A long terme, la guerre en Ukraine pourrait avoir des conséquences pour Legrand, dont le siège social est à Limoges. Le spécialiste du petit appareillage électronique est bien implanté en Russie.
Le 24 février, au premier jour de l'invasion russe de l'Ukraine, le CAC40 a connu une journée compliquée. En une journée, il a perdu près de 4% de sa valeur. Le groupe Legrand s'était, lui, bien maintenu. Le cours de son action en Bourse n'avait chuté que de 0,79%. Aujourd'hui, la situation semble devenir plus compliquée pour la seule entreprise néo-aquitaine. Le cours de son action a perdu 2,87% ce vendredi 4 mars.
Une forte présence en Russie
Le groupe Legrand est solidement ancré en Russie. Il possède un siège à Moscou depuis 1993. La Russie est d'ailleurs un des dix pays les plus importants pour son activité. Legrand, le spécialiste mondial du petit appareillage électronique, fabrique la moitié des produits vendus sur le marché russe.
Legrand construit son projet industriel en Russie dès 2007. Le groupe rachète alors une usine de disjoncteurs située à Oulianovk, une cité industrielle sur la Volga. Elle appartient au producteur russe Kontaktor, leader sur ce marché. En 2013, un second site est mis en place, dédié aux appareillages et goulottes. Ces deux usines couvraient les deux tiers du marché en Russie.
Le groupe poursuit son implantation en Russie, notamment en se rapprochant de la société In-Systems (groupe LANIT). À Vladivostok, les deux entreprises lancent en 2017 un projet commun de production d’onduleurs électriques Legrand.
Dernier projet en date, la construction d'une nouvelle usine à Oulianovsk. Ce nouveau site de production, d'une superficie de 22 000 mètres carrés, devrait permettre d'augmenter la production de 15% environ. Il devrait être opérationnel au cours de l'année 2022.
Des conséquences encore floues
Le groupe a présenté des résultats-record en 2021. Son chiffre d'affaires a par exemple augmenté de 14,7% par rapport à 2020. Legrand appartient également au Conseil économique franco-russe, au même titre que Renault ou Total. L'organisation vise à faire aboutir des projets de coopération entre les deux pays.
Selon le groupe, Legrand aurait fermé son bureau ukrainien et mis en sécurité la vingtaine de salariés qui y travaillaient. Legrand réalisait en Ukraine 0,2% de son chiffre d'affaires. D'après Olivier Ten, délégué syndical central CGT, "on se soucie de la santé des salariés de ces pays, 28 salariés en Ukraine et 1100 en Russie. On ne sait pas si ces salariés, français ou ukrainiens, ont été rapatriés. On ne sait pas non plus si l'usine russe fonctionne encore." Toujours d'après Olivier Ten, les liens logistiques auraient été coupés entre la Russie et l'extérieur du pays.
Contactée, la direction n'a pas souhaité communiquer officiellement. D'après un délégué syndical, aucune déclaration n'a été faite en interne. Suite aux sanctions imposées par l'Union européenne, Legrand pourrait rencontrer plusieurs problèmes comme des difficultés d'approvisionnement ou une hausse des coûts de production.