Dépendance : quand l'aide à domicile est positive au Covid

Pas une association limousine d'aides à domicile n'est épargnée par la vague Omicron : avec 10% de ses salariées testées positives, l'ADPAD allège les plannings et espace les visites chez les plus vaillants pour préserver ses soins au plus faibles.

Toute la journée, ce téléphone qui sonne pour demander une présence. À l'accueil de l'ADPAD (Association Départementale d'Aide à Domicile de Haute-Vienne), Nicole et Angélique font ce qu'elles peuvent pour envoyer de bonnes ondes, à défaut de mieux. "Vous appelez pour votre maman, et donc vous êtes Martine," devine la première à distance, "oui je le sais : j'ai ma boule de cristal". Des fichiers bien remplis surtout, des 3200 bénéficiaires du département et des 500 intervenantes de l'association.

Chaque jour, de nouvelles absentes. Comme Jocelyne, qui appelle pour prévenir qu'elle est "positive. OK, note Nicole. On informe tous les gens que tu as croisés". C'est la mission de Guillemette, à la cellule Covid située juste au-dessus : "parfois ils disent, "encore une ! Vous ne nous envoyez que des malades !" C'est compliqué de leur faire comprendre que lorsqu'elles sont passées la veille, elles ne le savaient pas encore". 

Avec un taux d'incidence de 3774 cas positifs pour 100.000 habitants, mercredi 26 janvier en Haute-Vienne, jamais l'ADPAD  n'a eu autant d’absences à gérer. Plus encore que lors du premier confinement, quand seuls les soins essentiels étaient assurés.

"Depuis le 1er janvier", résume son directeur Ludovic Filloux, "on en est à 47 salariées positives, soit près de 10% des effectifs. Limoges est la plus touchée mais comme on y a des remplaçantes c'est plus facile"... À ses côtés, Florence Lafisou Besogne fait ses comptes pour le secteur dont elle est responsable: "L'autre jour sur Châteauneuf, j'en avais 4 ou 5 de positives. Sur 7 salariées". 

Même son de cloche du côté de Rochefort, où intervient la société Limousin Aide à domicile. "Encore deux filles positives ce matin", égrène son directeur, Bruno Limousin. "Et pour trouver à remplacer en milieu rural ... elles sont à bout.

Lui non plus ne "voit pas du tout" de pic qui pourrait laisser espérer une prochaine décrue. "Et le plus triste c'est qu'on a aussi des bénéficiaires qui sont décédés, parce qu'ils n'avaient pas voulu du vaccin. Qui disaient que ce n'était que de l'eau dans le muscle. Alors qu'ils étaient vaccinés contre la grippe". 

Seule solution, dans ces conditions : prioriser les visites. Et annuler si besoin les passages chez ceux qui n'ont besoin que d'heures de ménage. "On s'adapte, résume Ludovic Filloux. Pour passer coûte que coûte chez les bénéficiaires qui en ont besoin pour se lever, pour la toilette, la préparation des repas, le coucher. Et au besoin on diminue : une heure 30 à la place de 2h... On cherche au maximum à éviter les ruptures. Quitte à ne passer que tous les deux jours" chez ceux qui peuvent s'en contenter. 

Un choix que les familles "comprennent très bien", souligne la Marguerite, association d'accompagnement aux malades : "on a très peu de gens qui se plaignent. Les cas les plus graves restent pris en charge. Pour les autres, s'il s'agissait d'un brin de ménage, d'un coup de main, c'est pas facile mais c'est comme ça... "

Le manque de personnel dans le secteur, c'est un fléau. Même hors Covid. Autant dire que là, avec toutes ces salariées positives... On fait du bricolage.

Ludovic Filloux, directeur de l'ADPAD 87

Impossible de faire appel à des intérimaires, soupire le directeur de l'ADPAD : la main d'oeuvre est rare. "On cherche 40 CDI à temps plein. Et même avec l'augmentation de 15% brut en octobre", les candidatures n'arrivent qu'au compte-goutte. "Il y a les qualifications évidemment, et la mobilité. Les prix du carburant. Les amplitudes horaires" qui ne font rêver personne. En ce moment, calcule encore sa responsable de secteur, "certaines font 40 heures par semaine, sans compter les déplacements". 

C'est le cas de Sandrine Lara, auxiliaire de vie sociale dans le nord de la Haute-Vienne, qui termine sa matinée par une dame handicapée mentale - "la seule qui a mis le masque ce matin, parmi tous mes bénéficiaires". Elle en voit 8 ou 9 par jour. "Pour eux c'est compliqué, ils sont chez eux ... même si on sent que ce Covid, ça les tracasse quand même. Moins que pour le premier confinement, quand certains ne voulaient même plus nous voir, et puis cette fois les voisins, la famille sont là - pour ceux qui en ont. Les autres, on est là pour les réconforter". Dès que le planning le permet. 

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