C’est une première à la cour d’assises de Limoges. Pendant une matinée entière, le procès des frères Boufodda, accusés d’avoir tué involontairement Mehdi Fakir, s’est déroulé sans deux des avocats des accusés. Cet après-midi, ils sont revenus demander le renvoi.
Après une matinée passée sans défense, Abdallah et Farid Boufodda, deux des trois frères accusés d'avoir tué involontairement Mehdi Fakir le 17 novembre 2013, ont finalement retrouvé leurs avocats à la reprise de l’audience cet après-midi, 17 juin. Commis d’office par la Présidente de la cour d’assises suite au rejet de leur demande de renvoi hier soir, Me Alexandre Simonin et Me Isabelle Felenbok avaient déserté la salle d’audience. Un scénario peu commun. Dès leur retour cet après midi, ils ont à nouveau formulé une demande de renvoi du procès. L'audience est supsendue jusqu'a 17h en attendant la délibération de la présidente et de ses accesseurs. Retour sur un procès sous tension.
Bras de fer
Hier, Me Alexandre Simonin et Me Isabelle Felenbok, avocats de Farid et Abdallah Boufodda sont montés au créneau lors de l’audience pour dénoncer un procès partial. L’illustration de ce parti-pris pour ces deux avocats issus du barreau de Versailles : le témoignage par visioconférence d’un témoin oculaire. Ce jeune homme affirme avoir vu Farid Boufodda en possession d’un objet ressemblant à un fusil sur le lieux de la rixe.
Le fait de recevoir ce témoignage par visioconférence, alors que le témoin était physiquement présent dans l’enceinte de la cour d’appel démontre selon les avocats de Farid et Abdallah une volonté de présenter les accusés comme des personnes particulièrement dangereuses.
Depuis le début du procès Messieurs Boufodda et leurs avocats, sont considérés comme des ennemis à abattre. Il est hors de question qu’un procès se déroule dans des conditions peu certaines.
Les avocats versaillais décident alors de demander le renvoi de l’audience, pour préserver les droits de leurs clients. Une demande à laquelle ne s’est pas joint Me Lionel Magne, avocat de Samir Boufodda, le frère cadet ayant bénéficié d’une remise en liberté récemment. Son avocat déclare cependant ne pas vouloir « aller contre les intérêts de la défense ».
Deux accusés sans défense
Les avocats de la défense annoncent leur intention de déposer une requête en suspicion légitime auprès du premier président de la cour d'appel mais il est tard ce mercredi et ils ne peuvent le faire. La présidente de la cour d'assises rejette donc cette demande de renvoi. En réaction les avocats de la défense ont tout simplement décidé de quitter l’audience.
Pas de problème pour la présidente qui décide de continuer le procès coûte que coûte. Par mail, elle notifie aux deux avocats de leur commission d’office pour défendre Farid et Abdallah Boufodda. En précisant que le procès pourrait continuer, même sans leur présence, conformément au code de procédure pénale.
Mais ce matin dans la salle d’audience, deux sièges sont toujours vides. Me Simonin et Me Felenbok sont toujours absents. Le procès reprend pourtant son cours normal. Les experts psychiatres et psychologues viennent présenter leurs analyses jusqu’à ce que le bâtonnier de Limoges intervienne. Il interpelle la présidente sur la tenue de cette audience, à propos notamment de la notification par mail de la commission d’office des deux avocats versaillais.
On nous dit qu’un mail aurait été envoyé hier à 19h45 alors que leur cabinet était vraisemblablement fermé et nous n’avons pas d’accusé de réception.
Après avoir entendu le bâtonnier et les autres avocats, la présidente décide de reprendre le procès. À charge pour les avocats de la défense de revenir assister leurs clients, qui ont pour l’instant préféré garder le silence, à quelques exceptions près.
Nouveau renvoi demandé
A la reprise d’audience, cet après-midi, Me Alexandre Simonin et Me Isabelle Felenbok sont finalement de retour. Ils demandent à nouveau un renvoi du procès, pour le même motif. Mais cette fois, la présidente ne peut balayer leur demande. Les deux Versaillais ont déposé ce matin une requête en suspicion légitime devant le premier Président de la Cour d’Appel.
L’audience est donc levée jusqu’à 17h pour permettre à la Présidente et ses accesseurs de trancher sur ce cas d’école. Le code de procédure pénale, prévoit-il que ce type de requête est suspensif ?
Si oui le procès sera renvoyé à la session de décembre, en attendant la décision du premier Président de la Cour d’Appel. Sinon le procès pourra reprendre son cours sous tension. Dans ce cas, il pourrait peut-être se prolonger jusqu’à samedi.