Etre 5, 7 ou 9 ensemble du matin au soir dans un appartement sans quasiment sortir, voilà une expérience nouvelle, en plein confinement, pour ces familles nombreuses. Fini le foot, le vélo ou la danse, les après-midis chez les copines : parents et enfants doivent s'occuper autrement. Comment ?
Nous avions rencontré ces familles au moment de Noël. Nous avons pris de leurs nouvelles dans ce contexte si particulier du confinement.
Dans l'appartement familial place d'Aine à Limoges, Eloi, 10 ans, le sportif de la fratrie, commence à tourner comme un lionceau en cage. "Il souffre vraiment de ce confinement, on voit bien qu'il est en souffrance" souligne Axel, le papa.
Compliqué de faire du VTT dans un couloir de 5m de long ! N'en déplaise à papa, il pédale quand même, question de se familiariser avec ses toutes nouvelles chaussures de cycliste... déjà qu'il n'y a plus l'entraînement au club de foot ! Et pour palier l'absence de mur d'escalade, la poutre apparente à l'étage a fait l'affaire : l'installation de papa permet au grimpeur d'entretenir ses manipulations techniques.
Et esprit footeux oblige, Eloi se devait de relever ce challenge, devenu viral sur la toile depuis le début du confinement : #JonglagePQChallenge, un concours de jongles de papier toilette initié par des footballeurs pros du NDC d'Angers
En ce #confinement nécessaire, il faut trouver des solutions pour s’entraîner ⚽️
— NDC Angers Football (@NDCAngersFoot) March 17, 2020
Le nouveau challenge imaginé par notre attaquant Geo Levron : le jongle PQ ?
A votre tour et prenez soin de vous ?#JonglePQchallenge #SportAngers
Cc @LigueFootLFPL @FFF @LaDalleAngevOFF pic.twitter.com/5Lw90Fk0aI
Gabriel, lui, doit se concentrer sur son brevet blanc, qu'il va devoir passer la semaine prochaine, même si les professeurs ont bien précisé que le résultat ne compterait pas pour la moyenne. Maman veille. C'est après le goûter qu'il se change les idées avec les copains, pour partager, via une application de partage en ligne, des jeux de rôles.
Antoine, en première, ne quitte pas beaucoup sa chambre. Entre le piano et ses cours, le confinement ne lui pèse pas trop. Tout comme Jeanne, sa soeur aînée, étudiante. C'est aussi une question de caractère :
"Les plus petites sont comme mon épouse, un peu casanières. Elles savent s'occuper facilement. Pour les plus grands, il faut lutter contre les écrans, c'est compliqué" précise Axel de Mohrenshildt, le papa.
La maisonnée s'éveille aux mêmes horaires qu'avant. Même si la vie n'est plus rythmée par les départs et les retours d'école, les heures de cours, de déjeuner, de goûter et de dîner sont rigoureusement respectés.
"Si on perd la main, on ne s'en relèvera pas ! Pas question de laisser s'installer un esprit vacances. Comme mon épouse est professeure des écoles, tout le monde est bien occupé. Il a fallu juste trouver une organisation, notamment pour pouvoir profiter de la grande table commune qui sert d'école. Les niveaux scolaires se suivent. Et puis, il n'y a plus de devoir à faire à la maison ! tout est fait dans la journée, ce qui fait qu'à 17h, c'est récré pour tout le monde !" ajoute le papa, Axel.
Dans un autre quartier à Limoges, à deux pas des jardins de l'Évéché désormais fermés, la famille Andrade s'est aussi résignée à ne plus profiter des jolies balades printanières sur les bords de Vienne, désormais interdits eux-aussi. Difficile pour les quatre enfants, leur maman et leur petit chien, de se dégourdir les pattes.
"Les policiers nous ont demandé de rentrer quand ils nous ont vus sortir tous les cinq avec notre chien. J'ai expliqué que nous étions la même famille, qu'on ne parlerait à personne d'autre, que nous étions de toute façon toujours ensemble à la maison... mais ils m'ont dit que ce n'était pas pareil dehors" précise la maman, Natalia Andrade.
Un autre jour, ils ont bien essayé de demander aux policiers (décidément toujours là) de pouvoir profiter du bois privé qu'une de leurs mamies de coeur possède à la campagne...
"Ils (les policiers) m'ont bien précisé que c'est vrai que dans un bois privé, on peut s'y promener, mais pas question d'être tous ensemble dans la voiture... et de faire plus de 2km ! Donc nos balades du dimanche, on a dû aussi y renoncer. C'est vrai que c'est dur, mais bon, on comprend quand même" ajoute Natalia, la maman.
Alors la vie a dû s'organiser dans cette petite maison de ville. Les trois garçons et leur soeur montent et descendent les escaliers à longueur de journée. A défaut de jardin, ce sont les devoirs et les ateliers en tous genres qui occupent tout le monde, y compris Mathias, le plus jeune, qui se met à la broderie !
Dans la cité du val de l'Aurence, Ramatoulaye Mane commence vraiment à trouver le temps long dans l'appartement de quatre chambres, qu'ils sont 9 à occuper. D'habitude, avec l'école, elle peut respirer et avoir des moments à elle, où elle peut vaquer à ses occupations sans être dérangée. Depuis plus de dix jours, plus personne ne part longtemps, les enfants descendent juste au pied de l'immeuble prendre l'air et remontent aussitôt. Et pas question de se sentir en vacances !
"J'ai fait un nouvel emploi du temps et tout doit être respecté rigoureusement ! Le matin, tout le monde est levé pour le petit-déjeuner à 8h30. Puis dès 9h, les tout-petits sont devant France 4 pour le programme scolaire... c'est super bien, ils sont attentifs jusqu'à 10h" souligne Ramatoulaye, la maman.
Ensuite ils ont une pause dessin-animé d'une demie-heure maximum avant de reprendre les exercices à faire. Mohamed, qui est en CP, est le premier à en réclamer. Il adore l'école. Sa petite soeur, Salim, 4 ans, aime bien être avec lui, du coup elle compte, elle lit, elle dessine et découpe. Amy n'est pas loin non plus, elle aussi est du genre concentré sur ses devoirs de CE2. Quant à Aicha, en CM2, elle s'isole dans la chambre entre 10 et 11h tous les jours sauf le week-end car elle est en ligne avec sa maîtresse qui a proposé un cours commun. Seuls deux élèves se connectent. Il faut dire que les petits sont motivés quand ils voient étudier leur grande soeur, Fatoumata, étudiante en géographie à Paris, bien contente d'avoir choisi d'être confinée à Limoges.
"Pour mon grand qui est en 3e, ça va aussi, ses résultats étaient bons jusqu'ici. Et comme c'est le travail continu qui va peut-être être retenu, j'ai de l'espoir pour son brevet. C'est pour mon autre grand de 17 ans qui est en terminale que c'est plus dur. C'est vraiment chaud avec lui. On est beaucoup en conflit car quand je rentre dans sa chambre je le trouve sur ses jeux vidéos. Je lui ai dit que j'allais donner sa console à son frère !" ajoute Ramatoulaye.
Il faut préciser que les deux ainés de la famille sont pour l'un, gendarme à Aixe-sur-Vienne et pour l'autre, policier à Bordeaux, alors la discipline, on connaît dans la famille !
Côté distraction, c'est à 16h, juste après le goûter, que tout le monde se retrouve autour d'un jeu de société. Puis vient l'heure du bain des petits et déjà la préparation du repas pour Ramatoulaye. A 21h30, tout le monde doit être au lit, elle ne veut plus personne au salon. Le temps pour elle de respirer... avant de rejoindre Morphée.