"Les entreprises seront dans l’impossibilité de trouver des salariés" : la prise en charge des contrats d'apprentissage baisse, les artisans s'inquiètent

Alors que les élèves en filière d'apprentissage ont fait leur rentrée, professionnels et formateurs font face à la baisse des dotations annoncée par l'État. Ils craignent une disparition de ces filières professionnelles, et tout particulièrement les CAP.

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C'est un coup dur pour la chambre des métiers, et donc les artisans. En effet, par décret d'application publié le 7 septembre, l'État a annoncé une diminution de la prise en charge des contrats d'apprentissage. Cette baisse a atteint, au total, près de 8% en un an. 

Cette décision a provoqué la colère du président de la chambre de métiers de Nouvelle-Aquitaine, Gérard Gomez. Elle pourrait mettre en péril l'avenir de ces secteurs : " Des centaines de jeunes ne seront plus formés à certains métiers et à moyen terme des entreprises artisanales seront dans l’impossibilité de trouver des salariés."

Car certaines formations professionnelles proposées, par exemple au CFA de Limoges, ont très peu de candidats. Elles sont maintenues ouvertes alors qu'elles ne sont pas rentables. À terme, sera-t-il possible de les conserver ? 

Les métiers de bouche, premier sur la ligne de front

Les contrats d'apprentissage professionnel (CAP) sont les plus touchés par cette mesure économique, comme le souligne, Delphine Saiveau, directrice du CFA Moulin Rabaud : "Les plus impactés sont les filières infra-bac. Chaque filière qu'on a ici en subit les conséquences. Ceux qui en souffrent le plus sont les CAP métiers de bouche, donc boulangerie, boucherie, charcuterie. Mais, également, la maintenance auto."

Les métiers de bouche sont déjà en tension et doivent composer avec des budgets plus réduits alors que le coût du matériel nécessaire à l'apprentissage reste le même : "Il faut toujours renouveler du matériel, les diplômes évoluent et certains matériels sont achetés pour pouvoir dispenser la formation correctement, rappelle Nicolas Vallat, professeur de pâtisserie. Les matières premières, le coût de l'énergie augmentent pour tout le monde et toutes les entreprises."

Il faut toujours renouveler du matériel, les diplômes évoluent et certains matériels sont achetés pour pouvoir dispenser la formation correctement.

Nicolas Vallat, professeur en pâtisserie

France 3 Limousin

Le secteur de l'automobile aussi touché

Au-delà de l'aspect financier, cette baisse de dotation pousse les professionnels à revoir leur organisation. C'est le cas du secteur automobile qui concentre, à lui seul, 1/3 des 620 apprentis pris au CFA.

"On le ressent au niveau de l'emploi du temps, de l'atelier, des façons de faire, le nombre d’apprentis qu’on peut avoir aussi à l’atelier par rapport aux profs", constate Pierre Vincent, professeur de maintenance automobile.

Cette baisse de financement intervient alors qu'un plateau technique, très coûteux, rassemblant plusieurs pôles du CFA, commence à sortir de terre : dans ce nouvel atelier, il y aura, notamment, des machines adaptées aux évolutions technologiques et à l'arrivée des véhicules hybrides et électriques. Ces installations coûteuses permettront de former les jeunes de la filière automobile.

Un projet censé répondre à un secteur en constante évolution. Mais sans moyens, le maintien à l'équilibre semble de plus en plus difficile. 

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