LGV Limoges-Poitiers : la grande volte-face ?

Le Limousin sera-t-il le grand perdant de la grande région ? La question est au cœur de la campagne des régionales, mais elle vient de prendre encore plus d’importance depuis les prises de position d’Alain Rousset sur le non-financement du projet de la LGV Limoges-Poitiers.

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Cette LGV est le plus important projet d’infrastructure portée par le Limousin depuis des années avec un investissement de deux milliards d’euros. Il représente également un enjeu symbolique en termes de modernité et de désenclavement pour une région rurale et peu dynamique au plan économique.

Avec ses capacités financières réduites (480 millions d’euros par an), le Limousin pouvait trouver dans la grande région, l’occasion de multiplier ses possibilités d’investissement par cinq, puisque que le budget annuel de la grande région sera de 2,5 milliards d’euros. 

Déjà dépossédé de sa représentativité politique (24 élus au lieu de 43), de sa capitale régionale, de ses directions administratives, et de son identité, il y avait là pour le Limousin un vrai bénéfice à la réforme territoriale.
 

"La LGV sera défendue"

Or, Alain Rousset vient, sans préavis, de balayer les espoirs des élus limousins, de tous bords, en cédant à la pression de l’écologiste Françoise Coutant, au nom de la fusion des listes pour le second tour.

Après avoir investi des centaines de millions d’euros dans la construction de la ligne Tours-Bordeaux, il refuse désormais d’engager l’argent régional dans tous les projets de ligne à grande vitesse, y compris Limoges-Poitiers.

Conscient des conséquences politiques d’une telle annonce, et soumis à la fois à la pression du Président de la République qui suit le dossier au plus près, et de ses partenaires limousins, Alain Rousset a tenté hier de désamorcer la situation en réaffirmant dans un communiqué son soutien au projet : "la LGV sera défendue par l’exécutif régional" et  en évoquant d’autres financements : le grand emprunt, la taxe carbone et l’Europe, ou une vignette régionale. Le président sortant du Limousin, Gérard Vandenbroucke a défendu cette position, hier soir sur notre plateau.


Quels financements ?

Cependant, ces perspectives de financement sont aujourd’hui très aléatoires :
  • le grand emprunt n’a, pour l’instant, jamais été utilisé pour le financement de telles infrastructures et son montant n’est pas actuellement à la hauteur de ce type de besoins
  • la taxe carbone aussi appelée "contribution climat énergie " ne rapportera au mieux que 4 mds d’euros en 2016. Ses marges de progression sont contraintes par la volonté politique de réduire l’augmentation de la pression fiscale, et son utilisation n’est pas pour l’instant destinée à financer des lignes à grande vitesse.
  • L’Europe a quant à elle refusé, une première fois, cet été de financer la LGV Limoges-Poitiers. Mais les élus viennent d’écrire au Président de la République, afin que le projet soit défendu par la France et inscrit dans le " réseau central "des lignes à grande vitesse européenne, espérant ainsi décrocher d’autres financements.
  • Le projet de "vignette régionale sur les transports internationaux de poids lourds" reste à faire.
 

Un processus paralysé ?

Autre point essentiel, dans la constitution du tour de table financier, la Région étant, par nature, la collectivité qui apporte le "premier euro", enclenchant dans son sillage les autres collectivités locales mais aussi l’état et RFF, son refus de participer au financement risque de paralyser le processus.
Le maire de Limoges Emile-Roger Lombertie a ainsi, dès hier, indiqué qu’il se retirerait du financement des études sans engagement de la Région.
Aujourd’hui, alors qu’elle a déjà franchi les obstacles techniques et administratifs avec la déclaration d’utilité publique, la LGV Limoges-Poitiers est donc plus que jamais en face d’un obstacle financier majeur et peut être insurmontable. Mais Gérard Vandenbroucke veut rester confiant : "La situation est difficile, mais elle ne l’est pas plus aujourd’hui qu’hier ".


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