C’est une représentation inédite. La salle de spectacle de Panazol LE ROC accueille, depuis ce jeudi, la troupe du théâtre de la Sorbonne à Paris. Dix comédiens, professionnels et amateurs, tous étudiants ou qui l’ont été de Sorbonne Université répètent pour une générale ouverte au public ce jeudi vers 19h. Le spectacle, lui, est donné ce 10 novembre à 20h30. Déclamation, costumes et décors sont fidèles à la pièce originale, dernière comédie-ballet écrite par Molière et jouée au Palais-Royal à partir du 10 février 1673.
L'Université de Limoges, le Service Culturel et Sorbonne Université, plus précisément le Théâtre Molière Sorbonne, co-organisent, en partenariat, la représentation de la comédie-ballet "Le Malade imaginaire" de Molière, en partenariat avec la Ville de Panazol, le soutien de la DRAC, la Casden et du Crédit Mutuel Enseignant.
Il s'agit d'une mise en scène historiquement informée.
La déclamation des comédiens, leurs costumes et les décors de la pièce, jouée par la troupe de Molière dite la Troupe du Roy, reproduisent fidèlement les consignes originales telles que conçues par Molière. Il s’agit là du résultat d’un travail de recherches historiques en musicologie, théâtre et danse, sous l’égide de Georges Forestier, directeur de Théâtre Molière Sorbonne et professeur émérite à Sorbonne Université. La dernière œuvre du dramaturge est en effet celle pour laquelle il existe un nombre exceptionnel de documents.
On a travaillé sur la base des inventaires retrouvés. Il faut savoir qu’à l’époque de Molière, les comédiens achetaient leurs propres costumes, c’était leurs outils de travail. Certains étaient hypothéqués, ils étaient donc décrits avec grande précision puisque le prix évalué en dépendait
Mickaël Bouffard-Veilleux, metteur en scène du Théâtre Molière Sorbonne
Ces costumes faisaient également l’objet d’un inventaire quand les comédiens se mariaient, le statut matrimonial étant la communauté de biens, ou après leur décès dans le cadre de leur succession. Loane Lavechin, costumière, a suivi ainsi scrupuleusement les indications recueillies pour élaborer les costumes de la pièce.
Par ailleurs, Molière ayant rendu son dernier souffle chez lui après avoir joué la quatrième représentation l’après-midi, le règlement de sa succession a nécessité de conserver toutes les factures des décors, détaillant avec précision les matériaux et autres couleurs de peintures. Des renseignements précieux pour élaborer les décors de la pièce jouée aujourd'hui, tout comme le fauteuil d'Argan.
Quant au travail des comédiens, il s'est agit de travailler cette prononciation particulière de cette pièce en trois actes et en prose, car le vieux français ne se prononce pas comme le langage actuel. On parlait d'ailleurs à l'époque de déclamation, car sans sonorisation, les voix sur scène devaient se faire entendre jusqu'au dernier rang, la gestuelle accompagnant la compréhension du discours. Une éloquence pratiquée alors par les hommes de loi.
Nous avons nous-même été formés aux techniques de l'éloquence par un avocat, ancien secrétaire de la conférence des avocats du barreau de Paris, dont le concours d'éloquence a été fondé il y a plus de deux siècles
Léa Sorrentino, comédienne qui interprète le rôle de Toinette du "Malade imaginaire"
C'est aussi tout un jeu d'acteur différent. Pour Antoine Gheerbrant, interprète du rôle principal, Argan, et par ailleurs professeur de déclamation à la faculté des lettres de Sorbonne Université, les comédiens étaient à l'époque au service du texte, les rôles étaient plus désincarnés qu'aujourd'hui, où un comédien puise aussi dans ce qu'il est pour servir le rôle.
L’intérêt du Malade imaginaire réside dans le fait qu'elle rassemble les multiples facettes des arts de la scène de la seconde moitié du XVIIè siècle (jeux français et italien, chant, danse, acrobatie, costumes, accessoires et scénographie). Ce projet de recherche interdisciplinaire met à profit les différentes disciplines qui font la renommée et l’expertise de Sorbonne Université : l’histoire de la littérature et du théâtre, l’histoire de l’art, de la danse et des spectacles, l’hstoire de la médecine et des sciences, la musicologie, l’organologie, l’archéologie expérimentale… Cette pièce classique incarne un projet à la fois complet et ambitieux tant des points de vue scientifique et pédagogique
qu’artistique.
Ce projet scientifique, pédagogique et artistique a permis de former et d’initier plusieurs dizaines d’apprentis, d’étudiants et de jeunes pré-professionnels du spectacle, issus de Sorbonne Université et de ses écoles partenaires.
Ils se sont produits les 29 et 30 mars 2022 à l'Opéra Royal du Château de Versailles.
Le Malade imaginaire proposé n’est ni celui que Molière a joué au Palais-Royal ni celui qui fut donné un an après sa mort dans les jardins de Versailles, mais une version qui combine les
données dont Théâtre Molière Sorbonne dispose sur les représentations ayant eu lieu entre
février 1673 et juillet 1674.
Notre version intègre les diverses pratiques historiques et conditions matérielles qui nous sont connues pour cette comédie-ballet au cours des dix-huit premiers mois d’existence de la pièce jouée après la mort de Molière
explique Mickael Bouffard, directeur artistique et metteur en scène de la troupe Théâtre Molière Sorbonne
La troupe du Théâtre Molière Sorbonne travaille depuis six mois sur une autre pièce de Molière "les précieuses ridicules". La première sera donnée au Théâtre Montansier à Versailles du 30 janvier au 3 février 2024 à 20h30.