Les cinémas du Limousin ont dressé le bilan de l'année 2023. Avec les changements d'habitudes des spectateurs, l'année qui débute est pleine d'espoir, mais sans certitude... Avec des différences marquées entre grandes villes et zones rurales.
Confinements, inflation, punaises de lit... Le cinéma retrouve sa vitalité petit à petit, mais depuis le début de la crise covid, l'industrie du film est pénalisée durablement.
Ainsi, le groupe Grand Écran à Limoges a assuré une année plutôt conforme à la tendance nationale. L'année 2023 a été meilleure que l'année 2022 avec 750 000 entrées enregistrées. "C'est en adéquation par rapport à nos projections, c'est la deuxième année de suite qu'on progresse, c'est plutôt positif", se félicite Bruno Penin, directeur du cinéma.
Certains cinémas ruraux suivent la même tendance. "On est à peu près en accord avec le niveau national, on était à peu près 4 008, 4009 entrées cette année, contre environ 4 000 l'année dernière", détaille Bruno Laplaud, gérant du Colisée à Châteauneuf-la-Forêt, en Haute-Vienne.
Les cinémas ont profité de l'effet des blockbusters sortis au cinéma comme Avatar ou Barbie. La fréquentation a aussi beaucoup augmenté grâce au pass culture, une carte qui permet, entre autres, aux lycéens d'obtenir des places gratuites pour se rendre dans les salles obscures.
Comment se profile 2024 ?
Plusieurs travaux de rénovation ont été effectués aux cinémas Grand Écran de Limoges afin d'installer des projecteurs lasers dernier cri et des sièges plus confortables. La stratégie semble avoir porté ses fruits. Bruno Penin est plutôt optimiste pour l'année 2024, "On essaye de se renouveler, mais on anticipe ce qui va se passer avec la crise à Hollywood, les sorties de films, les Jeux olympiques... le cinéma n'est pas une science exacte, il y a beaucoup de facteurs qu'on ne maîtrise pas."
Le cinéma n'est pas une science exacte, il y a beaucoup de facteurs qu'on ne maîtrise pas.
Bruno Peningérant des Cinémas Grand Ecran à Limoges
Mais l'année 2024 paraît plus préoccupante pour d’autres." Ça ne sent pas bon, avoue le gérant du Colisée, on va devoir diversifier notre activité comme le font d'autres cinémas, proposer du théâtre ou des ciné-concerts."
De nouvelles habitudes
Les cinémas doivent s'adapter aux nouvelles habitudes des consommateurs, marqués par la crise sanitaire. " Les séances de 22h sont devenues anecdotiques, constate Bruno Penin. On remarque depuis le confinement que les amplitudes entre période forte et faible sont encore plus marquées."
"Pour la fréquentation, ça dépend beaucoup de l'humeur de gens, du contexte général. Généralement, les vacances, c'est plutôt bon pour nous. Mais là, pour le Nouvel an, beaucoup de gens ont fait le réveillon chez eux", se désole Bruno Laplaud.
Pour la fréquentation, ça dépend beaucoup de l'humeur de gens, du contexte général.
Bruno LaplaudGérant du cinéma le Colisée à Châteauneuf-la-Forêt
La qualité des films sortis joue aussi beaucoup sur les tickets d'entrée. "Il y a un fort attrait pour le cinéma français ici, mais cette année, on a été un peu déçu", confie le gérant du Colisée.
L'inflation a obligé des consommateurs à surveiller les dépenses."J'aimerais bien aller plus souvent au cinéma. J'aime beaucoup la culture cinématographique, mais je n'ai pas le budget, regrette Luna, 23 ans, étudiante en alternance. Les plateformes de streaming sont aussi de sérieuses concurrentes aux salles de cinéma. Ça permet d'avoir un accès à la culture à un prix raisonnable", complète-t-elle.
J'aimerais bien aller plus souvent au cinéma. J'aime beaucoup la culture cinématographique, mais je n'ai pas le budget.
Luna23 ans, étudiante
Elle est loin d'être la seule à avoir délaissé le cinéma pour les plateformes à la demande, "On peut regarder ce qu'on veut quand on veut, souligne Benoît, 17 ans. Mais, je vais au cinéma trois à quatre fois par an, grâce au pass culture", reconnaît-il. Tout espoir n'est pas perdu pour voir les jeunes générations reprendre le chemin des salles obscures...