Limoges : la frairie des Petits Ventres saisit aux tripes

Durant deux ans, elle a manqué à tous les amateurs de boudins, de rognons et autres fraises de veau, la frairie des Petits Ventres signe son retour. Un rendez-vous espéré et très attendu.

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Milieu de matinée, du côté des halles dans le centre de Limoges, et déjà, une odeur d'oignon grillé. Pas de doute, nous sommes bien le 3ème vendredi du mois d'octobre, et la frairie des Petits Ventres est lancée. 

Il n'y a qu'à suivre les effluves, mais un collègue croisé à proximité de la rue de la Boucherie prévient "passe par la place Barreyrette, le haut de la rue est bloqué par les échafaudages."

Attendue

Un petit détour, trois fois rien comparé aux trois ans d'attente. 

Les vendeurs d'andouillettes, de boudins aux châtaignes, de rognons sont bien là, installés depuis 5 heures du matin pour certains !

"Je fais la frairie depuis 2008", raconte, joyeux, Pascal, l'agent immobilier du bas de la rue. Et la fête lui avait manqué durant ces deux années. 

Devant lui un stand avec du boudin aux châtaignes, des rillettes, des tripes de porc... 100 kilos de victuailles "commandés directement à un producteur de Naves", explique-t-il. Le tout accompagné de 120 litres de cidre, et de 12 fûts de bière locale. 

Elodie sa jeune collègue découvre la frairie. Le cœur de son métier, c'est vendre des maisons, mais aujourd'hui, elle porte un tablier et propose du boudin aux passants. Qui plus est le jour de ses 24 ans ! D'ailleurs ses collègues lui ont promis des bougies sur une andouillette !

"C'est ça la frairie, ce sont les commerçants comme nous qui la faisons, et c'est très convivial, pour le quartier et pour notre équipe", renchérit Pascal, le patron de l'agence.

Sur le haut de la rue, Rami et Naram n'ont pas la même expérience que Pascal. Leur première frairie, c'était en 2019, la dernière en date. Mais ils en gardent un très bon souvenir. "Ici, c'est comme un village, explique Rami, c'est animé, et nous participons à toutes les activités."

Ils n'ont donc pas hésité à se lancer dans la cuisson des boudins. Assez loin de la cuisine qu'ils proposent habituellement, puisqu'ils tiennent le restaurant syrien, mais "ça nous permet de découvrir la culture gastronomique française, " indiquent-ils, entre deux clients.

La frairie, c'est le symbole de Limoges

Catherine, amatrice d'amourettes

La tradition

La tradition, Catherine, ça lui tient au cœur. Elle ne manque jamais une frairie. Et elle attend ce 3ème vendredi d'octobre pour manger des amourettes, l'ancienne appellation des animelles, autrement dit les couilles de mouton. 

Jean-Claude son frère n'attend pas ce rendez-vous pour se régaler de fraise de veau, avec ici la convivialité en plus, explique-t-il, avant de se lancer dans une théorie datant de Louis XIV, selon laquelle : 

Le cochon a sauvé le monde

Jean-Claude, citant Louis XIV

Le cochon et la châtaigne, ajoute-t-il, avec bonne humeur. 

Après deux ans d'absence, la frairie aurait perdu quelques uns de ses habitués. Il est près de midi, et dans les files d'attente qui se forment devant les stands, la fréquentation est au cœur des discussions "certains ne sont pas revenus", entend-on. 

Mais quand vers 13 heures, tout mouvement aux abords de la place Saint-Aurélien devient impossible, les avis changent. La foule est bel et bien de retour.

Une fête unique

D'ailleurs cette année encore, certains viennent de loin pour goûter à cette tradition limougeaude, unique. "Je suis arrivée hier de Maubeuge", raconte Roxane. "A manger, à boire, de la musique, c'est sympa, il y a tout ce qu'il nous faut", explique celle qui a traversé la France pour un sandwich au boudin. Mais pas seulement bien-sûr !

Ici, elle rejoint Ingrid sa fille et Aurélien son beau-fils. Lui est un habitué. "Mais c'est la première fois que je fais la frairie en short et en tee-shirt", ironise-t-il. 

Après cette pause déjeuner sur le pouce, Aurélien retourne au travail. C'est le début de l'après-midi, mais pour les vendeurs de la rue de la Boucherie, la journée commence à peine.

Céline, aide son ami galeriste. Avec son joli sourire et son chapeau rose, derrière sa poêlée de cœurs de canards, elle était impatiente de retrouver la frairie. "Les gens sont heureux", constate-t-elle. 

Et ce n'est pas fini. Peu à peu, au fil des heures, le public va rajeunir et la frairie va durer tard dans la nuit. Même si les comptes sont difficiles à tenir, on estime qu'entre 15 000 et 30 000 amateurs de tripes festoient dans la rue de la Boucherie, ce 3eme vendredi d'octobre, depuis 1973.  

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