Le rapport date du mois de février, mais on ne l'apprend qu'aujourd'hui : le CHU de Limoges a reçu une certification sous conditions de la Haute autorité de santé. C'est une première. Le fonctionnement des urgences est notamment mis en cause.
On ne l'apprend qu'aujourd'hui mais cela date du mois de février : le centre hospitalier universitaire (CHU) de Limoges a reçu une certification "sous conditions" de la part de la Haute autorité de la santé (HAS), en février 2023.
Premier critère non respecté lié aux urgences, expliqué par la crise sanitaire
La HAS inspecte les hôpitaux tous les quatre ans. Cette fois, au CHU de Limoges, selon son dernier rapport, sur quatorze critères impératifs, deux ne sont pas respectés. Le premier critère concerne les urgences, où "les patients en attente d'hospitalisation sont parfois amenés à séjourner plusieurs jours sur des brancards dans les couloirs".
La présidente de la commission médicale d'établissement, Pr Muriel Mathonnet, se défend en expliquant que le contexte de l’inspection, qui a eu lieu en mai 2022, était exceptionnel : "Lorsque les inspecteurs de la HAS sont venus, le CHU de Limoges sortait de la crise sanitaire, donc on était encore en train d'absorber les patients en retard de soin et tout ce que l'on avait reporté. Donc, on était vraiment dans un contexte très particulier. Les urgences ne sont qu'un symptôme."
Deuxième critère non respecté lié au circuit du médicament
Le second critère impératif qui n'est pas respecté est celui du circuit du médicament. Selon le rapport, "malgré plusieurs types d'actions de sensibilisation depuis 2011, les équipes, pour moitié, ne connaissent pas les médicaments à risques utilisés dans leur secteur, ni les mesures particulières à appliquer", ajoutant que "les bonnes pratiques de stockage des médicaments ne sont pas complètement respectées".
Muriel Mathonnet nuance la situation : "Certains patients utilisent des médicaments à risque sans savoir qu'ils sont étiquetés à risque, comme le Doliprane ou l'insuline. Nos soignants connaissent ces médicaments, on a fait beaucoup de campagne d'information pour pointer du doigt ce que l'on doit vraiment étiqueter et connaître comme médicaments à risque mais les listes sont très longues. Ils savent que ce sont des médicaments qui peuvent être dangereux et lorsque les inspecteurs de la HAS passent, des fois, ils ont simplement un peu de mal à l'exprimer."
"La situation aux urgences n'est pas près de s'améliorer"
Néanmoins, ces résultats ne surprennent pas Florence Metge, déléguée syndicale CGT au CHU de Limoges, dans un contexte encore tendu : "On a un afflux de patients, car la médecine de ville ne joue peut-être pas non plus son rôle, mais nous, à l'heure actuelle, on a 150 lits fermés à l'hôpital et on nous annonce jusqu'à 230 lits fermés pendant l'été, donc la situation aux urgences n'est pas près de s'améliorer."
Concernant le circuit du médicament, Mme Metge reconnaît des "lacunes", qui peuvent être expliquées selon elle par un manque de personnel : "On manque de pharmaciens et de préparateurs en pharmacie qui puissent aller dans les services pour faire un travail pédagogique."
Lors du passage des inspecteurs de la HAS, certains médecins avaient boycotté la certification. "À l'heure où la maison brûle, on nous demande si la vaisselle est faite", avait expliqué le docteur Sylvain Palat, également porte-parole du collectif inter-hôpitaux, au Quotidien du médecin. Il dénonce aujourd'hui des politiques nationales qui ne répondent pas aux difficultés de l'hôpital.
"On est sur des mesurettes additionnées. À chaque changement de ministre de la Santé, une nouvelle mesure, une loi, un plan santé, mais finalement, pas d'approche globale de nos difficultés à nnous".
Sylvain Palat, médecin et porte-parole du collectif inter-hôpitauxFrance 3 Limousin
Le CHU de Limoges est en train de retravailler ses procédures pour accueillir à nouveau les inspecteurs d’ici à la fin de l’année 2023. Le service des urgences devrait déménager dans de nouveaux locaux en 2025.