250 personnes ont manifesté jeudi 9 décembre à Limoges, à l’appel du collectif de défense des migrants Chabatz d’entrar, pour l’ouverture d’un centre d’hébergement.
Le weekend dernier, les entrées d’un ancien entrepôt de meuble ont été scellées pour éviter qu’il ne soit squatté par des migrants sans solutions de logement à Limoges. La police est intervenue pour faire appliquer une décision du tribunal judiciaire selon la préfecture.
C’est pour protester contre ce fait que le collectif Chabatz d’entrar, composé de 27 associations de défense des réfugiés et migrants, a appelé à une manifestation ce jeudi 9 décembre à 18 heures.
250 personnes environ se sont rassemblées dans le centre de Limoges, demandant l’ouverture d’un centre d’hébergement de 200 places.
Migrants sans visages
Car depuis l’évacuation du squat de la rue de la Révolution le 7 juillet 2021, 100 personnes dont 54 mineurs (compte réalisé début décembre) seraient à la rue à Limoges selon Chabatz d’entrar.
Quelques âmes charitables leur ont ouvert les portes de leurs domiciles, sachant bien que cette solution ne peut pas être pérenne. Et ces étrangers que l’on appelle migrants ont tous un visage et une histoire.
C’est le cas de cette jeune juriste algérienne arrivée en France avec son mari médecin il y a tout juste deux ans, pour offrir un avenir meilleur à ses deux enfants. Ses demandes pour obtenir un titre de séjour ont été rejetées. Alors elle a du mal à se loger : “On est hébergés dans une famille pour une courte période. D’ailleurs là on doit partir. Mais on ne sait pas où aller. On appelle souvent le 115. Mais ils nous répondent que c’est complet et qu’ils n’ont pas de solutions.”
Les difficultés d'hébergement, cette autre maman de deux enfants les connait bien aussi. Depuis 10 ans, elle a essuyé 4 refus à ses demandes de régularisation pour pouvoir travailler.
J’ai besoin de travailler et j’ai du courage pour cela. J’ai une fille de 14 ans qui est à l’école. On dort toujours à droite et à gauche à la gare, parfois au 115, après dehors. Donc on n'a pas de solution.
Une mère de famille, sans logis avec une adolescente
On peut aussi vous citer l’histoire de ce père de 5 enfants d'origine algérienne. Il est en France depuis 2016. Les papiers qui lui ont permis d'avoir un logement social lui ont été retirés. Depuis, il travaille au noir, mais c'est de plus en plus difficile : “Franchement, je suis fatigué. Par votre intermédiaire, j’aimerais passer un message à la préfète. Nous ne sommes pas ici pour profiter de l’Etat, mais pour travailler et participer à l’économie de la France."
Seules une trentaine de personnes ont été régularisées depuis l'expulsion du squatt de la rue de la Révolution. Pour celles qui sont en situation irrégulière, la préfecture ne propose qu'une aide au retour dans leur pays. Elles sont donc redirigées vers le 115 très fréquemment saturé.