandes profitent là où il y en a le plus besoin, notamment via nos CCAS (Centre Communale d'Action Sociale), pour nos personnes les plus âgées, pour celles les plus fragiles. Et pour ceux qui seraient vraiment dans l'incapacité de se fabriquer un masque.
".

Il n'y en aura donc pas pour tout le monde ?

Non, en l’absence de mesures nationales, et pour les problèmes évoqués, et pour des problèmes de coûts.

Si dans un premier temps, Émile-Roger Lombertie appelle les Limougeauds à se munir même de simples écharpes ou foulards s'ils n'ont vraiment pas d'autres moyens, il en appelle donc aussi à la bonne volonté, à l'entraide et à la solidarité de tous ceux qui peuvent fabriquer, coudre, ou même donner du tissu adéquat.

Quand on sait ou peut se fabriquer un masque, et bien on essaie d'en faire deux, trois, quatre, pour en donner à sa famille, à ses amis, à ses voisins. C'est un appel aux couseurs, et aux cousettes ! Et nous allons mettre en ligne et des tutos de fabrication, et d'utilisation, sur le site de la ville.



 



 
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