Jeanine Borderie, 94 ans, enfant de l’Assistance publique, née à Limoges, créée son agence immobilière et gère des biens dans les Yvelines pendant 30 ans, à l'époque où peu de femmes exerçaient ce type de profession. Témoignage.
Jeanine Borderie ressemble aux fleurs de son jardin qu’elle aime soigner chaque jour : elle resplendit. Cette passionnée d'horticulture consacre énormément de soin à son petit espace vert. "J’étais entourée de vaches, de moutons. J’ai été élevée comme ça, à la campagne, observe-t-elle. Ça m’est resté."
Tout comme cette solitude que j’aime de temps en temps. Quand je veux parler, je parle, mais pas toujours.
Jeanine Borderie
À nous, elle a bien voulu parler. Alors qu’à sa naissance, en 1930, elle est confiée à l’Assistance publique, elle nous décrit une enfant joyeuse. "Quand je demande un extrait de naissance, c’est écrit. Abandonné. Je ne peux pas le cacher, mais j’ai une enfance heureuse grâce à cette nourrice merveilleuse. Elle habitait un petit village de la commune de Château-Chervix."
Une femme à la tête d’une agence immobilière
Bonne élève, Jeanine est remarquée par son instituteur. Il l’inscrit à Gay Lussac, où elle obtient son brevet des collèges. Suivent les cours Pigier où elle apprend le secrétariat et la comptabilité. À 17 ans, elle décroche son premier emploi dans une agence immobilière limougeaude avant de se marier puis de lancer son affaire, en région parisienne, dans les Yvelines. "J’ai créé mon affaire en septembre 1962. J’étais une des rares femmes qui s’installait", se souvient-elle.
Je n’avais encore pas le droit d’aller, sans mon mari, chez le banquier, qui était à côté, pour avoir un carnet de chèques à mon nom.
Jeanine Borderie
À la retraite, après avoir tout mené avec brio et philosophie, elle revient en Limousin. Aujourd’hui, surnommée Mamie Clafoutis par ses petits-enfants, Jeanine nous confie son secret du bonheur : "si on vous a dit une mauvaise parole, il faut la mettre de côté. Il faut écouter toutes les choses et ne garder en soi que celles qui vous conviennent ", résume-t-elle.