Crise au Limoges CSP : l'heure des comptes à Paris

Les dirigeants du club ont rendez-vous jeudi à midi avec le contrôleur financier du basket français. Pour maintenir le Limoges CSP dans l’élite, ils doivent présenter des comptes à l’équilibre et un budget prévisionnel crédible, malgré un déficit surprise estimé à un million d’euros. Voici quatre questions pour comprendre les enjeux et les stratégies.

Une heure pour convaincre. Ce sera ce jeudi 8 juin entre 12 h et 13 h, dans les locaux de la Ligue Nationale de Basket, à Paris.

Quatre personnes font le voyage : Céline Forte, la propriétaire du CSP, sa fille Angiolina, directrice de la communication, le président Yves Martinez, ainsi que le contrôleur de gestion du club. Le directeur général, Alain Cloux, n'est plus de la partie.

Ils rencontreront la Direction Nationale du Conseil et du Contrôle de Gestion (DNCCG). Cette instance contrôle la gestion administrative, financière et juridique des clubs de basket professionnels.

Une audition déterminante ?

Tous les clubs doivent passer cette étape, mais pour la plupart, c’est une formalité : le budget est clair et déjà connu. En revanche, pour le CSP cette année, cette audition sera décisive.

En effet, si la saison du club fut mouvementée sur le parquet, elle l’a été encore plus en coulisses, avec un déficit aussi énorme qu’inattendu. Il est estimé, par plusieurs sources, à plus d'un million d’euros, sur un budget de 6,5 millions.

Demain, les dirigeants devront montrer qu’ils ont comblé le déficit, et convaincre qu’il ne va pas se creuser à nouveau. L'objectif de la DNCCG est en effet de s'assurer qu'aucun club ne risque de dévisser en cours de saison.

Quels leviers ? 

Une réunion a eu lieu à Limoges, entre partenaires, en début de semaine. Des accords de confidentialité ont été signés, aucun détail ne peut donc filtrer. Quelques pistes ressortent tout de même. Le club devrait ainsi jouer sur deux leviers.

D’abord, il faut réduire le fameux déficit. Pour cela, les dirigeants comptent notamment sur leurs partenaires et leurs fournisseurs. Des partenaires pourraient montrer leur solidarité en achetant aujourd’hui des prestations non prévues et qui se concrétiseront l’année prochaine. Le club peut aussi demander à des fournisseurs de revoir le montant de leurs factures à la baisse.

Ensuite, il faut de l’argent frais. La famille pourrait notamment investir à nouveau, et le club pourrait faire appel à d'autres partenaires. Sur ce point, aucune information précise n'apparaît.

Les partenaires actuels semblent aujourd’hui soutenir le club, dans un esprit de sauvetage, et dans l’urgence.

Mais c’est une opération à deux temps. Une réflexion sera ensuite engagée pour structurer la société différemment. Un partenaire confie : "On est solidaires avec le CSP, mais il faut aussi que le CSP soit sérieux."

Quels sont les risques ?

Face au dossier présenté par le CSP, la DNCCG aura plusieurs options.

Si le conseil supérieur de gestion considère que la situation est trop grave, elle peut rendre sa décision en urgence dans les prochains jours. Le club serait alors fixé sur son sort avant le 12 juin, et ce ne serait pas bon signe...

Après, l’instance a trois possibilités. Si le club propose un budget acceptable, alors il est engagé à nouveau en première division.

Si la situation est jugée tangente, le conseil supérieur de gestion peut demander arbitrairement de baisser la masse salariale sportive, pour sécuriser les finances du club.

Enfin, si le dossier est trop bancal, l’engagement est refusé. Le CSP aurait alors huit jours pour repasser devant la même instance, et si la décision ne change pas, il reste encore dix jours pour faire appel.

La DNCCG se prononcera le 22 juin pour tous les clubs.

Quel engagement de la mairie ?

La ville de Limoges, qui subventionne le CSP à hauteur d’un million d’euros, a rédigé une lettre d’engagement pour la DNCCG. Elle confirme son soutien financier, à condition que le club reste dans l’élite.

Sylvie Rozette, adjointe au sport, explique : "Notre rôle, c’est de soutenir le club qui est une institution pour la ville, malgré sa fragilité. Il faut garder la tête froide (…).  Il y a eu la crise Covid, une crise des dirigeants… Le CSP, c’est un bateau qui tangue. Il faut passer la tempête, et pour ça il faut sortir les rames."

Mais la ville n’ira pas plus loin pour boucher le trou financier. D'abord, parce que le CSP reste une société sportive. Ensuite, il y a le risque d’être coresponsable en cas de faillite : "On pourrait nous demander de rembourser des dettes qu’on aurait participé à générer."

Mais la municipalité ne se contente pas d’un soutien financier. Sylvie Rozette détaille : "Mon travail a été de rapprocher le club des instances du basket, pour qu’elles puissent expliquer comment ça fonctionne ailleurs, quelles sont les bonnes procédures, pour que le CSP s’inspire de bonnes pratiques."

Le Limoges CSP semble, encore une fois, à reconstruire, et l’audition de ce jeudi décidera de l’ampleur du chantier.

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