Les demi-finales des championnats de France de cross se dérouleront ce dimanche à La Souterraine. Parmi les meilleurs athlètes de la région, Yousuf Jeldo Jerso, licencié au Limoges Athlé. Il vient d'obtenir un titre de séjour au terme d'un long parcours depuis l'Ethiopie.
"Ma vie commence aujourd'hui, après quatre ans sans papiers, sans travail, sans études." Le jour où notre équipe l'a rencontré, dans le cadre de la série "le sportif de la semaine", Yousuf Jeldo Jerso venait tout juste d'obtenir un titre de séjour. Un document qui marque la fin d'un long périple, et des années de survie.
L'enfer Libyen, puis l'Europe et Calais
Car à 15 ans, après s'être opposé au pouvoir en place en Ethiopie, Yousuf doit quitter son pays. Torturé, puis traqué, il rejoint la Libye, et ses terribles centres de rétention, où il tombe malade et perd vingt kilos.
"À chaque fois que je m'en rappelle, c'est l'enfer. Je n'arrive pas à dormir", confie-t-il.
Un enfer qu'il parvient à quitter pour un autre : un canot de fortune pour rejoindre l'Europe puis la jungle de Calais où on lui propose de rester en France. Et c'est ainsi que le 13 novembre 2015, Yousuf Jeldo Jerso rejoint le Limousin.
Une progression fulgurante
Un an après son arrivé, le jeune homme prend sa licence d'athlétisme et le départ de son premier cross, seulement quelques jours plus tard.
Son entraîneur s'en souvient avec amusement : "il est parti premier, au premier kilomètre, il était en tête et avait lâché tout le peloton !" s'esclaffe Jean-Marc Anglada qui complète : "au bout d'un kilomètre il était mort, il a fini dans les 15 ou 20 derniers !".
Après ces débuts remarqués, Yousuf progresse très rapidement : "il valait 36-37 minutes sur 10 km, il vaut maintenant 31 minutes", souligne Jean-Marc. Troisième des quarts de finale de cross cette année, il vise un top 8 à La Souterraine ce dimanche.
"C'est comme un fils"
À son arrivée à Limoges, Yousuf a trouvé une famille au sein du Limoges Athlé, où il s'entraîne pratiquement tous les soirs. "Ce sont mes frères et mes soeurs, ils sont gentils, bienveillants. J'oublie tous mes soucis quand je suis là avec eux", résume-t-il.Des frères et des soeurs au sein du club, mais aussi un père de substitution, Jean-Louis Malet. "Il m'a dit 'Jean-Louis, aide-moi'. Quand quelqu'un vous dit ça... Je l'appelais souvent, même six fois par jour, pour le rassurer ..."
Avec son titre de séjour, l'avenir de Yousuf Jeldo Jerso s'éclaircit. Un service civique au sein du club, une formation...tout devient possible.
Et surtout, un esprit plus apaisé après son parcours éprouvant. "Je suis libre physiquement. Personne ne m'arrête, personne ne me force. Mais mentalement, je n'étais pas libre. Maintenant que ce souci va s'arrêter, je vais améliorer mes performances", sourit-il.
Un sportif accompli
Pris de crampes au niveau des côtes, Yousuf Jeldo Jerso a du abandonner au cours de la Coupe Elite, samedi 15 février 2020. La prochaine étape sportif se déroulera lors du troisième week-end de l'interclub national, qui se déroulera au mois de mai 2020, à Tours.Enfin il espère pouvoir se qualifier pour les 10 km pistes et routes et atteindre ainsi le championnat.
Regardez le portrait de Yousuf Jeldo Jerso signé Camille Chignac et Valérie Agut :