L’explosion du prix de l’énergie pousse de nombreux usagers à se tourner vers des modes de chauffage au bois ou au granulé cet hiver. Une explosion de la demande que les ramoneurs de la Haute-Vienne ne peuvent traiter. Une situation qui met en lumière le manque de professionnel et fait craindre une hausse des incendies.

Jusqu’à fin janvier 2023, Arthur Bardet va travailler sept jours sur sept. Ce ramoneur, basé à Feytiat en Haute-Vienne, enchaîne les interventions. L’explosion du prix de l’électricité, du gaz et du fioul a poussé une grande partie des particuliers à revenir à un chauffage traditionnel au bois.

Problème : la loi oblige tout propriétaire d’une cheminée à un ramonage deux fois par an. Alors à l’approche de l’hiver, la liste d’attente s’allonge. Cet après-midi là, Arthur Bardet intervient chez un particulier ayant pris rendez-vous en septembre.

On a appelé relativement tôt, car on se doutait que ça allait être compliqué.

Fréderic Chasseloup du Châtillon, propriétaire d'une cheminée

Les moins prévoyants vont donc devoir passer l’hiver au froid ou revenir à un mode de chauffage plus coûteux, regrette Christophe Faye, ramoneur en Haute-Vienne, lui aussi.

Manque de main d’œuvre

Cette pénurie de ramoneur n’est pas uniquement liée à la forte demande des particuliers. Elle met en lumière le manque cruel de professionnels. En Haute-Vienne ils ne seraient que « sept ou huit ramoneurs officiellement agréés » affirme Christophe Faye. Quelques grosses sociétés effectuent aussi ces interventions, mais la carence reste importante.

Il faudrait ouvrir d’autres centres de formation et faire de la sensibilisation auprès des jeunes. Car c’est un métier d’avenir.

Christophe Faye, ramoneur en Haute-Vienne

Les raisons sont multiples. Le métier souffre à la fois de son image et de son manque de formations. Aujourd’hui, seul un CFA permet aux jeunes d’entrer dans la profession par la voie de l’apprentissage. Autrement, des formations de trois semaines sont ouvertes aux adultes, mais sont, elles aussi, peu nombreuses et peu accessibles.

Une pénurie dangereuse ?

Cette situation inquiète les ramoneurs. En plein essor de la consommation bois, ils craignent notamment que certains utilisateurs n’allument leur cheminée sans avoir réalisé de ramonage préalable. Une pratique très dangereuse.

« Le risque dans les cheminées qui n’ont pas été utilisées depuis longtemps, c’est que la suie se soit agglomérée. Avec la pluie et le temps, cela forme du bistre. C’est un élément hautement inflammable dans le conduit de cheminée. » Alerte Arthur Bardet.

L’autre risque, selon lui, est "l’apparition d’opportunistes". Les ramoneurs ont un rôle de conseil et d’analyse attesté par leur certification. Il redoute que certains professionnels du bâtiment ne se jettent sur cette demande en hausse sans les compétences nécessaires.

Sur un conduit en bon état, il n’y a pas de soucis. C’est même bien, car ça va nous soulager. Malheureusement, sur un conduit endommagé cela peut devenir très dangereux.

Arthur Bardet, ramoneur en Haute-Vienne

Un projet de décret du Ministère de la Transition Énergétique prévoit d’ailleurs d’élargir le champ des professionnels autorisés à réaliser des opérations de ramonage.

Enfin, certains peuvent être tentés de réaliser leur ramonage seul, à l’aide d’un hérisson mécanique ou d’une bûche chimique. Des pratiques déconseillées par les professionnels pour des raisons de sécurité et d’assurances. En cas d’incendie, seul un certificat de ramonage délivré par un ramoneur certifié sera accepté par votre assurance. 

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