Initialement prévu la semaine du 25 mai, le concours PACES permettant aux étudiants d'accéder aux études de médecine voit son organisation modifiée en raison du covid. À Limoges, il se tiendra la semaine du 22 juin. Etudiants et membres de la faculté de médecine préparent ce concours. Témoignages.
Depuis le 13 mars dernier et la fermeture des universités, les étudiants en première année de médecine ont vu leur espoir de passer le concours leur permettant de toucher du doigt leur vocation quelque peu ébranlé.
Après des premières épreuves passées à la fin du mois de janvier, à Limoges, 997 étudiants en première année de médecine prétendent à la deuxième sélection de la dernière édition du PACES avant une réforme prévue pour l'année scolaire 2020-2021.
"Le concours aura bien lieu !"
Le concours final du second semestre incluant des épreuves du tronc commun et des spécialités de chaque élève (médecine, pharmacie, sage-femme, dentaire et kiné-ergothérapeute) devait initialement se dérouler la semaine du 25 mai. Les facultés de médecine, à la demande du ministère de la Santé, ont décalé ces épreuves à la semaine du 22 juin. Le doyen de la faculté de médecine de Limoges, Pierre-Yves Robert est soulagé pour les étudiants de première année qui ne craignaient qu'une chose "que le concours soit annulé cette année, et qu'ils soient finalement notés sur les résultats du premier semestre".Il n'a jamais été question de cela. Les étudiants ont travaillé sur des cours, nous ferons tout notre possible pour que le concours ait lieu de la façon la plus proche possible de ce qui était prévu au départ, en respectant les règles d'équité les plus parfaites possibles et les mesures de distanciation. Pierre-Yves Robert, doyen.
À l'heure actuelle, la direction de la faculté de médecine de Limoges n'a pas adressé de réponse définitive sur le lieu du concours, plusieurs pistes sont observées, "selon la configuration habituelle des concours à la fois à la fac de médecine et à la fac de droit, en prenant en compte les restrictions covid, nous ne pouvons loger que la moitié du concours.
Le concours aura lieu dans des conditions qui nous sont imposées. Notre obsession, c'est l'équité entre les étudiants, en fonction de tous les aménagements que nous sommes amenés à faire pour respecter les mesures barrières. Pierre-Yves Robert, doyen.
Pierre-Yves Robert et son équipe craignent toutefois que le nombre d'étudiants au concours soit en baisse, en raison de conditions de révisions différentes des autres années et d'une autonomie parfois perturbante, "nous avons peur que certains élèves aient renoncé pour cette deuxième partie du concours".
Un soutien psychologique à distance
Car pendant le confinement, les équipes pédagogiques se sont inquiétées de ces conditions de travail inédites des premières années de médecine. Pierre-Yves Robert, tient à "saluer l'action du tutorat". Cette année, 70 étudiants bénévoles ont consacré une partie de leur temps au soutien des élèves de PACES, "de façon à ce qu'ils préparent le concours dans les meilleures conditions possibles" et ont maintenu ce processus depuis le mois de mars via des outils informations de visioconférences et cours en ligne.
Ils ont un système d'entraînement aux épreuves et des actions de bien-être auprès des étudiants isolés, ils signalent d'éventuels étudiants en difficulté ou décrochage. Leur rôle a été crucial pendant le confinement, notamment pour éviter les risques psychosociaux chez les étudiants. Pierre-Yves Robert, doyen
Hanna, 19 ans et en première année de médecine à la faculté de Limoges, a également bénéficié de ces aides en ligne, "les horaires du tutorat de 18h à 20h étaient maintenues pendant le confinement, nous avions des colles, des TD, et la correction nous était donnée une heure après". C'est la première fois que cette jeune briviste passe le concours et les conditions bancales dans lesquelles se déroulent sa première expérience ne semblent pas la perturber.
Pour réviser dans de meilleures conditions, Hanna a fait le choix de rentrer au domicile familial, à Brive dès le mois de mars.
Ma soeur fait également des études de médecine donc ma famille comprend que je puisse être isolée pour réviser. Je n'ai pas à préparer mes repas. J'étais rentrée chez mes parents pour la première session et ça s'était très bien passé. Hanna, étudiante en 1ère année.
Sa motivation n'a d'égal que son organisation qui reste similaire à celle qu'elle avait lorsque le confinement n'était pas encore imposé, "c'est vrai que j'aimais beaucoup travailler à la bibliothèque où il n'y avait pas de distraction possible, mais j'ai continué à garder le même rythme de travail : me lever, déjeuner et aller travailler."
Pour Hanna et ses amis étudiants en première année, les questions sur l'organisation du concours de PACES sont nombreuses, notamment sur le lieu d'examen, "une de mes amies a entendu qu'à Paris, les facultés pourraient, peut-être organiser les examens dans des parcs, en extérieur, au niveau de la météo, c'est impossible !" Une anecdote à laquelle Pierre-Yves Robert, doyen de la faculté de médecine de Limoges répond en rigolant : "il n'a jamais été question de ça ! Nous leur trouverons un toit."
Hanna rêve de devenir oncologue dans quelques années, une place qui se vaudra au mérite la semaine du 22 juin prochain, le numérus clausus limitant le nombre d'admissions au concours. Cette année, le ministère de la Santé a augmenté le nombre d'admissions pour la faculté de médecine de Limoges passant ainsi de 145 à 150 élèves admis.
L'avenir du PACES : la faculté de Limoges sur le pied de guerre
Hormis pour les étudiants redoublants, l'édition du concours de première année de médecine subira des modifications. En effet, la réforme de l'accès aux études de Santé souhaitée par l'executif met fin au numérus clausus et le PACES (Première Année Commune aux Etudes de Santé) sera remplacé par le PASS (Parcours d'Accès Spécifiques de Santé) dès la rentrée de septembre prochain.Mardi 19 mai 2020, Margaux, jeune lycéenne a vu son voeu d'intégrer la faculté de médecine de Limoges accepté sur Parcoursup. Elle fera partie de la première promotion d'élèves en PASS. Plusieurs licences lui ont été proposées avant les démarches de sélection, "il y avait informatique, physique, droit, etc. J'ai choisi droit." confie-t-elle.
Pour Margaux, quelques questions restent en suspend avant d'entamer ses études.
Nous avons reçu un dossier avec des éléments de prépa avant de commencer les cours, mais avec le covid nous ne savons pas comment va se passer la rentrée, on ne sait pas si la pré-rentrée prévue au mois d'août va être maintenue. Margaux, future étudiante.
Pierre-Yves Robert et ses équipes doivent tout mener de front "nous avons tout à faire à la fois : mettre en place la réforme PASS et les aménagements pour gérer la crise sanitaire". Mais pour le doyen, une chose est sûre : "nous serons prêts !"
Pendant le confinement, l'équipe enseignante et non-enseignante a maintenu ses réunions de concertation, à distance, pour que tout soit prêt dès le mois de septembre, en prenant compte des mesures sanitaires et de la gestion d'accueil des élèves, "parce qu'en septembre, le covid ne sera pas terminé" soutient Pierre-Yves Robert.