Contacté par téléphone, le directeur de Tome 2, qui s’occupait de ce salon, nous a confirmé qu’il n’avait pas été candidat pour le prochain marché public de la mairie de Limoges. Il nous explique pourquoi.
Alors que l’édition 2023 a tout juste refermé ses portes, on sait d’ores et déjà que l’agence Tome 2 n’organisera plus le rendez-vous. Le marché public arrivant à échéance, son directeur, Bertrand Morisset a décidé de ne pas se porter candidat.
Pourquoi ne pas poursuivre ?
Le choix de la municipalité d’organiser un rendez-vous plus modeste pour des raisons économiques (le chapiteau du Champ de Juillet remplacé par la patinoire et le centre culturel Jean-Gagnant pour les masterclasses) a eu des conséquences. Seulement 150 écrivains ont été conviés au lieu des 300 habituels. Les deux librairies indépendantes limougeaudes Anecdotes et Page et Plume ont mutualisé leurs moyens, alors que les deux enseignes nationales Cultura et Leclerc n'ont pas participé.
À 65 ans, Bertrand Morisset souhaite alléger ses activités après quarante années d’organisation de salons. Mais les restrictions budgétaires ont aussi joué dans sa décision : « Le public a été divisé par deux ». Si les visiteurs ont répondu présent le samedi, en revanche le dimanche, ils étaient beaucoup moins nombreux : « À peine 500 personnes le matin ». Il y avait, selon lui, des allées vides le dimanche après-midi : « On a dû voir 200 personnes ».
Bertrand Morisset explique avoir pris sa décision bien avant la tenue de l’édition 2023 : « Quand vous coupez un budget culturel de 50 %, et bien, vous avez 50% de moins d’efficacité, de rendement, si on peut parler de rendement en termes de culture. C’est moitié moins de visiteurs, c’est clair. L’organisation a été dégradée avec un arbitrage politique et financier que je respecte. Mais je suis fournisseur, c’est dommage. D’un côté, on ne peut pas tout réussir en un an, mais d’un autre côté le choix a été assumé et les conséquences sont celles qu’on avait prévues ».
Pour l’organisateur de salons littéraires, le site de la patinoire aurait dû être aménagé de manière plus chaleureuse et élégante afin de correspondre à l’image « d’un salon de 40 ans ». Il manquait également une salle de conférence. Enfin, le site, était trop excentré par rapport au Champ de Juillet. Bertrand Morisset conclut : « Il y a trop de travail pour remonter le salon à un étiage acceptable pour la 2e ville la plus importante de Nouvelle-Aquitaine. La reconstruction, c’est pas en une année, c’est normal… Je ne veux pas cracher dans la soupe des gens qui m’ont payé. Par exemple, quand on a annulé le festival à cause du Covid en 2020, ils m’ont payé intégralement, donc ça se respecte. »
L’organisateur évoque également des difficultés passées dans le dialogue avec le service communication de la ville et le départ de l’équipe dédiée à l'événement à la direction de la culture, « un tandem génial ».
De bonnes nouvelles après cette édition 2023 ?
Finalement, à l’heure du bilan, les auteurs présents semblaient plutôt satisfaits de la fréquentation et des ventes, malgré les craintes du départ.
Du côté de la mairie, on faisait savoir que la fréquentation était bonne (aucun chiffre n’a, pour l’heure, été communiqué mais selon nos informations, il s'agirait de 15 000 visiteurs) et que le potentiel d’auteurs accueillis pourrait être de 200 en 2024. Un point positif confirmé par Bertrand Morisset qui voit d’autres bonnes nouvelles : « Je suis satisfait de la prestation que mes équipes ont fourni. On avait quand même un beau plateau d’auteurs. » Pour l’organisateur, le panier moyen est également une satisfaction : « Heureusement, les librairies ont bien travaillé. » Il se félicite enfin du dispositif conservé avec les écoles : « On a fait un carton ».
Désormais, une autre agence va devoir prendre le relais pour l’organisation du rendez-vous jusqu’en 2026. Les candidatures sont closes et on devrait savoir dans les prochaines semaines le nom du nouveau prestataire.
