À Limoges, ce samedi 7 décembre, des salariés du groupe Décathlon ont débrayé et sensibilisé les clients de la marque multisport à leurs inquiétudes. Ils dénoncent une surcharge de travail et des départs non remplacés. Une action qui intervient en pleine négociation des salaires. De son côté, la direction du groupe s'explique.
En arrivant au magasin Décathlon de Family Village, au nord de Limoges, les clients de la marque multisport ont vu des maillots d’une couleur peu habituelle s’agiter devant les portes. Pas un maillot de sport non, mais un gilet orange, celui de représentants CFDT en débrayage pour exprimer leur mécontentement.
Une surcharge de travail pour les restants
Le mouvement national d'appel à la grève, lancé par l'intersyndicale, a été suivi à Limoges par une poignée de salariés. D'abord, ils dénoncent le décalage entre la réussite du groupe et leurs conditions de travail. En pleine négociations annuelles, les résultats financiers du groupe ont été publiés. C'est ce qui a mis le feu aux poudres. Un milliard d'euros de dividendes ont été versés aux actionnaires au titre de l'exercice 2024. Le groupe a généré plus de quinze milliards d'euros de chiffre d'affaires l'année dernière.
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En outre, les syndicats s’inquiètent de l’orientation globale que prend le groupe. Ils pointent une baisse rampante du nombre de salariés dans les magasins physiques.
Nous payons très cher la stratégie du tout-digital. En France, des magasins et des entrepôts ferment. Cette année, nous avons perdu 1 000 équivalents temps-plein sur 330 magasins. Soit trois personnes par magasin.
Didier Parvaix, responsable CFDT au Décathlon de Limoges Zone Nord
La baisse des effectifs a, selon le syndicat CFDT, des répercussions sur les salariés restants. "À Limoges, les arrêts maladies de longue durée ne sont pas remplacés, il y a donc moins de monde en face du client, moins d’expertise. Et plus de tâches à effectuer par salarié", déplore Didier Parvaix, élu au CSE.
De son côté, Décathlon dit poursuivre le dialogue "direct et régulier avec l’ensemble de ses équipes". L’entreprise qui appartient au groupe Mulliez affirme : "Nous restons particulièrement attentifs aux questionnements et revendications exprimés dans le cadre de l'appel à la grève lancé et demeurons engagés dans un dialogue constructif avec les représentants du personnel dans le cadre des Négociations Annuelles Obligatoires (en cours depuis fin novembre 2024)."
Décathlon se dit à l'écoute, mais réfute les arguments syndicaux
Sur la baisse des effectifs dénoncée par la CFDT, le service presse de Décathlon ne confirme pas, mais n'infirme pas non plus le chiffre avancé par le syndicat. Il le justifie. Il nous répond qu’il s’agit de "mouvements naturels, tels que l’arrivée à terme de contrats à durée déterminée et des départs volontaires." Avant d’ajouter : "Ces évolutions font partie intégrante d’une gestion courante et maîtrisée des ressources humaines."
Avec 23 000 salariés sur toute la France, la filiale du groupe Mulliez rejette l’argument de la stratégie du tout-digital. Il affirme compter sur les magasins physiques et va même plus loin. Décathlon dit accélérer leur développement. "L'investissement aura augmenté de 132 % entre 2022 et 2025."