C’est une nouveauté qui préoccupe de nombreux adolescents, et aussi beaucoup d’entreprises : les élèves de seconde doivent trouver un stage de quinze jours en entreprise pour le mois de juin. Un site internet est mis en ligne ce lundi pour les aider. L'objectif est de faciliter leur orientation professionnelle, mais cette recherche s’annonce difficile.
On connaissait déjà bien les stages au collège, nous croisons par exemple cette semaine Noémie et Mila dans les couloirs de France 3 Limousin. Une nouveauté est apparue en novembre dernier, quand Gabriel Attal, alors ministre de l’Education Nationale, annonce sur TikTok : "T'es élève en classe de seconde générale ou technologique ? Je te présente ce qui change en juin pour toi." C’est un stage de deux semaines en entreprise, du 17 au 28 juin. Il s’agit de "reconquérir" le mois de juin, souvent peu actif pour les élèves de seconde à cause du bac qui accapare les classes de première et de terminale.
Selon Gabriel Attal, "tous les pays qui réussissent mieux que nous sur l’orientation font faire plus de stages à leurs élèves." Il donne un conseil : "Essaye de faire ce choix en lien avec ton projet d’études, ton projet professionnel."
Selon le communiqué - plus complet - du ministère, on lit qu’il s’agit de "permettre aux élèves de découvrir différentes facettes du monde professionnel pour envisager ensuite un choix d’orientation plus libre, mieux éclairé, plus dégagé de l’autocensure sociale ou genrée, en lien avec les grands défis écologiques, numériques, économiques que les régions et le pays relèvent."
Un site internet dédié
Dans l’Académie de Limoges, 4 840 élèves de seconde sont concernés : cela fait du monde à qui proposer un choix d’orientation mieux éclairé et dégagé de l’autocensure sociale ou genrée. Alors, pour faire face, un site internet a été ouvert ce lundi 25 mars pour les élèves qui n'ont pas encore de stage, avec des propositions selon le lieu et l’activité recherchée.
Il s’appelle 1jeune1solution.gouv.fr. Les entreprises déposent leurs offres, les élèves les consultent et postulent. Pour l’instant, on y trouve surtout des stages dans des écoles ou dans les services administratifs du rectorat.
Accueil mitigé
Selon Patrice Arnoux, secrétaire du syndicat enseignant SNES FSU 87, "ça ne s’annonce pas bien" : "C’est sorti du chapeau sans être anticipé." Pour lui, il sera difficile de trouver un stage. Il pointe une différence de chances entre les élèves selon les réseaux de leurs parents, et il dénonce un manque de fond : "Ça n’a pas été pensé d’un point de vue pédagogique. Ça ressemble à une annonce pour que les élèves soient occupés sur cette période de bac." Toujours selon le syndicaliste, cette recherche est particulièrement délicate dans notre région : "Il y a des secteurs où il n’y a pas énormément d’entreprises. Autour des lycées de Bellac, ou de la Souterraine, il y a moins de stages qu’autour de Bordeaux."
Du côté des entreprises, s’il y a une volonté affichée de participer et de faire découvrir des métiers, le choix d’une même période pour tous pose problème. Selon Laurence Beaubelique, présidente de la CPME 87, "On ne va pas pouvoir prendre dix élèves à la fois. Et si dans chaque entreprise il y a un ou deux élèves, ça va être complexe de faire tout le monde à la même date. L’idéal, ce serait un étalement entre avril et juin." Comme le MEDEF, elle tente actuellement de mobiliser ses troupes.
Moins de trois mois
Déjà, les lycées s’organisent. Par exemple, au lycée Renoir de Limoges, on fait preuve d’imagination avec des stages de secourisme grâce aux professeurs d’EPS, ou des immersions à l’IUT pour permettre, notamment aux filles, de découvrir les filières scientifiques.
Il reste moins de trois mois aux entreprises pour proposer des stages et aux élèves pour en chercher, mais dans cette réforme, il y aura probablement un léger écart entre la théorie et la mise en œuvre…