Une soixantaine d’internes se sont rassemblés ce vendredi 14 octobre pendant leur pause de midi pour participer à un mouvement national et partager leurs positions. Paroles d’étudiants.
Ce vendredi 14 octobre est une journée de mobilisation pour les étudiants en médecine. Ils protestent contre le projet du gouvernement qui souhaite modifier le cursus des internes en médecine générale, avec une quatrième année d’étude à effectuer "en priorité" dans les déserts médicaux.
En Limousin, territoire où l’accès aux soins peut-être difficile, une mobilisation avait lieu devant le CHU de Limoges avec des manifestants conscients de la pénurie de médecins en cours, mais clairement opposés à l’allongement de leurs études.
Témoignages
- Jean-Paul Moussa représente à Limoges l’Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF).
Selon lui, cette quatrième année ne pourra pas être une année d’études, faute de médecins dans les déserts médicaux pour encadrer les internes :
On sera seuls. Il n’y a pas assez de médecins déjà en ce moment pour encadrer les étudiants en médecine générale actuels.
Jean-Paul Moussa, représentant de l'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF). à Limoges
- Pour Camille Enoult, étudiante en 6ème année de médecine et future interne, ce rallongement des études ne règle pas le problème des zones sous denses. Elle explique que le nombre de médecins ne va pas augmenter avant plusieurs années :
87% du territoire français est un désert médical. Enlever des internes d’un endroit pour les mettre ailleurs, ce n’est pas une solution. Rallonger la durée de l’internat, c’est retarder d’un an l’installation de futurs médecins.
Camille Enoult, étudiante en 6ème année de médecine et future interne
- Laureline Roguet est présidente des internes de Limoges
Elle dénonce une mesure qui va aussi impacter la prise en charge des patients : "On nous propose une quatrième année d’enseignement, sauf qu’il n’y aura pas d’enseignement. On sera seuls face aux patients, et on n’aura pas la garantie de leur assurer un suivi optimal parce qu’ils n’auront pas toujours le même interne en face d’eux."
- Adrien est étudiant en médecine.
Il partage ses craintes pour la médecine générale : "Il y a beaucoup de gens qui hésitent entre cette spécialité et d’autres. Si on rend cette spécialité moins attractive alors qu’elle est sous dotée, on aura moins de généralistes. On finit par creuser le trou qu’on voulait boucher."
"Si on est en burn-out, on ne va soigner personne."
Tous ont également des craintes pour leur propre santé, alors qu’une étude récente estime que 75% des étudiants en médecine souffrent de troubles de l’anxiété et 39% de symptômes dépressifs.
Jean-Paul Moussa résume : "On sera seuls, dans une zone sous dotée, loin de notre famille, loin de nos amis, on n’aura pas de soutien… Si on est en burn-out, on ne va soigner personne."
Le ministre de la Santé veut rassurer
Le ministre de la Santé François Braun a tenté de rassurer cette semaine sur Franceinfo en affirmant que la 4ème année était pensée "pour améliorer la formation des médecins généralistes et absolument pas pour résoudre le problème des déserts médicaux."
Mais il rajoute : "Bien entendu, pour répondre en partie à cette problématique de déserts médicaux, nous allons inciter très fortement à faire ces stages dans les déserts médicaux. Ça veut dire avec une rémunération différente que dans les zones normalement dotées. Ça veut dire leur donner des possibilités de logement (... ). Ce n’est pas obligatoire, c’est une incitation forte."
Pour l’heure, l’incompréhension entre le gouvernement et les étudiants demeure, et le mouvement des internes est soutenu par de nombreux syndicats médicaux.