Des manifestations sont organisées du 15 au 30 juin pour informer et sensibiliser le grand public aux nombreux problèmes posés par cette plante. Une lutte contre sa propagation se met en place dans toute la région.
L’ambroisie à feuille d’armoise est une plante opportuniste envahissante qui pose deux problèmes majeurs. Son pollen est hautement allergisant pour l’homme et, en tant que plante invasive, l'ambroisie est capable d'impacter des parcelles agricoles entières. Une situation qui inquiète et qui a poussé diverses structures à organiser, du 15 au 30 juin, des journées de lutte contre l'ambroisie afin de sensibiliser et d'informer le public sur cette plante.
5 grains suffisent
5 grains de pollen par mètre cube d'air suffisent pour provoquer diverses réactions allergiques chez des personnes sensibles. Amélie Bodin, chargée de projet au Centre permanent d’initiatives pour l’environnement du pays creusois, détaille : "C'est très peu quand on sait que la plante produit des milliards de grains de pollen par pied.
Rhinite, conjonctivite, trachéite, toux, urticaire... Selon Amélie Bodin, les personnes allergiques vivent un véritable enfer : "Si on la laisse se déployer sur le département on va se retrouver dans la même situation qu’en région Rhône Alpes où l y en a partout ! Les gens s’en vont pendant les périodes de pollinisation pour ne pas avoir à les respirer, c’est invivable" .
Ces pollens sont produits de mi-août à fin octobre avec un pic en septembre.
Plus grave, selon l'Agence Régionale de Santé de Nouvelle-Aquitaine, l'allergie à l'ambroisie pourrait entraîner dans 50% des cas l'apparition d'asthme, ou provoquer son aggravation.
Un fort impact agricole
L’Ambroisie est une adventice ou "mauvaise herbe", qui de par son cycle de vie, concurrence les cultures de printemps. La culture du tournesol est la plus touchée. Il en résulte une diminution des rendements et de la qualité des cultures ainsi qu’une contamination des lots de semences.
Quand l’ambroisie s’installe en milieu agricole, elle envoie des toxines par les racines et empêche les autres plantes de pousser. Il y a donc une perte de rendement.
Amélie Bodin
Certains agriculteurs ont été obligés de détruire intégralement leur parcelle pour éviter que l'ambroisie ne prolifère.
Fin 2021, la présence d’ambroisie à feuille d’armoise avait été constatée dans 44 communes de Creuse situées majoritairement dans le nord-est du département et 10 signalements d’ambroisie avaient été enregistrés.
Plusieurs facteurs expliquent la prolifération de la plante, notamment le déplacement des terres via le curage de fossés ou les aménagements de routes : "On a ramené beaucoup de terre de l’Indre et de l'Allier qui sont remplies d'ambroisie", explique Amélie Bodin.
L'ambroisie se retrouve également dans les semences. Si chez les agriculteurs, les semences achetées sont très bien triées - la graine d’ambroisie étant beaucoup plus petite qu’une graine de tournesol - c'est dans les rouages des machines agricoles que tout se joue. Les graines d'ambroisie, coincées dans les engins, y restent et se déplacent de champ et champ.
Eviter la prolifération
Le CPIE du Pays Creusois espère un jour éradiquer l'ambroisie, mais en attendant, des journées de sensibilisation sont organisées pour réduire et limiter sa prolifération. La méthode : apprendre aux particuliers et aux agriculteurs comment la reconnaître. "Le but de ces journées, c’est que le maximum de gens soient vigilants," explique Amélie Bodin.
En effet, l'ambroisie est difficilement reconnaissable car elle ressemble beaucoup à l’œillet d’inde et à l’armoise commune. Amélie Bodin constate que les trois quarts des signalements sont des erreurs.
Savoir reconnaître la plante est compliqué mais si jamais ils ont un doute, un soupçon sur une plante qui y ressemblerait, il faut qu'ils soient en mesure de nous contacter rapidement.
Amélie Bodin
Reconnaître la plante, oui, mais ensuite ? C'est là qu'intervient le CPIE des Pays Creusois, en inventoriant et en répertoriant la plante dans tout le département.
"J’alerte la Chambre d’agriculture - qui en amont a été formée aux enjeux sanitaires, économiques et écologiques de l’ambroisie - qui envoie un conseiller agricole du secteur rencontrer l’exploitant. Ensemble, ils vont définir la meilleure gestion à mettre en place en fonction de la plante et de sa colonisation dans le champ", explique Amélie Bodin.
La lutte contre l’ambroisie a été renforcée par l’arrêté préfectoral du 22 décembre 2020 qui fixe les modalités de surveillance, de prévention et de lutte. Il rend notamment obligatoire la destruction de la plante.
Avec le réchauffement climatique, le CPIE craint une augmentation de l'ambroisie dans le département. "Habituellement, elle est en fleur à partir de fin juillet et jusqu'en septembre. Sauf que là, l’ambroisie est déjà très développée dans certains endroits, et elle supporte bien la sécheresse", détaille Amélie Bodin.
Que faire si vous repérez de l'ambroisie ?
Si vous repérez un ou plusieurs plants d'ambroisie avant la floraison (fin juillet), enfilez des gants et arrachez les plants. Vous pouvez ensuite les composter, les amener en déchetterie ou les laisser se dégrader naturellement au sol. Pendant ou après la floraison (juillet-septembre), ne faites rien ! Vous risqueriez d’aggraver la situation en répandant les graines... Attendez le printemps prochain, les plants renaîtront et vous pourrez les arracher avant leur floraison.
Une plateforme nationale de signalement a été conçue pour alerter les autorités compétentes.