Une dizaine de jeunes sans papiers et sans logement demandent la protection du Conseil départemental de la Haute-Vienne. Le Département assure agir en fonction de ses compétences et appliquer la loi à la lettre.
Ils demandent au Conseil départemental de leur ouvrir ses portes. Les membres d’un groupe d’accompagnement de jeunes migrants exigent un rendez-vous avec Jean-Claude Leblois, le président du conseil départemental de la Haute-Vienne.
"Ces jeunes sont en hébergement précaire. C’est les mettre en danger que de ne pas leur donner un abri en cette période"
-Agnès, une membre du collectif Chabatz d’entrar.
En parallèle, pour rendre visible leur situation, les jeunes et les membres du réseau haut-viennois ont planté des tentes lundi 25 mai 2020, devant le siège du conseil départemental, à Limoges, avant d’être délogés par les forces de l’ordre. "Un déploiement disproportionné par rapport à notre rassemblement bon enfant»", affirme Agnès, une autre membre du collectif, avant d’ajouter :"Cela fait plusieurs fois que nous sollicitons une entrevue, en vain. Il va falloir trouver une solution pour se faire entendre !"
De son côté, la vice-présidente en charge des politiques de l'enfance, de la famille et des solidarités, Gülsen Yildirim se dit prête à les rencontrer et assure que le dialogue n’est pas bloqué. "C’est un sujet qui nous touche et on essaie de faire au mieux, dans le cadre de nos compétences. S’ils étaient mineurs, je vous assure qu’ils seraient pris en charge par nos services. Et même pendant la période d’évaluation, où on ne sait pas s’ils sont majeurs ou mineurs, ils sont pris en charge par nos services."
La situation d’un jeune migrant dépend de son âge. Dès lors qu’il est reconnu mineur, il doit être protégé. C’est une compétence obligatoire pour chaque département. Lorsqu’il y a un doute sur l’âge de l’adolescent, c’est le Parquet qui tranche.
Ces jeunes migrants qui interpellent aujourd’hui le Département de la Haute-Vienne n’ont pas été reconnus mineurs par le juge des enfant, mais affirment toujours avoir moins de 18 ans. Il sont dans l’attente de la réponse à leur recours. Le collectif Chabatz d’entrar dénonce leur "mise à la rue" pendant ce laps de temps. "C’est toujours très long et ils se retrouvent dans une situation précaire pendant un bon moment. Le vrai problème est là."
A partir du moment où l’adolescent est considéré comme majeur, il relève de la compétence de l’Etat. L’Etat, qui pendant cette période d’urgence sanitaire, s’engage à proposer un hébergement, ainsi qu’une aide alimentaire à toute personne qui en fait la demande.
" Le risque pour ces jeunes, c’est d’être implicitement reconnus majeurs, s’il acceptent l’hébergement par le 115", explique une bénévole de l’association. "Et puis, que devient la prise en charge éducative et sanitaire ? Ces jeunes se retrouvent livrés à eux-même. Vous imaginez un adolescent loin de sa famille et qui n’a personne pour l’accompagner ?"
Selon les derniers chiffres, 154 mineurs non accompagnés sont actuellement suivis par le département de la Haute-Vienne. Difficile de savoir combien d’autres jeunes ont besoin de protection.