A 33 ans, Guillaume Guérin (LR) a pris pour la première fois la tête d’un exécutif devenant en juillet 2020 le président de Limoges Métropole, qui compte près de 210 000 habitants. Quel mode de gouvernance a-t-il choisi et quels sont ses projets pour la communauté urbaine ?
Longtemps qualifié de jeune loup de la politique, Guillaume Guérin fut l’un des principaux artisans de l’historique passage à droite de la mairie de Limoges en 2014, il y est toujours adjoint aux finances, mais il est aussi le patron des Républicains en Haute-Vienne et le président du groupe LR-CPNT au conseil régional où il siège depuis 2014.
A seulement 33 ans, il a pris pour la première fois la tête d’un exécutif en juillet 2020 devenant le président de Limoges Métropole, une aire de vie qui compte près de 210 000 habitants.
Quel mode de gouvernance a-t-il choisi et quels sont ses projets pour la communauté urbaine ? Comment aborde-t-il cette année 2021, quel est son avis sur la gestion de la crise sanitaire par le gouvernement et sur les futures élections régionales ? Guillaume Guérin (LR) est l'invité de Dimanche en Politique ce 24 janvier 2021
Morceaux choisis
Sur la gestion de la crise sanitaire: "Je crois que le gouvernement a surtout beaucoup de chance de trouver les collectivités locales, qu'elles soient de droite ou de gauche puisque les élus de territoire ont fait en sorte de protéger au maximum les Français, sur l'achat des masques, ça s'est vu, sur les tests, aujourd'hui c'est en train de se voir sur les vaccins. Dans nos localités respectives, les territoires sont prêts, les élus locaux sont prêts à faire vacciner la population, encore faudrait-il que nous ayons les doses disponibles".
Le plan de vaccination nationale fait qu'on vaccine de manière progressive et modérée: or, si demain matin le gouvernement nous dit allez-y, vous devez vacciner en masse, nous avons les moyens humains, la logistique technique, nous sommes prêts à vacciner beaucoup plus fort et beaucoup plus vite
Sur la baisse du nombre de contribuables due aux départs des militaires sous la présidence de Nicolas Sarkozy et des cadres de la fonction publique après la fusion des régions sous la présidence de François Hollande : "C'est une perte de pouvoir d'achat pour la ville mais aussi plus largement un impact fiscal très lourd puisqu'il s'agissait de cadres de catégorie A. L'impact sur le territoire est lourd, il en va du financement futur des services que nous offrons à notre population".
Sur la façon dont il souhaite faire venir de nouveaux habitants : "Les études disent que 80% des gens ne changeraient pas de mode de fonctionnement après le Covid. Il reste 20% ce qui représenterait 500 à 700 000 actifs : même si on n'en captait qu'1% ou même 0,5%, ce serait déjà une grande avancée."
L'idée c'est d'avoir un marketing territorial, un packaging qui va nous permettre de vendre ce qu'est le territoire de Limoges : un coût de la vie qui est l'un des moins chers de France, un air pur toute l'année, des crèches sans perturbateurs endocriniens. C'est conforme à ce que veulent les gens qu'on cherche à faire venir.
Sur le désenclavement : "Il faut regarder nos habitants dans les yeux et leur tenir un discours de vérité, même s'il ne fait pas plaisir et qu'il est triste sur le fond : il n'y aura pas de TGV, il peut y avoir une liaison vers l'ouest, rapide, ça s'appelle la concession autoroutière mais ça ne dépend pas de nous. L'implication de Limoges Métropole sur ces 2 dossiers, c'est : d'abord, exiger que la POLT soit rénovée, très rapidement avec des rames neuves, équipées de wifi, propres, qui partent et arrivent à l'heure, c'est plutôt bien parti car Bercy a donné son feu vert. (...) Sur la concession autoroutière vers Poitiers, les principaux décideurs et financeurs sont tous d'accord à une condition c'est qu'il y ait un engagement du privé.
Ce projet d'A 147 coûte un milliard : s'il n'y a pas un concessionnaire privé qui s'engage à hauteur de 500-600 millions, ce projet est infaisable. Les CCI de Vienne et Haute-Vienne disent que des grands groupes autoroutiers seraient prêts à mettre 600 millions. Jean-Baptiste Djebbari s'est engagé verbalement à mettre 200. S'il reste 200 : entre la Région, les deux départements, Limoges Métropole et le Grand Poitiers, nous devrions y arriver.
Sur les élections régionales qui devaient se tenir en juin 2021 : "J'aurais aimé qu'Alain Rousset [NDLR : président PS de la Région et candidat à sa propre succession] ait la même énergie pour défendre l'A147 qu'il l'a eue pour défendre l'A65. Il avait fait des voeux au pôle de Lanaud où il s'était engagé clairement à être presque l'initiateur de l'A 147. Aujourd'hui, malheureusement, pour des questions d'accords électoraux avec les écologistes, j'entends beaucoup moins Alain Rousset sur ce sujet et j'en suis très peiné. Je trouve son silence inquiétant car il était très précurseur sur ce dossier".
"Alain Rousset aura un énorme handicap, c'est son 5ème mandat. Je connais des gens qui ont essayé de faire un 5ème mandat, Alain Rodet pour ne pas le citer, ça a fini mal. Si au 2ème tour, les Verts venaient à tirer la coalition de la gauche en ayant éliminé Alain Rousset au 1er tour, nous prendrions tous, des centristes aux Républicains, nos responsabilités.
Je ne peux pas imaginer que la première région agricole d'Europe soit dirigée par les écologistes, en tout cas pas ces écologistes-là qui vous expliquent qu'il ne faut pas de bassines, pas de rétention d'eau, qui ont une vision du monde rural et du monde agricole qui de toute évidence n'est pas la mienne et qui n'est pas compatible avec la réalité du terrain.
Sur son évolution depuis ses débuts en politique : "J'ai beaucoup changé : on ne peut pas faire de la politique en étant clivant en permanence et en faisant une confrontation droite-gauche parce qu'on est confronté à la gestion du réel. Cette gestion du réel, elle vous oblige à mettre beaucoup d'eau dans votre vin si vous voulez faire avancer vos projets et donc je crois à cette co-gestion de Limoges Métropole et au partage des responsabilités".
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