En octobre dernier, les inondations meurtrières qui ont ravagé Valence, en Espagne, ont montré de nouvelles conséquences du dérèglement climatique. En Limousin, au-delà des périodes de canicule, quelles répercussions le réchauffement planétaire peut-il avoir sur la santé des habitants ? De la pollution de l'air à l'apparition de nouveaux virus, des risques concrets existent.
C'est un changement qui peut sembler anecdotique, mais il révèle les nouvelles problématiques que les sapeurs-pompiers se préparent désormais à affronter. Au centre de secours de Limoges, toutes les ambulances sont dorénavant équipées d'un nouveau système de sauvetage : une corde de secours avec corde flottante et flotteur intégré. David Mandon, référent nautique, nous fait la démonstration en projetant l'objet quelques mètres devant lui, comme un sauveteur en mer le ferait avec sa bouée. Autre détail : depuis un an, une moto marine permet d’évoluer sur les rivières en crue, même par fort courant.
"Il y aura un pilote et un sauveteur qui sera derrière. Il pourra se mettre à l'eau pour récupérer une victime et la remonter sur la plateforme."
Des inondations dues aux pluies plus intenses et à l'artificialisation des sols
Le Limousin ne compte pas un centimètre de côte Atlantique, et les plages de Méditerranée en sont bien éloignées. Pourtant, ces outils et les compétences qu'ils requièrent témoignent des nouveaux dangers qui pèsent sur la population.
Dans les années qui viennent, les pluies de plus en plus intenses, liées au dérèglement climatique, et l'artificialisation des sols risquent de provoquer de nombreuses inondations. Les pompiers s'adaptent : "On va avoir des cours d'eau qui vont recevoir des quantités extrêmement importantes de volumes d'eau qui ne vont pas pouvoir être évacuées, annonce le commandant Aurélien Sabourdy. On a des débordements avec des vitesses très rapides, souvent difficiles à prévoir."
En octobre dernier, les inondations meurtrières qui ont ravagé Valence, en Espagne, ont profondément marqué les esprits. En Limousin, au-delà des périodes de canicule et des inondations, d'autres répercussions du réchauffement planétaire se révèlent perceptibles.
Au laboratoire de virologie du CHU de Limoges, par exemple, un premier cas de dengue a été diagnostiqué il y a quelques semaines. L'apparition du Zika et du Chicoungougna est également surveillée. "On appelle cela des arbovirus, explique Sylvie Rogez, virologue. Ce sont des virus qui n'ont pas beaucoup de points communs sur un plan scientifique, mais qui sont transportés et transmis à l'Homme par des arthropodes." Ce sont principalement des moustiques et des tiques.
Le moustique tigre, originaire d'Asie du Sud-Est, apprécie particulièrement le nouveau climat français. "À partir du moment où quelques-uns sont infectés par des virus, on peut imaginer qu'il risque d'y en avoir plus. Cela peut se transmettre assez facilement entre moustiques", poursuit Sylvie Rogez.
L'ozone augmente parce que les conditions d'ensoleillement s'intensifient.
Louise DeclerckIngénieure chez Atmo, un observatoire de la qualité de l'air
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Le risque pour la santé se trouve aussi dans l’air. Pour en mesurer l'ampleur, la ville de Limoges s'est équipée de capteurs d'ozone, un gaz qui se forme quand les émissions du chauffage ou de l’industrie rencontrent la lumière. "C'est un polluant qui réagit, qui est formé lorsqu'il y a des réactions photochimiques", détaille Louise Declerck, ingénieure d'étude chez Atmo, un observatoire de la qualité de l'air. L'ozone irrite le système respiratoire humain et nuit à la végétation. Ces dix dernières années, dans notre région, sa présence a augmenté de 4%. "Les composés gazeux à l'origine de la formation de l'ozone ont tendance à diminuer. Pour autant, l'ozone augmente parce que les conditions d'ensoleillement, elles, s'intensifient."
Comment atténuer les effets sur sa santé ?
Quelles solutions concrètes s'offrent alors aux Limousins, au quotidien, pour réduire les risques sanitaires ?
- Concernant la qualité de l'air, il est possible de suivre les indices Atmo sur la qualité de l’air et d'adapter ses activités en cas de pic d'ozone, par exemple.
- Quant aux inondations, les pompiers conseillent de s’informer sur les risques autour de son habitat et de respecter les alertes météo.
- Enfin, pour lutter contre les moustiques, les eaux stagnantes où se développent les larves peuvent être traquées. Quoi qu’il en soit, selon les experts du climat, la principale urgence reste de réduire massivement les émissions de gaz à effet de serre.