Hier, samedi 18 septembre 2021, une équipe de journalistes de France 3 Limousin a violemment été prise à partie par des manifestants anti pass sanitaire. Une attitude que la rédaction tenait à porter à la connaissance de ses téléspectateurs.
Depuis le 17 juillet 2021, France 3 Limousin a rendu compte dans ses éditions des manifestations organisées à Limoges contre le pass sanitaire. Dès les premières mobilisations certains manifestants se sont montrés hostiles à la présence de nos équipes de journalistes. Pourtant, lors de ces manifestations, nous avons régulièrement tendu nos micros aux manifestants afin qu'ils puissent faire part de leurs revendications. Ce qu'ils ont fait.
Les marques d'hostilité ne nous ont jamais empêchés de continuer à vous informer. À vous rendre compte de ces manifestations chaque semaine. Mais hier, samedi 18 septembre 2021, la pression est montée d'un cran.
"Vous prenez vos clics et vos clacs et vous dégagez," lance d'abord l'un des organisateurs à notre équipe. "Recule, ici on est chez nous," ajoute-t-il, alors que la manifestation a lieu sur la voie publique. "Vous êtes chez nous ici, c'est privé, vous vous n'êtes pas des citoyens donc c'est pas chez vous." "Ne t'inquiète pas on fera le nécessaire sur le terrain," ajoute un second manifestant. "On vous empêchera de filmer, c'est la consigne."
Les anti-pass reprochent notamment aux journalistes de minimiser le nombre de participants à ces manifestations. Ils nous reprochent également d'être à la solde du gouvernement.
Plus tard, une fois le cortège lancé, la violence devient plus pressante. "Menteurs," "vendus," "médias complices," "cassez-vous les journalistes" peut-on entendre en direction de l'équipe.
"On vous interdit de filmer notre image monsieur," dit au micro l'un des meneurs à notre journaliste reporter d'image.
Or sachez que lors d'une manifestation sur la voie publique, le droit à l'information prévaut sur le droit à l'image pour les journalistes. C'est la loi.
Cette invective aura pour effet de faire déferler sur notre équipe un torrent de haine de la part des manifestants. Avec en point d'orgue des "ta tête à la guillotine" entendu par l'un des journalistes.
Face à cette situation, Henri Mariani, rédacteur en chef de France 3 Limousin a choisi de réagir :
"Dans un extrait diffusé ce soir, dans le journal de France 3 Limousin, on entend un manifestant s’adresser à notre équipe de reporters en ces termes : ‘ Vous n’êtes pas des citoyens’
Cette personne, en arbitre des élégances décrète qui est citoyen et qui ne l’est pas ; oubliant que le principe cardinal de la citoyenneté, c’est le respect de la liberté d’autrui, mais aussi de la liberté d’information.
Notre rôle de journaliste, est d’observer, d’analyser et de rapporter les faits.
‘Vous ne dites pas la vérité !', pérorait le même manifestant, je sais bien que le Discours de la méthode de Descartes, qui présente les règles pour parvenir à la vérité, n’est pas à la portée de tout le monde ! Je vais donc me contenter de dire que :
Non, Notre plume n’est pas serve ! Elle n’est pas au service d’un quelconque complot Politico-Médiatique.
Personne ne tient notre stylo ou notre caméra quand nous sommes sur le terrain ! Ni le ministre de la santé, ni celui de l’intérieur afin que nous minimisions le nombre de manifestants dans les cortèges.
Nous ne sommes ni pro vaccin, ni anti-vax, ni pour ou contre le pass-sanitaire ; nous relatons des faits, avérés et vérifiés, pour que chacun puisse se faire sa propre opinion….
Pendant plusieurs semaines, les équipes de France 3 Limousin ont essuyé des intimidations, lors des manifestations contre le pass-sanitaire, nous sommes passés outre, toujours dans un souci de vous informer au mieux. Mais hier après-midi, c’était l’humiliation de trop, l’intimidation érigée en mode de fonctionnement ne peut être tolérée.
Car minimiser ce qui s’est passé hier reviendrait à jeter le discrédit sur l’équipe qui couvrait la manifestation, fouler aux pieds son éthique, sa probité son professionnalisme.
Si nous devions ne plus couvrir les manifestations contre le pass sanitaire, c’est parce que nous l’aurions décidé, et certainement pas parce que certains auraient décrété que nous étions Persona Non Grata !"
Réaction également du côté du principal syndicat de journalistes, le SNJ qui dès ce matin a communiqué :
"Le SNJ, premier syndicat de journalistes, est atterré par l’attitude de certains organisateurs et participants à la manifestation limougeaude contre le pass sanitaire envers les personnes dépêchées sur place par France 3.
Il ne laissera pas piétiner la liberté d’informer. Ces manifestations se déroulent dans un lieu public, la rue, il est hors de question que la presse (et donc France 3) n’y puisse plus accéder. Hors de question également que la presse fasse l’objet d’accusations fausses et mensongères. Hors de question que les personnels de France 3 et ceux qui les accompagnent soient l’objet d’une telle haine et d’une telle violence qui s’égrène au fil des manifestations."