Pour leurs 50 ans d’existence en 2020, les Déménagements Hubert Fraisseix ont dû faire face à la crise du coronavirus, à l’image de beaucoup d’entreprises du secteur
« J’ai vécu un drame », avoue d’emblée le fils du fondateur de la société, Sébastien Fraisseix qui poursuit son propos : " C’est une entreprise familiale pour laquelle mon père s’est beaucoup battu ". À 82 ans, Hubert, le patriarche, ancien coureur cycliste professionnel et ami de Raymond Poulidor, est toujours bon pied bon œil. Voilà déjà 20 ans qu’il a transmis les rênes à Sébastien, alors âgé de 25 ans, qui, depuis, a su développer l’affaire, passant de 14 à 50 salariés.Quand Emmanuel Macron prononce « son appel du 16 mars », le dirigeant encaisse le coup. D’abord groggy, il réagit rapidement
Le 17 mars au matin, le patron débarque au bureau et clôture donc l’entreprise jusqu’à nouvel ordre, après avoir pris le temps de convoquer ses salariés :Sans préconisations ni décret, on a d’abord été les seuls à arrêter, à fermer nos portes
" Je leur ai dit : « vous êtes là ce matin mais à midi vous rentrez chez vous ». "
Trop ému pour en dire davantage, déstabilisé aussi par le poids des responsabilités, il s’épanchera un peu plus le soir-même sur la page Facebook de la société :
La suite ? " Le téléphone s’est arrêté de sonner pendant un mois, on a eu une foule d’informations et au milieu de tout ça, je peux dire qu’il y a eu des belles choses. "J’ai fait un mot à mes salariés en leur expliquant que je me battrais jusqu’au bout pour eux et l’entreprise
Comme une belle solidarité avec des confrères qui partagent les mêmes valeurs, notamment à Bordeaux, pour se soutenir dans cette crise et tenter de trouver des solutions. Il y a aussi eu des révélations ou plutôt la confirmation pour le chef d’entreprise de liens forts avec ses collaborateurs :
C’est dans les moments durs qu’on se rend compte pourquoi on travaille, et pourquoi on vit. J’ai une équipe formidable qui m’a suivi. C’est un métier fabuleux !
Cette phrase prononcée par ses salariés lui a donné du baume au cœur au beau milieu de la crise sanitaire. Tout comme le fait que ceux-ci aient accepté de prendre des congés jusqu’à la fin mars avant que le dispositif du chômage partiel ne soit enclenché sur place.On viendra travailler le samedi s’il le faut !
D’ailleurs, Sébastien Fraisseix s’attend à une énorme vague de divorces qui entraînera de facto beaucoup de déménagements !On a tous repris le 4 mai afin de préparer le déconfinement du 11 mai. Depuis, nos 27 déménageurs sont sur le pont 45 heures par semaine pour satisfaire nos clients
Le malheur des uns fait le bonheur des autres, c’est bien connu.On compte déjà 10 prestations liées à des séparations depuis le 11 mai
Sur le contexte économique global ? Optimiste et sûr de la qualité de service offerte par son entreprise, le patron de 45 ans n’en est pas moins très critique d’une certaine morosité ambiante :
Pour lui, impossible de gérer une société dans ce contexte si l’on a pas la foi :Je suis très en colère par rapport à ce discours pessimiste de crise. Le simple fait de le dire, c’est dramatique alors qu’on a plein d’indicateurs positifs
" il faut un but pour se lever le matin lequel ? La pérennité, la survie, rester dans le positif. Il n’y a pas que l’argent qui compte. "
Autre lueur d'espoir, depuis le 21 mai, l’étau s’est desserré un peu plus pour les déménagements. Un arrêté autorisant de déménager à plus 100 km a été publié au journal officiel. Un 8e motif possible figurant sur l’attestation de déplacement alors qu’auparavant, seuls les déménagements à plus 100 km insucceptibles d’être reportés pouvaient se réaliser. Il fallait alors cocher la case « motif familial impérieux ».