C'est un joli cadeau de fin d'année que cette coiffeuse limougeaude a choisi d'offrir aux commerçants et artisans frappés par la crise. Une coupe gratuite tout simplement, parce que cela met du baume au coeur et en ce moment ce n'est pas un luxe.
Dans la famille d'Emmanuelle Béal, gérante d'un salon de coiffure à Limoges, l'artisanat et ses difficultés on connaît bien. La jeune femme représente la cinquième génération d'artisans.
"On est tous un peu dans la même galère, plus ou moins. Moi j'ai la chance d'avoir une entreprise qui fonctionne. Malgré les confinements je ne m'en sors pas trop mal. Moi je suis issue d'une famille d'artisans, alors c'était normal d'apporter ce que je pouvais à des gens qui étaient dans le désarroi le plus total. De leur faire du bien rien qu'en coupant les cheveux, c'est le but de notre métier à la base." Explique Emmanuelle Béal.
Chaque lundi depuis le 28 novembre Emmanuelle coupe gratis ! Les chefs d'entreprises, les restaurateurs, patrons de discothèques, commerçants, artisans, tous ceux qui sont lourdement affectés par la crise économique et n'ont plus aujourd'hui,les moyens de s'offrir une coupe chez le coiffeur.
Moi ça me fait du bien de faire ça, et eux ça leur fait du bien. C'est un échange.
A la question du manque à gagner généré par cette action solidaire, Emmanuelle Béal répond tout simplement "Moi c'est mon temps de travail que j'offre, perdu pour perdu, autant le donner. Dans une juste mesure cependant, j'étudie tout de même les rendez-vous, je ne peux pas prendre toute une journée de rendez-vous gratuits. Pour l'instrant j'ai un peu de demande mais pas beaucoup.
Tous les lundis Emmanuelle réalise en moyenne trois coupes gratuites dans son salon limougeaud au 11 de la rue de la Mauvendière. Cependant franchir le seuil de la porte du salon n'est pas toujours aisé pour ceux qui peuvent bénéficier de ce service.
Equipée d'un masque, d'une blouse et de quelques pinces à cheveux, Agnès Coudoux est en train de se faire coiffer. Couturière éco-responsable d'articles zéro déchets, elle vend essentiellement ses produits sur les marchés, la crise sanitaire est pour elle lourde de conséquences. Sans l'offre d'Emmanuelle elle ne se serait pas fait couper les cheveux aujourd'hui, pourtant elle a hésité a contacter la coiffeuse : "Au début je n'osais pas téléphoner, je pensais que c'était une blague. Et puis je ne voulais pas passer pour quelqu'un qui voulait profiter d'une prestation gratuite."
Emmanuelle Béal a décidé de poursuivre son opération solidaire au moins jusqu'en mars.