Limoges : Catherine Pierrot victime d'abus sexuel de la part d'un prêtre attend les excuses de l'Eglise

Elle a 53 ans, elle s'appelle Catherine Pierrot. Originaire d'Isle en Haute-Vienne, elle a été victime d'abus sexuel de la part d'un prêtre quand elle n'avait que 20 ans. Elle témoigne de son agression, à l'occasion de la publication du rapport de la commission Sauvé rendu public ce mardi 5 octobre.

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« C’est épouvantable » lâche Caroline Pierrot l’une des nombreuses victimes d’un prêtre qui a abusé d’elle il y a trente ans, quand on lui demande son sentiment à la lecture du rapport de la commission Sauvé. Son témoignage déchirant a été recueilli par la commission Sauvé. Cette habitante d’Isle en Haute-Vienne, n’en croit pas ses oreilles quand elle apprend le nombre de victimes d’abus sexuel par des hommes d’Eglise révélé par l’enquête indépendante. C’est le résultat de deux ans et demi d’enquête pour recueillir les témoignages de victimes d’environ 3000 agresseurs au sein de l’Eglise sur les 70 dernières années.

« 300.000 victimes, c’est inaudible », répète-t-elle.

L’Eglise insensible au sort des victimes ?

« Quand l’Eglise sait, elle s’occupe des prêtres, enfin, elle essaye de s’en occuper, mais elle ignore complètement les victimes », se désole Jean-Marc Sauvé, le président de la commission indépendante sur les abus sexuels.

En réalité, des victimes dans l’Eglise, il y en aurait au moins 330.000 depuis 1950.

C'est ce que révèlent les conclusions du rapport rédigé par la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Eglise.

Un chiffre qui scandalise les victimes, comme Caroline Pierrot abusé à l'âge de 20 ans par un prêtre de sa communauté spirituelle.

« Depuis ce matin, j’arrive à peu près à me déplacer, j’ai eu à peine le temps de manger, parce que je n’avais pas faim. On ne s’attendait pas à un chiffre pareil », raconte-t-elle la gorge nouée. Et ça remet tout en cause, à commencer par toute l’institution ecclésiale. Le rôle qu’ont eu les évêques, les prêtres qui n’ont pas dénoncé. Il y a eu des complicités dans l’Eglise ».

Deux ans et demi d'enquête, des milliers de témoignages, des archives.

Un travail fastidieux mandaté par la conférence des évêques de France.

Des évêques eu aussi indignés par les résultats de l'enquête.

Un rapport commandé il y a 3 ans par les évêques de France

A l’occasion d’une conférence de presse ce mardi à Limoges, Monseigneur Pierre-Antoine Bozo, l’évêque de Limoges déclare le ton grave qu’il « reçoit ce rapport avec beaucoup de peine, beaucoup de tristesse, beaucoup de souffrances, en pensant aux victimes, mais à toute l’Eglise qui prend en pleine figure ces chiffres, dans un contexte culturel partagé avec d’autres. On sait qu’il y a des abus sexuels à peu près dans tous les milieux, mais nous c’est ça qui nous concerne et c’est massif, donc c’est grave ».

Et pourtant, regrette Caroline Pierrot, « en l’an 2000, les évêques avaient dit qu’ils allaient s’occuper de la pédo-criminalité, parce qu’il y avait beaucoup de plaintes d’enfants qui ont pu s’exprimer notamment grâce à la parole libérée. Sans la parole libérée, je n’aurais pas été là aujourd’hui ».

Après la publication du rapport Sauvé, elle essaie de s'en sortir mais la souffrance, les souvenirs, la rongent encore.

« Ça a bloqué ma vie. Et moi je ne recommence à vivre normalement que depuis que j’ai commencé à parler. »

Aujourd'hui Caroline Pierrot ne demande qu'une seule chose : que l'Eglise lui demande pardon.

Soutien

L’évêque de Limoges annonce avoir mis en place une cellule d’écoute au diocèse de Limoges. Les victimes peuvent composer le 0766338747, ou écrire à : accueil.ecoute@diocese-limoges.fr pour se faire entendre. Un site internet mis en place par la conférence des Evêques de France « cherche à apporter également des éléments essentiels pour prévenir, détecter, agir et communiquer pour protéger les enfants et les jeunes », détaille un communiqué. Reste à savoir si les victimes auront la force nécessaire pour briser le silence.

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