Limoges : habitat insalubre, insécurité et délinquance dans certains quartiers de la ville

Le quartier de la place Carnot était auparavant paisible et agréable à vivre. En 20 ans, tout a changé. L'insécurité s'est développée. La mairie de Limoges cherche des solutions.

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Stéphane (1) a grandi près de la place Carnot à Limoges. Au début des années 2000, il a eu l'opportunité de s'y installer comme commerçant. Dans le quartier de son enfance, il y avait des riches des pauvres, des retraités. Une mixité sociale qui le rendait agréable à vivre : "C'était un quartier populaire au bon sens du terme". 

Puis le commerçant a vu la situation se dégrader au fil des ans. Les vols à l'étalage sont devenus tellement monnaie courante qu'il a cessé de compter ses pertes. Peu à peu, les violences verbales se sont développées : "un jour, un client a traité l'une de mes employées de connasse en lui lançant qu'elle devait bien aimer la branlette".

Les trafics de drogue et l'insécurité sont aussi devenus monnaie courante :"quand vous croisez 12 mecs dans la rue qui vous regardent de travers quand vous les dépassez, et que manifestement ils ont quelque chose à vendre, vous ressentez un malaise".

Stéphane a fini par vendre son commerce pour aller travailler ailleurs. Ces changements, il les explique d'abord par "un habitat très dégradé parce qu'il n'a pas été entretenu. Du coup, des inactifs ou des sans papier obligés de se débrouiller comme ils peuvent se sont installés un peu partout dans ce secteur qui s'est paupérisé".

Explosion de la délinquance

Les riverains sont nombreux à avoir dénoncé ces nuisances. Si bien que la police s'est penchée sur l'affaire et a démantelé un trafic de drogue. Le 12 juillet 2022, 5 prévenus ont écopé de peines entre 8 et 30 mois de prison. L'un d'entre eux, récidiviste, a l'interdiction de séjourner en France pendant 3 ans.

Yannick Salabert, directeur de la police de la Haute-Vienne, ajoute que la place Carnot connait aussi un important trafic de cigarettes vendues à l'unité. Le nombre de vols de vélo classiques ou électriques a explosé, comme les vols dans les voitures ou les cambriolages : "les délinquants que nous interpellons sont souvent des personnes en situation irrégulière. Ils se rapprochent de leurs cousins et sont embauchés comme livreurs ou guetteurs. Certains quartiers de Limoges sont très attractifs pour eux car il y a effectivement des appartements vacants ou très dégradés avec des propriétaires qui comptent sur l'allocation logement pour se faire payer. Ce sont des vendeurs de sommeil".

La place Carnot est victime de ce phénomène, tout comme le quartier du champ de Juillet, une partie de l'avenue du général Leclerc, l'avenue Garibaldi ou la rue Théodore Bac.

Bien sûr, toutes les personnes obligées de s'installer dans des logements indignes ne tombent pas dans la délinquance. En 2017, l'une de nos équipes avait déjà mis en lumière l'existence de bâtiments insalubres à Limoges.

Mais que fait la mairie ?

Pour remédier à cette situation, la mairie a décidé d'engager une politique de long cours. Dans le quartier de la place Carnot, elle a racheté l'emprise de l'ancienne caserne Marceau pour y réintroduire de l'activité économique et y construire de nouveaux logements. Vincent Brousse, adjoint au maire chargé de la sociologie de la ville, espère ainsi augmenter la mixité sociale. 

Sur l'habitat privé, la ville de Limoges n'a pas de pouvoir de coercition, sauf en cas d'état de péril imminent. Et au sujet de l'insécurité, c'est une fonction régalienne de l'Etat.

Vincent Brousse, Adjoint au maire de Limoges chargé de la sociologie de la ville.

Mais il existe aussi d'autres leviers pour obliger les propriétaires à rénover l'habitat privé indigne.

La ville va dans un premier temps demander à leurs propriétaires de refaire les façades à l'aide de subventions. C'est déjà le cas au centre ville.  Cette politique va être progressivement étendue. Catherine Mauguien-Sicard, adjointe au maire chargée de la rénovation urbaine indique : "Nous avons demandé aux propriétaires de la place Carnot de rénover eux aussi leurs façades. S'ils refusent de le faire, nous engagerons des procédures. Ces rénovations vont débuter avant 2023".

Si les propriétaires n'ont pas les moyens d'effectuer les travaux malgré les subventions, ils seront amenés à vendre leur bien.

Pour ce qui concerne l'intérieur de bâtiments privés, c'est beaucoup plus compliqué. Voilà pourquoi l'adjointe au maire incite les locataires à venir dénoncer leurs mauvaises conditions de logement : "quand nous avons assez de preuves, nous sommes en mesure d'engager une concertation avec le propriétaire pour qu'il fasse des travaux".

Les allocations logements peuvent être consignée tant qu'il n'a rien fait. Bien sûr, il est compliqué pour des personnes fragiles avec peu de moyens de risquer se retrouver à la rue après une dénonciation de ce type.

Catherine Mauguien Sicard termine en rappelant que le coût de ces opérations est très lourd pour la collectivité qui ne peut agir qu'en partenariat avec d'autres institutions.

(1) le prénom du témoin a été changé

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