C'est un procès en appel observé de près, car il permet, de nouveau, de tenter d'en savoir plus sur la personnalité de cet homme mis en examen, par ailleurs, pour le meurtre et le viol de la jeune Lotoise à Brive, en Corrèze, en octobre 2022. Lucas Larivée, ouvrier agricole en Corrèze, est mis en cause pour l'incendie d'une ferme où il avait travaillé en 2020. En première instance, il a été condamné à deux ans de prison ferme pour ces destructions.
À l'audience ce mercredi après-midi, Lucas Larivée conteste ce qui lui est reproché. Dans le box, l'ouvrier agricole de vingt-trois ans se présente plein d'assurance, le regard droit vers le Président, nullement déstabilisé de se retrouver, une nouvelle fois, devant des juges et de toute évidence bien préparé par son avocat, car pas déstabilisé non plus. Le peu qu'on a entendu de lui, c'est "Non" ou "je ne sais pas" ou "je ne peux pas répondre ; car je ne suis pas un expert" et même un "tant pis" quand l'avocate des victimes lui a confié ne pas comprendre sa position. Et, de toute évidence, la stratégie de défense de son avocat est d’occuper le terrain à sa place : on a beaucoup plus entendu Me Labrousse interrompre les débats, noyer la Cour d’explications et d’effets de manche. Une attitude pour éviter peut-être à son client de se retrouver fragilisé sous un feu de questions.
Il lui est reproché deux départs de feu dans un tunnel de stockage de foin dans la ferme de son ex-employeur, Clément Bourg, qui venait de reprendre la ferme de son père, et dans un hangar photovoltaïque où étaient entreposés un tracteur et du matériel agricole. Tout a été totalement détruit. Il lui est reproché également d’avoir ouvert cinq silos d’aliments pour bétail et d’en avoir ensuite inondé une partie avec un tuyau d’arrosage pour être sûr que ce soit détruit.
Pour son avocat, la relaxe s’impose : "C'est une évidence pour moi. Techniquement, il n'y a pas la preuve de ce qu'il soit un incendiaire, confirme Michel Labrousse. Les éléments de preuve qui ont été retenus contre lui sont fantaisistes."
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Quelles sont les preuves fournies par les enquêteurs ?
Il s’agit d’une empreinte de chaussure prélevée sur place qui correspond à sa pointure et à une basket retrouvée chez lui, avec encore des granulés des silos ouverts.
Il y a aussi son téléphone qui a borné à Saint-Hilaire-Peyroux, lieu de l’incendie, pendant le laps de temps du sinistre, ainsi qu'une photo trafiquée et postée sur les réseaux sociaux comme pour lui fournir un alibi de sa présence à une fête à cette heure-là.
La Cour dira, dans sa décision, si ces preuves sont suffisantes.
Quel serait le mobile ?
Ce serait une réunion, deux jours avant, entre trois de ses employeurs et son formateur à l’école d’apprentissage. Ils lui auraient reproché ses retards, la mauvaise qualité de son travail et son attitude. Un recadrage qu’il pourrait ne pas avoir supporté.
Rappelons que les psychologues et psychiatres ont relevé une impulsivité et une forte intolérance à la frustration, ce qui fait écho, bien sûr, au drame d’octobre 2022. Pour l’Avocate des deux agriculteurs dont la ferme a été brûlée, il n’y a aucune remise en question de sa part, ce qui lui a fait dire, dans sa plaidoirie, que la situation s'aggravait.
Christine Marche, précise que ses clients "ont beaucoup de mal parce que cet enfant était un peu dans la toute puissance et c'est un peu la difficulté de ce dossier, c'est qu'il n'arrive pas à se remettre en cause ou en tout cas, à accepter d'avouer des choses qu'il a pu faire. Donc, il donne des explications qui sont totalement contraires à la réalité. Et c'est fort dommage, bien sûr pour mes clients, mais surtout pour lui"
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Le Procureur sollicite la confirmation des deux ans de prison ferme prononcés par le tribunal correctionnel de Tulle en début d’année. La cour a mis sa décision en délibéré au 17 juillet 2024.