Jusqu'à un quart d'eau en moins d'ici à 2050 en Haute-Vienne. La nécessité du partage de la ressource.

Ce vendredi 1ᵉʳ décembre, le préfet de la Haute-Vienne organise un débat sur le thème de l'eau potable avec des élus locaux. L'enjeu est d'investir massivement pour garantir l'approvisionnement pour les 50 ans qui viennent.

Le Chalard est une charmante petite bourgade située dans le sud de la Haute-Vienne. Jacques Boutard en a été le maire entre 1936 et 1945. Il a eu la bonne idée de raccorder sa commune à une source qui coule à flot à 4 km du centre du village. Depuis cette époque, Le Chalard est autosuffisant en eau potable et gère lui-même la ressource. 

Nous avons un très bon débit depuis la dernière guerre. Il ne faiblit pas en période de sécheresse. Ça ne nous enchante pas du tout que la compétence eau nous échappe.

Annick Huchet

Maire (SE) du Chalard

Daniel Boisserie, maire (PS) de Saint-Yrieix-la-Perche, voit de son côté d'un très mauvais œil que l'assainissement de sa ville devienne intercommunal : "je suis en profond désaccord avec ce que veut faire l'État. Pourquoi changer quelque chose qui fonctionne ?"

Car la loi NOTRe du 7 août 2015 prévoit le transfert des compétences eau et assainissement vers les communautés de communes et les communautés d'agglomération à compter du 1ᵉʳ janvier 2026.

Vendredi 1ᵉʳ décembre 2023, François Pesneau, le préfet de la Haute-Vienne, va tenter de convaincre les récalcitrants lors d'un débat sur la gouvernance de l'eau, auquel participeront les membres de la commission départementale de la coopération intercommunale.

Pour connaitre le nom des participants, il vous suffit d'aller à la page 21 de ce document.

Les maires disent pourquoi vous voulez changer un système qui fonctionne ? Sauf que ce système arrive au bout aujourd’hui.

François Pesneau

Préfet de la Haute-Vienne

Eau potable : le préfet de la Haute-Vienne répond à France 3 Limousin : 

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Ce vendredi 1ᵉʳ décembre, le préfet de la Haute-Vienne organise un débat sur le thème de l'eau potable avec des élus locaux. L'enjeu est d'investir massivement pour garantir l'approvisionnement pour les 50 ans qui viennent. ©Franck Petit, André Abalo, Stéphane Bayle

L'eau potable, un enjeu majeur

L'étude, commandée par le conseil départemental de la Haute-Vienne à la société Eaucea, se veut alarmiste. Les volumes d'eau disponibles dans les rivières sur le département, à l'horizon 2050, baisseront entre 3% et 24 % selon les endroits.

Autant dire que les communes qui sont déjà en déficit se retrouveront en grande difficulté dans quelques années. Il faut rappeler que le Limousin ne dispose quasiment pas de nappes phréatiques. 

Selon le préfet de la Haute-Vienne, "On se rend compte que l'on peut avoir des problèmes de qualité dans certaines communes. On est parfois obligés de couper la prise d'eau et d'approvisionner avec des citernes ou des bouteilles en plastique. On peut aussi avoir des problèmes de quantité quand les sources se tarissent".

François Pesneau ajoute que les canalisations installées dans de nombreuses communes depuis plus de 50 ans sont extrêmement fuyardes. Il est nécessaire de les remplacer : "Par endroits, vous êtes obligés de prélever deux litres d’eau pour en distribuer un seul au robinet."

Une commune ne peut assumer seule le remplacement des canalisations. Ce sont des investissements colossaux, mais qui sont nécessaires, parce qu'en plus, certaines canalisations ne sont pas aux normes sanitaires.

François Pesneau

Préfet de la Haute-Vienne

Mutualisation

Voilà pourquoi le préfet va inviter les petites structures de gestion de l'eau à se marier entre elles pour avoir une assise financière assez importante pour investir : "Il faut qu’ils choisissent avec qui ils veulent s'unir en fonction des bassins hydrologiques, en fonction des affinités, de façon à faire des structures suffisamment porteuses".
D'autant que l'eau est un bien commun. Les communes qui en ont le plus doivent approvisionner celles qui en ont le moins. 
La ville de Limoges compte cinq immenses barrages construits à partir des années 50. Il lui faudra partager ces réserves d'eau de surface. 

Je pars du principe que la puissance de feu de Limoges Métropole et de ses équipements doivent nous permettre de jouer le jeu.

Guillaume Guérin

Président (LR) de la communauté urbaine de Limoges

Il sera donc nécessaire d'interconnecter tous les réseaux d'eau. Là encore, les travaux seront colossaux et coûteront des millions d'euros. 

L'eau potable coûte en moyenne 3,70 € par m³ en France. Dans le nord de la Haute-Vienne, la commune de Lussac-les-Eglises est pour l'heure alimentée par un captage et ne le facture que 2,89 € à ses usagers.
Le montant de la facture va augmenter dans les années qui viennent. L'enjeu étant de sécuriser l'alimentation en eau potable des habitants.

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