À Saint-Jean-Ligoure, en Haute-Vienne, un ruisseau créé artificiellement alimente la Ligoure depuis des décennies. Aujourd'hui, avec le changement climatique, les précipitations abondantes et soudaines entraînent un risque d'inondation. La commune a décidé de remettre le cours d'eau dans son lit d'origine.
De prime abord, le ruisseau de la Goutte semble paisible. Depuis des décennies, il s'écoule sereinement au cœur du village de Saint-Jean-Ligoure, en Haute-Vienne. Mais ces apparences bucoliques se révèlent trompeuses. Le 17 septembre dernier, la colère des cieux s'est répandue au sol et le cours d'eau a inondé les rues de la commune. "Nous avions soixante-dix centimètres d'eau au plus fort de la crise, relate le maire Didier Marcellaud. La départementale était coupée à la circulation. On a été obligé de se débrouiller pour arrêter les véhicules et éviter les accidents."
Réduire les risques d'inondation et régénérer la biodiversité
La municipalité s'apprête à corriger une erreur commise il y a plus d'un siècle, lorsque le cours d'eau fut détourné de son lit d'origine, pour servir de tout-à-l’égout. Cette artificialisation a engendré une sédimentation dangereuse. "En aval, on a ce que l'on appelle une levade, explique Clémence Moreau, technicienne de rivière au syndicat d'aménagement du Bassin de la Vienne. Cela ne permet pas d'évacuer les sédiments comme il le faudrait. Il n'y a pas assez de pente, ce ruisseau est tout plat."
Conséquence : aujourd'hui, les précipitations abondantes et soudaines, provoquées par le changement climatique, entraînent un risque d'inondation. Face à la menace que cette situation représente pour la population et les habitations, la municipalité a décidé de faire retourner dans son lit d’origine le ruisseau de la Goutte. "Lorsque nous aurons dans son cours d'eau naturel ce petit ruisseau, normalement, nous allons réduire fortement ce risque, annonce le maire. Je ne dirais pas que nous allons le supprimer, au vu de l'ampleur des événements climatiques de ces dernières années. Mais comme toute municipalité, nous nous devons de protéger nos citoyens de ce genre d'aléa."
Deux mois de travaux nécessaires
Dans certains prés verdoyants du village, le lit originel s'avère encore visible, comme une ornière ineffaçable. Une fois qu'il sera, à nouveau, abondé, les spécialistes affirment que la biodiversité locale se régénérera. "Le fait de reméandrer le ruisseau lui permet d'avoir un écoulement beaucoup plus long avec des temps de ralentissement et d'accélération, détaille Jean-Christophe Boireau, président de la fédération pour la pêche et la protection du milieu aquatique en Haute-Vienne. Cela permet aussi à l'eau d'avoir une qualité bien supérieure, grâce à la capacité de filtration que le ruisseau, en prenant son temps, peut retrouver."
Afin que la Goutte ne fasse plus déborder le vase, des travaux seront menés durant deux mois, l'été prochain, à Saint-Jean-Ligoure. Le coût de ces aménagements s'élève à 110 000 euros.