Au lendemain de la publication d'un rapport de l'Organisation Mondiale de la Santé sur les dangers de la charcuterie et de la viande rouge, les professionnels de la filière réagissent en Limousin…Le monde de la santé également.
Le 26 octobre 2015, l'Organisation Mondiale de la Santé a publié un rapport sur le caractère cancérogène de la viande rouge et de la charcuterie. Selon ce rapport, "la consommation de viande rouge est probablement cancérogène pour l'Homme" et la "charcuterie est classée cancérogène".
Un document qui ne surprend pas vraiment car il s'agit d'une synthèse de plus de 800 études menées sur la question et qui confirme des conclusions déjà publiées.
Une question de quantité ?
Les réactions des professionnels n'ont alors pas tardé. Ainsi INTERBEV, l'Association Nationale Interprofessionnelle du Bétail et des Viandes précise dans un communiqué que "les conclusions de la monographie sont donc impérativement à remettre en perspective par rapport aux niveaux réels de consommation de viande rouge en France et à l'équilibre global de l'alimentation" et que "la consommation française moyenne de viande de boucherie (bœuf, veau, agneau, viande chevaline, porc hors charcuterie) est seulement de 52.5 g/jour/personne selon l'étude CCAF 2013, soit l'équivalent de 3 fois par semaine" tandis que le seul recommandé par le WCRF (fondation mondiale de recherche contre le cancer) est de 500g par semaine soit environ 70g par jour.Or dans le document de l'OMS, il est tout de même précisé que "la consommation de 50 grammes de charcuterie chaque jour augmente le risque de cancer de 18%".
Des inquiétudes limousines
Au lendemain de la publication de ce rapport, au marché de Limoges, certains ne cachaient par le colère. Ainsi ce boucher-charcutier qui s'inquiète de l'avenir de la filière viande en Limousin : "Depuis hier, tout le monde n'arrête pas de nous poser la question, c'est pénible... Ce sont des bêtises... Il faut penser à nos éleveurs."
François Brun, Boucher-charcutier à Limoges ne cache pas son agacement au lendemain de la publication de l'étude de l'OMS sur les dangers de la viande et de la charcuterie (27.10.2015)
Une vie saine et du bon sens
Le professeur Gaëtan des Guetz, chef du service oncologie au CHU de Limoges était l'invité du 12/13 sur France 3 Limousin ce 27 octobre 2015. Pour ce spécialiste, il ne faut pas non plus céder à la panique : "Il y a un risque mais qui est limité. Consommer de la viande ou de la charcuterie n'a rien à voir avec les facteurs de risques comme le tabagisme." Selon lui, cette compilation d'anciennes études ne prouve rien, précisant que bien souvent ces études sont menées aux Etats-Unis sur des cohortes de patients qui n'ont pas nos mêmes modes de traçabilité, de cuisson et de consommation. "Avoir une attitude raisonnable, ne pas manger de la viande matin, midi et soir tous les jours de la semaine, adopter une alimentation saine et équilibré"... du bon sens en somme. Cancérigène ou cancérogène ?
L'OMS dans son rapport (en anglais) utilise le terme "carcinogenic" mais en français, deux mots cohabitent sur ce sujet : cancérogène et cancérigène. Y a-t-il une différence ?Les dictionnaires ne semblent pas distinguer des usages différents, ainsi pour le Larousse, les deux mots sont synonymes : "qui provoque le cancer".
L'Académie de médecine préfère cancérogène qui serait plus en rapport avec la cancérologie et non la "cancérilogie" qui n'existe pas.
Enfin, une nuance pour certains spécialistes qui distinguent cancerogène : "qui provoque l'appartition d'un cancer" et cancérigène "qui favoriserait le développement d'un cancer déjà existant".
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