Handicap et sport. "On ne résonne pas sur les capacités qui manquent, mais sur les capacités qui restent"

Coup de projecteur sur le handisport : la pratique sportive pour les personnes en situation de handicap se développe et les Jeux paralympiques lui ont offert une vitrine exceptionnelle grâce à des champions limousins comme Mathieu Bosredon, Cyril Jonard ou Léane Morceau.

De la boccia à Panazol (Haute-Vienne) au tennis à Cosnac (Corrèze) en passant par le foot fauteuil à Couzeix, le Limousin compte trente clubs sportifs qui proposent une vingtaine de disciplines accessibles aux personnes en situation de handicap moteur.

Le handisport se développe de plus en plus et les Jeux paralympiques lui ont offert une vitrine exceptionnelle. Le grand public a découvert des sports et des sportifs peu ou pas connus. Mais ces jeux ont aussi été une vitrine pour les personnes directement concernées, comme l’explique le Comité régional Handisport de Nouvelle-Aquitaine : "Notre premier frein est de lutter contre la méconnaissance. La méconnaissance des personnes valides, mais aussi celle des personnes en situation de handicap qui ne savent pas qu’elles peuvent pratiquer un sport, ni des capacités physiques qu’elles ont."

Selon une étude du ministère des Sports, en France, aujourd’hui 48% des personnes en situation de handicap n’ont aucune activité physique (contre 34% de la population générale). Le comité régional souhaite faire progresser ce chiffre.

Nous, avec les personnes en situation de handicap, on ne résonne pas sur les capacités qui manquent, mais sur les capacités qui restent.

Alban Miceli,

Directeur des sports à Comité Régional Handisport de Nouvelle-Aquitaine

La Haute-Vienne, département modèle

Avec 252 licenciés et 13 clubs, la Haute-Vienne est le département de l’ex-Limousin où le handisport est le plus développé. "Si on se base sur le contexte géographique, on est souvent limité par l’éloignement des pratiquants et c’est encore plus difficile en milieu rural. Mais en Haute-Vienne, ça n’est pas un frein. Il y a eu un travail très important qui a été fait grâce à un tissu associatif, aux bénévoles et une grande potentialité de pratique, aussi bien pour les handicaps lourds que les handicaps plus légers. De plus, il y a une écoute attentive de la part des collectivités qui nous permet d’être accueillis", poursuit Alban Miceli.

Pour développer la pratique dans le département, le comité a créé une école Handisport. Elle accueille, chaque mercredi après-midi, des jeunes de six à vingt ans :

On leur propose des cycles sportifs avec, par exemple, trois séances de tennis de table, de boccia ou de sarbacane.

Daniel Beaubert

Présidente du comité handisport 87

Et pour susciter encore plus d’engouement, les actions sont nombreuses : initiations à des sports plus originaux comme la boxe ou le taekwondo, animations régulièrement organisées durant les vacances scolaires et une journée sport nature organisée à chaque fin de saison sportive.

Cette année, deux nouvelles sections ont ouvert : cécifoot et tennis de table à Saint-Yrieix-la-Perche.

Le renouveau du handisport en Corrèze

En Corrèze, depuis 2016, il n’existait plus de comité handisport. Mais en avril 2023, Charles Debieuvre (lui-même amputé d’une jambe en 2021) a repris le flambeau. 

Quand on perd un membre, on a comme une révélation. Dans mon cas, ça a été de m’investir pour les autres personnes en situation de handicap.   

Charles Debieuvre

Président du comité handisport 19

Résultat, un an et demi après sa reprise, le comité corrézien réunit déjà 14 clubs et une quarantaine de pratiquants à Brive. "Certains clubs accueillaient toujours des personnes en situation de handicap, mais de façon non officielle", explique le président. Mais il a aussi fallu en convaincre de nouveaux, et surtout, aider les clubs de bonne volonté à obtenir leur affiliation auprès de la fédération handisport : "Il faut débloquer des créneaux spécifiques et trouver de nouveaux locaux adaptés et accessibles lorsque les clubs n’en ont pas. Dans ce cas, le comité intervient auprès des collectivités, notamment la mairie de Brive, pour trouver des solutions. C’est un travail de longue haleine."

Le handisport est en effet un combat au long cours. La section piscine corrézienne, l’une des plus anciennes et des plus demandées avec trente-cinq pratiquants, se retrouve depuis septembre sans animateur. "C’est l’une des activités les plus demandées et nous avons à Brive l’une des piscines les mieux adaptées avec notamment une salle de change dédiée aux personnes en situation de handicap. Mais je n’ai personne pour l’instant", regrette Charles Debieuvre qui aimerait aussi avoir un peu plus de bénévoles autour de lui.

Heureusement, parfois le travail paye. Prochainement, le comité corrézien accueillera deux nouvelles sections : le tennis de table, le tennis fauteuil et la boccia à Brive. Une vingtaine de personnes sont déjà sur la liste d’attente pour la boccia.  

Tout à construire en Creuse

En Limousin, la Creuse est le parent pauvre du handisport puisqu’il n’existe aucun comité. Il n’y a, en effet, pas assez de clubs disposés à accueillir des personnes en situation de handicap.

Pour tenter d’améliorer cette situation, le comité régional va développer une stratégie afin de créer une dynamique : "On va aller au contact en passant par les centres de rééducation qui prennent en charge des patients à qui on proposera des activités au sein de ces établissements. Ensuite, on espère que ces personnes basculeront vers une offre traditionnelle en club", conclut le président du comité régional handisport de Nouvelle-Aquitaine.

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