1100 places : c'est le nombre de places vacantes en filière pharmacie au niveau national. La faculté de Limoges (Haute-Vienne) a elle aussi des difficultés pour remplir ses rangs. Le risque : un affaiblissement de ce maillon essentiel du système de santé.
Simon, étudiant en première année d'accès aux études de santé (PASS), se verrait bien devenir pharmacien. "Je trouve que les domaines sont plus intéressants. Pharmacien, ça ne veut pas dire ne faire que de l'officine. Ça nous ouvre d'autres portes, je me suis renseigné en posant des questions aux étudiants de 2e et de 4e année." Ce genre de profil semble pourtant devenir de plus en plus rare.
La conséquence des dernières réformes des études de santé
Au niveau national, 1 100 places sont restées vacantes cette rentrée pour les études de pharmacie. Soit une hausse de 550% d'après les différentes organisations dans ce domaine. À la faculté de Limoges, ce sont 15 places qui sont restées vides cette année, environ 20% des effectifs.
En cause, la récente réforme du premier cycle des études de santé. Depuis la rentrée 2020, il y a deux voies d'accès aux études de santé : le PASS (parcours spécifique accès santé) et la LAS (licence accès santé).
De plus, depuis la rentrée 2021, il n'y a plus de numerus clausus, qui fixait le nombre d'étudiants admis en deuxième année de médecine, maïeutique, odontologie et pharmacie. Conséquence : les facultés ont dû augmenter leurs effectifs. Et ce sont ces nouvelles places qui restent vacantes aujourd'hui.
Pour Jean-Luc Duroux, professeur à la faculté de Pharmacie de Limoges, cette réforme "pose des soucis d’orientation aux étudiants, le message n’est pas clair. La suppression du numerus clausus a laissé penser que l’accès serait plus facile. Il y avait déjà beaucoup de vocations et on n’a fait qu’augmenter la cadence et on a caché les autres filières de santé."
Eviter le désert pharmaceutique
Selon Marion Lemaire, pharmacienne à Limoges et co-présidente du syndicat des pharmaciens de la Haute-Vienne, la situation actuelle pose de nombreuses questions pour l'avenir. "Il y a un manque crucial de professionnels sur le terrain, avec plus de demande que d’offre. Les officines de ville ont du mal à recruter des assistants.
C’est la première fois qu’on entend que des facultés ne remplissent pas leurs effectifs.
Marion Lemaire, pharmacienne à Limoges et co-présidente du syndicat des pharmaciens de la Haute-Vienne
D'où une nécessité de mieux informer sur les débouchés sur la filière pharmacie. Au risque sinon d'une désertification pharmaceutique, alors que le pharmacien est un maillon essentiel du système de santé, notamment en zone rurale.