Monique Blin est décédée mardi 25 janvier 2022 à Paris à l'âge de 88 ans. De 1984 à 1999 elle fut la première directrice du Festival des Francophonies de Limoges co-créé avec Pierre Debauche. Dénicheuse de talents aux quatre coins du monde elle fut l’une des grandes figures du théâtre francophone.
Le théâtre francophone, ses auteurs, ses metteurs en scène et ses acteurs lui doivent beaucoup. Limoges aussi.
Pendant plusieurs décennies, sur presque tous les continents, en Afrique, en Asie, en Océanie, au Canada, ou dans l'Océan Indien, Monique Blin fut une dénicheuse de talents. Des pépites de la culture francophone éparpillées sous toutes les latitudes, des diamants du théâtre et de la littérature qu'elle a su découvrir et amener à Limoges pour qu'elles puissent éclore et s'épanouir dans l'écrin du Festival des Francophonies.
A Limoges, le théâtre et la littérature francophone des quatre coins du monde
Du Congolais Sony Labou Tansi au Libanais Wajdi Mouawad en passant par le Canadien Robert Lepage, le Breton Patrick Le Mauff, le Chinois Gao Xing Yiang ou le Réunionnais Emmanule Genvrin, tous furent à un moment de leur vie les hôtes choyés de Monique Blin.
Dans les années 60, Monique Blin avait participé à l'épopée du Théâtre des Amandiers à Nanterre, aux côtés de Raoul Sangla, de Patrice Chéreau et de Pierre Debauche.
C'est à la demande de ce dernier, nommé à la tête du Centre Dramatique National de Limoges en 1984, qu’elle avait quitté Paris pour une nouvelle aventure : la création du Festival des Francophonies. Quatre ans plus tard elle créait aussi la Maison des Auteurs pour accueillir à Limoges les dramaturges francophones du monde entier à l'abri des pressions ou de la précarité qu'ils pouvaient parfois rencontrer dans leur pays d'origine.
De l'écriture à la scène, très vite Limoges allait devenir avec Monique Blin la plaque tournante de la création théâtrale francophone.
Des dramaturges "nés" à Limoges, avec Monique Blin
Beaucoup devenus célèbres aujourd'hui y sont "nés" artistiquement parlant sous le regard bienveillant de Monique Blin comme l'affirme le dramaturge libano-canadien Wadji Mouawad, l'actuel directeur du Théâtre de la Colline à Paris.
Beaucoup sont tristes aujourd'hui.
Sur le site internet du Festival des Francophonies, on peut lire l'émouvant hommage que lui rendent ses successeurs et ses collaborateurs des premiers jours :
Nous, que tu fais venir à Limoges durant les années 80 et 90 pour montrer à la face du monde artistique français, que oui, nous existons, créateurs et créatrices en langue française, que l’on soit de Montréal ou de Brazzaville, de Bruxelles ou de Tunis, de Beyrouth ou de Hanoï ; nous, autrices et auteurs francophones, qui écrivons dans cette langue que nous transformons et faisons vivre par nos inspirations venant de tous les continents ; nous, qui avons travaillé avec toi ou qui sommes arrivé·e·s après ; nous, femmes, hommes, enfants, adolescents, adultes, à qui tu as offert le monde sur un plateau de théâtre se déployant à l’infini ; nous, tous et toutes, pour qui ces leçons d’humanité ont changé profondément le cours de notre vie ; nous, d’ici et maintenant, qui continuons, de là où nous sommes, de tracer le chemin.
Festival des Francophonies
Les obsèques de Monique Blin auront lieu lundi 31 janvier à 10h30 en l’église Sainte-Rosalie, à Paris.
Le cabinet de la ministre de la Culture nous affirme ce jeudi 27 janvier qu'un hommage lui sera rendu dans les prochains jours.